Pour les infractions de terrorisme 

La Turquie condamne les patrons de journaux pro-kurdes à six ans de prison 

PHOTO/OZAN KOSE - Photo d'archive, des manifestants tiennent des pancartes sur lesquelles on peut lire "Le journalisme est l'assurance de la démocratie" et "Si un journaliste est arrêté, aucune nouvelle ne sera connue" à Istanbul le 9 septembre 2020.

Une haute cour d'Istanbul a condamné lundi à six ans et quatre mois de prison, pour des délits de terrorisme, trois dirigeants du quotidien de gauche pro-kurde Özgür Gündem, fermé par ordonnance judiciaire en août 2016, rapporte le journal BirGün.  

Il s'agit de l'éminent avocat des droits de l'homme Eren Keskin, du rédacteur en chef du journal Inan Kizilkaya et de l'éditeur Kemal Sancili, condamnés pour "propagande terroriste", "tentative de violation de l'unité de l'État" et appartenance à une "organisation armée".  

Une autre rédactrice en chef du journal, Zana Kaya, a été condamnée à deux ans et un mois de prison pour "propagande terroriste".  

"Je suis dans les mouvements des droits de l'homme depuis 30 ans. J'ai été jugé à plusieurs reprises et j'ai été en prison pour ma façon de penser. Mais pour la première fois, je suis considéré comme un "membre d'une organisation armée"", a tweeté Keskin. "J'ai reçu une peine de six ans, mais je ne vais nulle part. Je suis là", a-t-elle ajouté.

La militante a été condamnée en 2018 à sept ans de prison pour "offenses contre le président" et "outrage à la République" suite à des articles publiés dans Özgür Gündem sous sa direction.  

Avant la fermeture d'Özgür Gündem pour ses liens présumés avec la guérilla kurde du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), le journal a été la cible de plusieurs descentes de police au sein de son personnel, avec plus de 20 arrestations.  

Reporters sans frontières (RSF) et Amnesty International ont critiqué à plusieurs reprises le gouvernement turc pour avoir criminalisé les journalistes et les militants d'Özgür Gündem.  

En 2019, le représentant de RSF en Turquie, Erol Önderoglu, a également été poursuivi "pour propagande en faveur d'une organisation terroriste" parce qu'il a participé à une campagne de soutien au quotidien pro-kurde.