Le Venezuela accueille cinq navires iraniens « proches d’arriver » avec de l'essence
Le vice-président économique du Venezuela, Tareck el Aissami, a accueilli ce samedi cinq navires iraniens qui apportent de l'essence au pays sud-américain, un bien rare depuis des semaines, tout en précisant que les navires sont encore « proches d'arriver » dans les ports des Caraïbes.
« Nous accueillons les navires de la République islamique d'Iran qui sont sur le point d'arriver dans les ports de notre pays », a écrit El Aissami sur son compte Twitter, où il considère également que cette coopération énergétique « vise au développement intégral » des deux pays. La « coopération énergétique entre l'Iran et le Venezuela est basée sur l'échange scientifique et le développement productif de l'industrie des hydrocarbures, en plus de l'expérience qui nous unit en tant que pays de l'OPEP. Merci, nos frères », a ajouté le ministre vénézuélien du pétrole.
La chaîne publique VTV a indiqué précédemment que l'arrivée de ces navires dans les eaux vénézuéliennes est prévue pour 23h00 GMT, puis qu'ils navigueront pendant quatre jours à travers le pays jusqu'à ce qu'ils déchargent tout le carburant qu'ils apportent.
Une fois que les navires auront franchi la frontière maritime de Trinidad et Tobago vers le Venezuela, dans les prochaines heures, ils seront escortés par la Force armée nationale bolivarienne (FANB), comme l'a annoncé cette semaine le ministre de la défense Vladimir Padrino. « Tous ces navires, lorsqu'ils entreront dans notre zone économique exclusive, seront escortés par des navires, bateaux et avions des FANB », a annoncé le chef militaire jeudi dernier.
Pour sa part, le numéro deux de l'institution militaire, Remigio Ceballos, a déclaré ce samedi sur Twitter que le Venezuela « apprécie la solidarité de l'Iran (…) pour aider le pays avec une aide qui se matérialise dans des navires avec du carburant, escortés par notre Marine et notre Aviation bolivarienne ».
Dans une lettre, l'ambassadeur du Venezuela auprès des Nations unies, Samuel Moncada, souligne la « menace d'utilisation de la force militaire » par Washington contre les cinq navires iraniens qui se dirigent vers ce pays d'Amérique latine. Sa lettre, qu'il a rendue publique par le biais des réseaux sociaux, s'ajoute à une lettre similaire envoyée à l'ONU par l'Iran la semaine dernière, dans laquelle le gouvernement de Téhéran souligne qu'il se réserve le droit d'adopter « les mesures appropriées et nécessaires » contre les menaces d'entrave à son transport de carburant vers le Venezuela.
Moncada fait référence à plusieurs rapports des médias américains sur la réaction possible du gouvernement de Donald Trump à la livraison d'essence iranienne au Venezuela, bien que ces mêmes rapports indiquent que Washington est enclin à répondre par davantage de sanctions et non par la force.
Malgré cela, le diplomate souligne que « si les provocations et les menaces des États-Unis se concrétisaient de quelque manière que ce soit, une telle action constituerait non seulement une agression militaire armée contre un navire marchand battant pavillon iranien et contre le peuple vénézuélien dans son ensemble », mais dans la situation actuelle de pandémie « cela équivaudrait à un crime contre l'humanité ».
Dans cette lettre, M. Moncada rappelle la présence de navires de la marine américaine dans les Caraïbes, déployés dans le cadre d'une opération contre le trafic de drogue, qu'il considère comme un « prétexte » et une menace pour l'imposition d'un « blocus naval » contre son pays. Le message est adressé à la fois au Secrétaire général des Nations unies, António Guterres, et au Conseil de sécurité, qui a traité cette semaine la crise vénézuélienne à la demande de la Russie, après l'opération ratée qui a tenté au début du mois de retirer Maduro du pouvoir.
Entre-temps, le président iranien Hassan Rohani a averti ce samedi que les États-Unis pourraient avoir des problèmes si les pétroliers iraniens subissent des contretemps dans les Caraïbes à cause de lui.
« Si nos pétroliers dans les Caraïbes ou ailleurs dans le monde ont des problèmes à cause des Américains, ils en auront aussi à leur tour », a déclaré M. Rohani lors d'une conversation téléphonique avec l'émir du Qatar, Tamim bin Hamad al-Thani, selon le site officiel de la présidence iranienne.
« Nous espérons que les Américains ne se trompent pas », a souligné M. Rohani, après avoir assuré que Téhéran n'initiera aucun conflit, mais qu'il se réserve « le droit légitime de défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale et ses intérêts nationaux », tout en rappelant l'importance de la sécurité dans la région. Pour sa part, M. Al-Thani a souligné que le Qatar est opposé à toute escalade de la situation et a assuré : « Nous ferons tout notre possible pour réduire les tensions ».
L'Iran et le Venezuela entretiennent une relation très étroite depuis l'époque du défunt président Hugo Chávez (1999-2013), basée sur l'opposition aux États-Unis, qui maintient les deux pays sous sanctions.
Le Venezuela connaît une baisse de la production de pétrole et de produits pétroliers en raison de problèmes qui ont paralysé plusieurs de ses raffineries, touchées par les sanctions et le manque d'investissements. Le secteur énergétique iranien est également fortement affaibli par les sanctions imposées en 2018 par les États-Unis, qui interdisent l'exportation de pétrole brut depuis l'Iran.