Le manque de précipitations tue les cultures et le bétail, ce qui a une incidence directe sur les pénuries alimentaires dans la région

La sécheresse dans la Corne de l'Afrique menace la vie de 20 millions de personnes

AFP/EDUARDO SOTERAS - Des millions de personnes en Somalie sont menacées de famine, les jeunes enfants étant les plus vulnérables à l'aggravation de la sécheresse dans ce pays de la Corne de l'Afrique,

La Corne de l'Afrique connaît l'une des pires sécheresses depuis des décennies. Du sud de l'Éthiopie au nord du Kenya, la région souffre d'une sécheresse qui détruit les cultures et le bétail, menaçant des millions de vies. 

Les organisations humanitaires signalent que 20 millions de personnes risquent de mourir de faim en raison de la pénurie d'eau. De nombreuses familles ont été contraintes d'abandonner leurs maisons en raison du manque de récoltes et d'eau, ce qui a donné lieu à plusieurs affrontements entre différentes tribus et communautés. 

La situation n'est pas très encourageante. En témoignent les prévisions météorologiques qui indiquent une absence marquée de pluie dans les prochains jours. Dans ces pays, où la population dépend presque totalement de l'élevage et de l'agriculture, les trois derniers hivers ont connu très peu de précipitations, coïncidant d'ailleurs avec l'invasion de criquets entre 2019 et 2021, qui ont anéanti les cultures de la région.

En avril, le Programme alimentaire mondial a indiqué qu'un mois après le début de la saison des pluies, il était probable que "le nombre de personnes souffrant de la faim en raison de la sécheresse passe de l'estimation actuelle de 14 millions de personnes à 20 millions d'ici 2022".

En Somalie, près de six millions de personnes, soit 40 % de la population, sont confrontées à d'importants scénarios d'"insécurité alimentaire aiguë", un contexte identique à celui que connaissent actuellement quelque 3,5 millions de personnes au Kenya.  

Selon le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), cette situation a provoqué le déplacement de "près d'un million de personnes de leurs foyers dans la région en raison du manque d'eau et de pâturages". Ils soulignent également qu'"au moins trois millions de têtes de bétail sont mortes".

Selon les représentants du Programme alimentaire mondial (PAM), il est nécessaire "d'agir maintenant si nous voulons éviter une catastrophe humanitaire". Cette situation désastreuse a encore été aggravée par le conflit ukrainien. Dans ce sens, l'ONU a déclaré que l'invasion russe a contribué à "l'augmentation des prix des denrées alimentaires et du pétrole" ainsi qu'à "la perturbation des chaînes d'approvisionnement".

La directrice générale du Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF), Catherine Russell, a dénoncé le fait que dix millions d'enfants à Djibouti, en Éthiopie, en Somalie et au Kenya ont besoin d'une "assistance de base". Dans une déclaration publiée après une visite en Éthiopie, l'organisation a indiqué que le manque d'eau potable "augmente le risque de maladie chez les enfants", tandis que des centaines de milliers d'enfants ont dû quitter l'école pour aller chercher de l'eau et de la nourriture dans d'autres villages de la région.

En 2017, un important programme alimentaire approuvé par différentes organisations a permis d'éviter une famine en Somalie après que 26 000 personnes soient mortes au cours de la seule année 2011, dont la moitié étaient des enfants de moins de six ans, en raison de maladies et de malnutrition dues au manque d'eau. 

D'autre part, cette sécheresse n'affecte pas seulement les personnes. Au Kenya, les animaux sauvages sont gravement menacés. Des rapports font état de la mort significative de plusieurs animaux, dont des girafes et des antilopes. Les animaux quitteraient également leurs habitats naturels à la recherche de nourriture et d'eau.

Face à cette situation catastrophique, les demandes d'aide des pays qui composent la Corne de l'Afrique ont augmenté. Le Programme alimentaire mondial a lancé un appel urgent pour collecter 327 millions de dollars d'aide afin de répondre aux "besoins urgents" de 4,5 millions de personnes au cours des six prochains mois. Cet argent serait également utilisé pour aider les communautés à devenir plus résilientes aux impacts climatiques.

À cet égard, la Somalie reste l'un des pays les plus vulnérables aux aléas climatiques. Dans cette région, la famine a tué des dizaines de milliers de personnes et déplacé 1,5 million de Somaliens. En outre, 800 000 personnes ont été contraintes de migrer vers les pays voisins, qui sont également menacés par la sécheresse.

Le pays, qui abrite quelque 15 millions de personnes, souffre de sécheresses quasi permanentes et, à la saison des pluies, d'inondations. Cette situation affecte les moyens de subsistance de la population. La Banque africaine de développement estime que la famine actuelle dans la Corne de l'Afrique est en partie due à "l'échec collectif à mettre fin à la guerre en Somalie".

Ils ont souligné que, outre la faiblesse des précipitations, la crise en Somalie "est due à notre incapacité collective à mettre fin à la guerre civile en Somalie".