La visite de la ministre française de la Culture en Algérie suscite l'indignation de l'Algérie

Rachida Dati, ministre française de la Culture avec Mohamed Mehdi Bensaid, ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication lors de sa visite dans les villes marocaines de Tarfaya, Dakhla et Laayoune - PHOTO/ @datirachida
Cette démarche témoigne clairement de la volonté de Paris de renforcer son partenariat stratégique avec Rabat
  1. « Le Maroc n'a pas attendu la France pour développer ses provinces du sud »
  2. Paris a l'intention de renforcer son partenariat stratégique avec Rabat
  3. L'Algérie vise le développement du Sahara occidental

L'harmonisation des relations bilatérales entre Paris et Rabat est un fait accompli. Depuis que le gouvernement d'Emmanuel Macron a reconnu le 30 juillet dernier la marocanité du Sahara occidental dans le cadre du plan d'autonomie proposé par le roi du Maroc, Mohammed VI, en 2007, les actes et les cérémonies entre les diplomates des deux pays sont constants.

Rachida Dati, ministre française de la Culture, aux côtés de Mohamed Mehdi Bensaid, ministre marocain de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, lors de leur visite dans les villes marocaines de Tarfaya, Dakhla et Laayoune - PHOTO/ @datirachida

Cependant, la visite de la ministre française de la Culture, Rachida Dati, dans les villes sahariennes de Dakhla, Laayoune et Tarfaya a beaucoup dérangé le gouvernement algérien, déclenchant la colère des autorités algériennes, qui ont décrit la visite comme une provocation à laquelle elles ont fermement opposé leur refus.  

Une colère que le ministère algérien des Affaires étrangères a manifestée en publiant un communiqué officiel sur ses réseaux sociaux dans lequel il affirme que « la visite d'un membre du gouvernement français en Sahara occidental est une affaire très grave, qui exige une condamnation et une dénonciation à plus d'un niveau, car elle reflète un mépris flagrant de la légitimité internationale de la part d'un pays membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies ».

« Le Maroc n'a pas attendu la France pour développer ses provinces du sud »

Le développement des principales villes sahariennes du Maroc a surpris la ministre française de la Culture.

Dans ses premières déclarations, elle a confirmé sa surprise face au niveau de développement de la région, la possibilité de s'assurer de ces progrès puisqu'ils sont visibles, que ce soit en termes d'infrastructures ou d'équipements publics et culturels ; et en arrivant à la conclusion que le Maroc n'a pas eu besoin du soutien de la France pour le développement culturel et éducatif de son pays.

La ministre française de la Culture, Rachida Dati, accompagnée de Mohamed Mehdi Bensaid, ministre marocain de la Culture, de la Jeunesse et de la Communication - PHOTO/@datirachida

La France et le Maroc possèdent tous deux une riche histoire archéologique et patrimoniale qui a inspiré des générations de chercheurs. « Le développement dans le Sahara marocain couvre plusieurs secteurs, de l'énergie et l'économie aux projets d'énergies renouvelables, en passant par l'agriculture et la pêche maritime, ce qui en fait des régions prospères et pleines de potentiel », a déclaré Rachida Dati.

Au cours de sa visite, Rachida Dati a visionné un long métrage intitulé « Réflexion », dont la ministre a affirmé qu'il reflétait le développement des liens profonds qui unissent la France au Maroc, et aux régions du sud en particulier.

Enfin, lors d'une brève conférence de presse, la ministre et Mohamed Mehdi Bensaid, ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, ont confirmé que les plans bilatéraux de soutien au développement de la région doivent inclure une base de population qui crée la nécessité d'ouvrir des consulats.

Rachida Dati, ministre française de la Culture, aux côtés de Mohamed Mehdi Bensaid, ministre marocain de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, lors de leur visite des villes marocaines de Tarfaya, Dakhla et Laayoune - PHOTO/ @datirachida

Paris a l'intention de renforcer son partenariat stratégique avec Rabat

Le domaine culturel est l'un des piliers de l'association franco-marocaine. Rachida Dati a profité de l'occasion pour souligner que l'avancée des relations « oblige les Français, et en particulier ceux qui s'intéressent au Maroc, à soutenir les efforts déployés par le gouvernement marocain ». C'est dans ce contexte que les diplomates marocains et français ont signé plus de 40 accords.  

L'un des plus importants a été l'Institut national d'archéologie et du patrimoine (INSAP) et l'Institut national de recherche archéologique préventive (INRAP), qui contribueront à renforcer la coopération en matière d'archéologie préventive, de recherche et d'enseignement.

La nécropole de Chellah est un ancien complexe romain, médiéval et nécropole, situé sur le site de l'ancienne ville de Salé, à 2 km du centre-ville et à proximité de Rabat, au Maroc - PHOTO/ @datirachida

À cette fin, il a été convenu de mettre en place un projet de recherche sur quatre sites emblématiques marocains du ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication et du Centre des monuments nationaux (CMN) afin de les promouvoir. Cela renforcera la collaboration éducative en formant 15 nouveaux architectes marocains qui obtiendront leur diplôme à l'École de Chaillot et à l'École d'architecture de Rabat.

En ce qui concerne le développement de l'éducation, la ministre a confirmé que, dans les années à venir, la signature d'accords contribuera à la mise en place d'examens de baccalauréat dans les principales villes de la région, ce qui constituera un « signal important de rapprochement entre les deux pays ». Mme Dati a indiqué que la présence d'entreprises françaises dans la région favorisera l'arrivée d'étudiants français dans les villes de Dakhla et de Laayoune.

L'Algérie vise le développement du Sahara occidental

Selon Mohamed Salem Abdel Fattah, responsable de l'Observatoire sahraoui des médias et des droits de l'homme, la publication du communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères « expose l'implication du régime algérien dans ce conflit fabriqué, puisqu'il est une partie intéressée importante, et révèle l'échec du projet séparatiste qui est devenu obsolète et l'échec de toutes les cartes de pression que le Polisario avait en main ».

Ces déclarations positionnent l'Algérie comme un acteur clé dans le conflit, ce qui freinerait les efforts de la communauté internationale, car elles ne correspondent pas aux appels répétés du Secrétaire général des Nations unies et du Conseil de sécurité sur la nécessité d'une véritable participation aux tables de dialogue.