Une délégation de talibans en Suisse pour discuter de questions humanitaires
L'ONG suisse Appel de Genève a invité une délégation du mouvement taliban, qui est sanctionné par les Nations unies pour ses activités terroristes, dans la ville suisse de Genève pour discuter de questions humanitaires. L'ONG affirme être la seule organisation qui se consacre uniquement à la promotion d'un changement de comportement des groupes armés envers les civils, ainsi qu'à la promotion du droit humanitaire international. Selon l'agence de presse suisse ATS Keystone, la délégation afghane est dirigée par le mufti Latifullah Hakimi, haut fonctionnaire du ministère de la défense et chef de la commission du mouvement pour l'identification des abus.
Les talibans sont dans le pays depuis dimanche dernier, dans le but de s'entretenir avec des responsables suisses et des ONG, selon l'ordre du jour établi des pourparlers. La présence de la délégation dans le pays européen a été avalisée par le Département fédéral des affaires étrangères. "Le ministère des Affaires étrangères confirme qu'une délégation de talibans se trouve à Genève à l'invitation d'une ONG qui cherche à améliorer le respect des normes et principes humanitaires", a déclaré Eliza Raggi, porte-parole du ministère. En plus des pourparlers, selon des sources officielles suisses, les Talibans recevront une formation sur le respect des normes et principes humanitaires.
Le département suisse a également précisé que les rencontres auront lieu dans un lieu "confidentiel" et qu'il s'agira de réunions privées, où le gouvernement n'est pas le principal "organisateur" de la visite du pays asiatique, ainsi que sa position sur la non-reconnaissance ou la légitimation des talibans en tant que dirigeants de l'Afghanistan, "leur présence en Suisse n'équivaut pas à une légitimation ou à une reconnaissance des talibans". Toutefois, une réunion entre la délégation des talibans et le ministère lui-même est prévue dans le courant de la semaine, a révélé Raggi. Les talibans s'entretiendront donc avec des membres de diverses ONG telles que l'Appel de Genève et la Croix-Rouge, ainsi qu'avec des représentants du ministère suisse des Affaires étrangères.
La porte-parole du ministère des Affaires étrangères a déclaré que la délégation "discutera de l'accès humanitaire aux populations dans le besoin, de la protection des acteurs humanitaires et du respect des droits de l'homme". En mettant davantage l'accent sur les droits des femmes et des minorités, ainsi que sur la protection des enfants dans les situations de conflit armé et la gestion des terres contaminées par des mines. L'Afghanistan est l'un des pays qui compte le plus grand nombre de mines terrestres au monde et le plus grand nombre de personnes tuées ou mutilées par des mines terrestres.
Cette visite des talibans n'est pas la première. Fin janvier, une autre délégation de talibans était présente à Oslo pour des réunions diplomatiques, mais cette fois-ci, ils étaient invités par le gouvernement norvégien. Au cours de cette visite, un certain nombre de questions ont été abordées, telles que la crise alimentaire dans le pays et la situation vulnérable des droits de l'homme. L'Afghanistan se trouve dans une situation très fragile et instable en raison des conflits armés, des conditions climatiques extrêmes et des problèmes causés par la pandémie de coronavirus. "Aujourd'hui, 23 millions d'Afghans sont menacés de malnutrition, et la grande majorité d'entre eux vivent sous le seuil de pauvreté", selon les chiffres de l'ONU.
Depuis la chute du président Ashraf Ghani le 15 août, le mouvement taliban a pris le pouvoir après deux décennies de conflit armé avec le gouvernement, soutenu par les États-Unis et d'autres alliés de l'OTAN, qui a plongé le pays dans le chaos. Début septembre, les talibans ont mis en place un gouvernement provisoire, dont la moitié des membres figurent sur la liste des sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies.