Centenario de la Gran Mezquita de París, nuevo desencuentro entre Marruecos y Francia
La Grande Mosquée de Paris a 100 ans. Le temple, construit par le Maroc, a été érigé en hommage aux musulmans qui ont combattu dans l'armée française pendant la Première Guerre mondiale. Selon les données du ministère de la Défense recueillies par l'AFP, quelque 70 000 soldats musulmans sont morts pendant la guerre.
Comme le rappelle l'historien marocain Jilali El Adnani, le 22 octobre 1922, le sultan Moulay Youssef - accompagné du président français de l'époque, Gaston Doumergue, et de plusieurs dignitaires marocains et français - a posé la première pierre de la mosquée.
Par la suite, après son inauguration en juillet 1926, l'historien - cité par Le360 - explique que pendant une période de près de 32 ans, le temple a été dirigé par les Marocains Kaddour Benghabrit - d'origine algérienne mais naturalisé marocain - et Ahmed Benghabrit. Sous la direction de Kaddour Benghabrit et pendant l'occupation nazie de la France, la mosquée a servi de refuge aux partisans et aux juifs, qui ont reçu des documents les identifiant comme musulmans.
Cependant, El Adnani note également qu'il y a eu des tentatives pour "effacer l'empreinte marocaine" de la mosquée par les autorités françaises en faveur de l'Algérie, notamment pendant le mandat de l'ancien président François Mitterrand, qui considérait la mosquée comme un "haut lieu du nationalisme marocain".
Pour cette raison, la France a soutenu l'élection d'un recteur algérien à la tête de la mosquée. Le Premier ministre français Guy Mollet a nommé le franco-algérien Hamza Boubacar comme imam de la mosquée de 1957 à 1982, une période qui, selon Al-Arab, a "marqué un tournant" pour la mosquée. Au cours de ces années, des efforts ont été déployés pour changer l'"identité" de la mosquée et éliminer ses liens avec le Maroc. D'autre part, depuis 2015, l'Algérie développe des mesures visant à placer la mosquée de Paris sous la supervision exclusive du ministère des Affaires religieuses.
Cependant, comme le souligne El Adnani, l'histoire est "inaliénable". "Cette mosquée fait partie de la culture marocaine, dont les traces resteront gravées à jamais", dit-il. Afin de "mettre fin à la désinformation et de rétablir la vérité", l'historien précise qu'il possède un certain nombre de documents authentiques, notamment des lettres et des photos. "Cette mosquée est une œuvre marocaine, c'est son ADN", ajoute-t-il.
Malgré les preuves historiques, le gouvernement français actuel continue d'attribuer l'origine et la construction de la mosquée à l'Algérie, note Al-Arab. Le quotidien arabe - qui s'appuie sur des analystes - suggère que, par cette prise de position, le président Emmanuel Macron tente d'établir une relation solide avec Alger en pleine crise énergétique qui ravage l'Europe, dans laquelle le pays d'Afrique du Nord pourrait devenir un acteur clé.
Depuis des mois, on parle d'une "crise silencieuse" entre la France et le Maroc. Ce clivage s'intensifie alors que Paris tente de se rapprocher d'Alger pour défendre ses propres intérêts.
La cérémonie franco-algérienne prévue ce jour est l'un des derniers événements démontrant l'intérêt de Paris pour un rapprochement avec l'Algérie, mais ce n'est pas le seul. Récemment, la chaîne de télévision française CNEWS a annulé à la dernière minute une interview prévue avec Ferhat Mehenni, président du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK) et dissident politique algérien. Les analystes préviennent qu'Alger pourrait utiliser le gaz comme une "arme" pour faire pression sur l'Europe et faire taire l'opposition politique exilée sur le continent.