Trump évoque l'idée d'un changement de régime en Iran
L'attaque sans précédent ordonnée par la Maison Blanche contre trois installations nucléaires iraniennes ce week-end — menée à l'aide de bombardiers furtifs B-2 et de munitions antibunker jamais utilisées auparavant — marque un tournant dans près d'un demi-siècle d'hostilités entre Washington et la République islamique d'Iran.
Le président Donald Trump, qui s'est félicité de cette attaque qu'il a qualifiée de « forte et précise », affirme avoir infligé de graves dommages à l'infrastructure nucléaire iranienne, un objectif poursuivi depuis longtemps par les administrations américaines et israéliennes successives.
À la suite de cette opération, le président américain est allé plus loin et a même évoqué un possible changement de régime dans le pays perse. « Il n'est pas politiquement correct d'utiliser le terme « changement de régime », mais si le régime iranien actuel est incapable de rendre à l'Iran sa grandeur, pourquoi n'y aurait-il pas de changement de régime ? », a-t-il publié sur les réseaux sociaux.
Le président rouvre ainsi l'un des plus grands tabous de la diplomatie américaine depuis la chute du Shah en 1979 : l'intervention directe pour renverser le leadership des ayatollahs. Bien que son vice-président, J.D. Vance, ait tenté de calmer les esprits en assurant que Washington ne cherche ni la guerre ni un changement de gouvernement forcé, Trump lui-même s'est chargé de dynamiter ce discours.
Les frappes aériennes, lancées depuis le Missouri et exécutées à l'aide d'une technologie furtive de pointe, ont démontré la puissance militaire des États-Unis, même au milieu du chaos politique qui caractérise l'administration Trump au Pentagone. Selon les analystes, l'opération visait à contraindre Téhéran à négocier la réduction de sa capacité d'enrichissement d'uranium.
Toutefois, les experts en sécurité nucléaire et les diplomates de haut rang avertissent qu'il est peu probable que l'humiliation subie incite Téhéran à conclure un accord. Au contraire, cela pourrait durcir la position du régime, alimenter le discours anti-américain à l'intérieur du pays, voire conduire à des attaques contre des bases militaires dans la région par l'intermédiaire de milices alliées.
Un régime affaibli
Cette attaque survient à un moment politiquement délicat pour le régime iranien. La direction traverse une phase de transition alors que l'ayatollah Ali Khamenei, au pouvoir depuis 1989, est en fin de mandat. À cela s'ajoute la pression d'Israël, qui démantèle depuis des mois les réseaux de milices pro-iraniennes à Gaza et au Liban.
Mais plusieurs analystes avertissent qu'un effondrement du régime ne garantirait pas l'arrivée d'un leadership modéré, comme le souhaitent Washington et Jérusalem, ainsi que les Iraniens de la diaspora. Au contraire, cela pourrait déclencher des luttes de pouvoir internes, une répression accrue des dissidents et l'émergence de factions plus radicales. En outre, la chute d'un État aussi grand et complexe que l'Iran pourrait déstabiliser toute la région, reproduisant à plus grande échelle le chaos qui a suivi l'invasion de l'Irak.
L'Iran riposte en attaquant Israël
Alors que Trump célèbre l'opération, la région connaît une dangereuse spirale de représailles. Après les bombardements américains, l'Iran a intensifié ses attaques contre Israël. Après l'offensive du week-end, des sirènes anti-aériennes ont retenti lundi dans plusieurs régions du nord, du centre et du sud d'Israël après le lancement de missiles iraniens, confirmé par les Forces de défense israéliennes (FDI).
De leur côté, des drones israéliens ont détruit 15 avions de combat et hélicoptères iraniens stationnés sur six aérodromes répartis dans l'ouest, l'est et le centre de l'Iran. En outre, une vingtaine de chasseurs israéliens ont largué plus de 30 munitions de précision sur des installations militaires, des dépôts de missiles et des systèmes radar, tant à Kermanshah qu'au cœur de Téhéran. L'offensive s'est poursuivie lundi matin avec de nouvelles attaques contre des bases de lancement de missiles à Kermanshah.
Cet échange de coups montre que les représailles iraniennes ne sont pas terminées et souligne le risque qu'un conflit ciblé se transforme en une guerre régionale ouverte. Téhéran conserve également la possibilité d'attaquer des bases militaires américaines au Moyen-Orient, d'interrompre le flux de pétrole dans le détroit stratégique d'Ormuz ou même de porter le conflit sur le territoire américain par des attentats.