La Turquie et les États-Unis signent un accord pour la vente d'avions de combat F-16

L'avion de combat General Dynamics F-16 sur la piste lors de l'exposition statique au Salon international de l'aéronautique et de l'espace de Paris à l'aéroport du Bourget - PHOTO/Nicolas Economou/NurPhoto/NurPhoto via AFP
D'une valeur de 23 milliards de dollars

La Turquie et les États-Unis ont signé un contrat pour la vente d'avions de combat F-16 suite à l'approbation de Washington après plusieurs mois de négociations, ont indiqué des sources du ministère turc de la Défense.

"Le contrat a été signé et les délégations des deux parties négocient les détails", ont déclaré les sources du ministère, comme l'ont rapporté l'AFP et Reuters.

En vertu de cet accord, la Turquie recevra 40 nouveaux avions de combat F-16 et bénéficiera de la modernisation de 79 appareils de sa flotte existante.

L'exécutif américain a donné son feu vert à la vente d'avions de combat F-16 à la Turquie pour un montant de 23 milliards de dollars fin janvier, quelques jours seulement après qu'Ankara a ratifié l'adhésion de la Suède à l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN). Les États-Unis ont attendu que les instruments de ratification par la Turquie de l'adhésion de la Suède à l'Alliance de l'Atlantique Nord soient physiquement déposés à Washington.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a bloqué pendant de longs mois l'entrée de la Suède dans l'OTAN en raison du rapprochement de la Suède avec les opposants kurdes considérés comme terroristes par le régime turc, avait également conditionné l'adhésion de la Suède à l'approbation "simultanée" par les Etats-Unis de la vente d'avions de combat F-16 à son pays. Rappelons dans ce cas que pour qu'un pays adhère à l'OTAN, il faut l'unanimité de tous les membres de l'OTAN, et dans le cas de la Suède, l'approbation d'Ankara faisait défaut. 

Le président turc Recep Tayyip Erdogan - PHOTO/FILE

Preuve de cette bonne entente, le président Recep Tayyip Erdogan a prévu de se rendre à Washington en juillet pour assister à un sommet de l'OTAN, une entité dans laquelle la Turquie a un poids important en raison de la taille de l'armée turque, ce qui lui confère une grande valeur au sein de l'Alliance atlantique. Le mois dernier, le dirigeant turc devait rencontrer le président américain Joe Biden pour ce qui aurait été sa première rencontre à la Maison Blanche, mais les entretiens ont été reportés en raison de problèmes de calendrier. 

Le département d'État américain a salué l'accord sur les réseaux sociaux comme "un grand pas en avant" dans l'acquisition par la Turquie d'avions de combat avancés. Le département a lui-même souligné l'importance de la vente des "F-16 les plus avancés disponibles uniquement pour les alliés et partenaires les plus proches".

La vente de ces F-16 souligne la bonne entente entre les Etats-Unis et la Turquie dans le domaine de la sécurité et de la défense, puisque, comme le rappelle le Département d'Etat américain, ces avions ne sont réservés qu'aux alliés les plus proches. 

Conformément à la procédure légale, le département d'État a notifié l'accord au Congrès en janvier, en même temps qu'une vente séparée de 40 avions de combat F-35 à la Grèce pour 8,6 milliards de dollars, bien que l'accord sur les F-16 n'ait pas été approuvé avant que Washington ne confirme que la Turquie autorise la Suède à adhérer à l'OTAN. 

Le logo de l'OTAN est vu lors d'une réunion du Conseil de l'Atlantique Nord à la session des ministres de la Défense de l'OTAN avec la Suède comme invitée, au siège de l'OTAN à Bruxelles, Belgique, le 15 février 2024 - REUTERS/JOHANNA GERON

Le parlement turc a ratifié l'adhésion de la Suède en janvier, après plus d'un an de retards dus à des affrontements politiques entre Ankara et Stockholm. 

En avril 2021, les États-Unis ont exclu la Turquie du programme d'avions F-35, plus avancé que le F-16, parce qu'elle avait acheté des systèmes de défense aérienne S-400 à la Russie et qu'il était inacceptable pour un membre de l'Alliance atlantique comme la Turquie d'avoir des contacts militaires et de défense étroits avec le régime russe. Plus tard dans l'année, Erdogan a indiqué que les États-Unis avaient proposé à la Turquie d'acheter des avions F-16, qui sont moins avancés que les F-35. Toutefois, cet accord nécessitait l'approbation du Congrès américain et s'est heurté à une forte opposition de la part de nombreux législateurs.

L'objection était principalement liée à la position de la Turquie sur la candidature de la Suède à l'OTAN.

Avion américain F-16 Viper - Depositphotos

La Turquie reste très pertinente au sein de l'Alliance atlantique en raison de la taille de son armée et est également une nation clé en raison de sa situation géopolitique entre l'Europe et le Moyen-Orient, ce qui lui confère un rôle très important en tant que médiateur dans divers conflits, ainsi que son rôle important dans le contrôle des flux migratoires, en particulier de diverses nationalités telles que les Syriens. 

D'autre part, la Turquie a également modéré sa position ces dernières années, s'éloignant de son approche de partenaires dangereux tels que la Russie et l'Iran et baissant le ton de son oppression de l'opposition interne du pays. Ce scénario a conduit le pays ottoman à se rapprocher de l'Occident, ce qui lui convient parfaitement étant donné la nécessité de conclure davantage d'accords économiques et commerciaux pour sortir de la crise dans laquelle le pays est plongé et qui nécessite des revenus et des investissements importants en provenance de l'étranger.