Les manifestants ont scandé des slogans contre le parti islamiste modéré Ennahda

Les Tunisiens manifestent contre les violences policières

AFP/ FETHI BELAID - Un manifestant tunisien lève une cage à drapeau lors d'une manifestation anti-gouvernementale sur l'avenue Habib Bourguiba dans la capitale, Tunis

La Tunisie a été le premier pays qui a décidé de s'élever contre la tyrannie d'un régime autoritaire, et est devenue par la suite un modèle pour de nombreux autres peuples fatigués de la répression, du manque de libertés et des faibles perspectives économiques. Dix ans après ce que l'on a appelé la "révolution du jasmin", de nombreux Tunisiens, pour la plupart des jeunes, sont à nouveau descendus dans la rue pour protester contre la paralysie politique dont souffre le pays, ainsi que contre la situation économique.

Une nouvelle journée de protestation a secoué le pays, mais cette fois, et depuis le début des manifestations en Tunisie, les manifestants se sont mobilisés contre le nombre élevé d'arrestations et les violences policières, dénonçant les mauvais traitements infligés par les autorités. De même, les manifestants ont demandé l'abolition de la loi sur les stupéfiants, connue sous le nom de "loi 52", après que la justice ait condamné trois jeunes à trente ans de prison la semaine dernière pour possession et consommation de marijuana.

Ce dernier rassemblement a été appelé par un total de soixante-dix associations. Les manifestants se sont dirigés vers l'avenue Habib Bourguiba, le centre névralgique des protestations, qui se trouve à quelques mètres du ministère de l'Intérieur. En outre, lors des manifestations, l'anniversaire de l'assassinat en 2013 d'un éminent militant, Chokri Belaid, a été commémoré.

Chokri Belaid, est considéré comme l'une des grandes figures de l'opposition contre les islamistes d'Ennahda, alors au pouvoir, et qui ont été accusés de maintenir un discours violent contre lui faisant de lui une cible. Belaid a été tué il y a huit ans en plein jour alors qu'il quittait sa maison dans la capitale. Depuis lors, son procès a été reporté à plusieurs reprises et il est devenu une arme politique parmi ceux qui accusent et défendent l'implication du parti islamiste Ennahda. Sa mort a provoqué un grand bouleversement social et une profonde crise politique dans le pays, qui venait d'entamer le processus démocratique en 2011 et de mettre fin à 23 ans de dictature.

Contrairement aux marches précédentes, celle-ci a été soutenue par l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), l'organisation politique la plus puissante du pays, avec un million de membres. Samir Cheffi, un haut fonctionnaire de l'UGTT, a expliqué que la manifestation était nécessaire pour protéger les libertés. "Aujourd'hui, c'est un cri d'alarme pour défendre la révolution, pour protéger les libertés menacées", a-t-il déclaré.

Les manifestants ont scandé des slogans contre le parti islamiste modéré Ennahda, et ont répété le slogan du Printemps arabe : "le peuple veut la chute du régime". Ils ont également scandé des slogans destinés à la des slogans dirigés contre le président du parlement, Rached Ghannouchi, chef du parti au pouvoir, ont été répétés.

Pendant ce temps, la police a déployé plusieurs cordons autour du centre de la capitale, empêchant à la fois les voitures et les piétons d'accéder aux rues autour de l'avenue Habib Bourguiba, où des milliers de personnes se sont rassemblées, a confirmé un témoin de Reuters.