L'Algérie poursuit la persécution de la communauté Ahmadiyya
La communauté musulmane Ahmadiyya d'Espagne, située dans la ville de Pedro Abad à Cordoue, dénonce la campagne de persécution continue contre les Ahmadis en territoire algérien.
Arrestations arbitraires, amendes, licenciements, démolitions de centres religieux, restrictions de mouvement et menaces graves sont le quotidien de cette communauté religieuse en Algérie.
Le nombre d'ahmadis en attente de jugement est actuellement de 292 et deux sont en prison, bien qu'un total de 26 aient été emprisonnés dans le passé entre deux et sept mois. Les amendes vont de 125 à 1 870 euros, tandis que les peines d'emprisonnement peuvent aller de deux mois à deux ans. En ce qui concerne la liberté de circulation, sept personnes se sont vu confisquer leur passeport.
Les ahmadis ont également vu leurs croyances religieuses devenir un obstacle dans le domaine de l'emploi, avec 15 cas de personnes licenciées pour leur appartenance à la communauté.
La longue liste d'accusations que les autorités font peser sur les membres de la communauté comprend : collecte de fonds sans licence, infractions contre le Messager, profanation du Coran, exercice sans licence de la fonction d'imam et distribution de documents destinés à porter atteinte à la foi des musulmans.
Cette branche réformiste de l'Islam a été fondée par Mirza Ghulam en Inde à la fin du XIXe siècle et est arrivée en Algérie en 2007, bien qu'elle ait été pratiquement inconnue jusqu'en 2016, lorsque les autorités du pays ont commencé à persécuter ses membres.
En Algérie, l'Islam est la religion officielle de l'État et la branche sunnite-malik est dominante. En théorie, la Constitution garantit la liberté de culte, bien que l'État se réserve l'approbation de la construction du lieu de culte et du prédicateur.
En mai 2016, le président de la communauté de la ville de Biskra, Hassan Bouras, a été arrêté, licencié et placé sous contrôle judiciaire, suite à une plainte du directeur des affaires religieuses de la ville. Finalement, le juge l'a condamné à six mois de prison. Ce fut le point de départ de la persécution de cette communauté religieuse dans le pays d'Afrique du Nord, tant envers les responsables de l'organisation que les fidèles.
Le 2 juin 2016, la gendarmerie nationale a attaqué un bâtiment appartenant à la communauté ahmadie et l'a démoli au motif qu'il avait été construit illégalement, alors que la loi algérienne prévoit que le contrevenant doit d'abord être invité à se conformer aux directives et que ce n'est que s'il refuse que le bâtiment sera démoli.
Le 28 août de la même année, le leader ahmadi en Algérie, Mohamed Fali, un commerçant de 44 ans, a été arrêté, son domicile dans la ville d'Ain Sefra a été perquisitionné et son passeport confisqué par les autorités algériennes. Il a été accusé de "collecte de dons sans licence" et de "dénigrement du dogme islamique".
La persécution de la communauté ahmadie ne se limite nullement au territoire algérien. Dans d'autres pays comme l'Arabie Saoudite, ils sont également considérés comme des hérétiques, arrêtés et détenus arbitrairement.
Ils sont également condamnés à l'ostracisme social, comme c'est le cas d'Abderrahman, un commerçant algérien de 42 ans, qui a abandonné le salafisme comme branche intolérante pour se tourner vers l'ahmadisme. Il a été dénoncé à l'imam local qui l'a publiquement accusé d'apostasie et a interdit aux fidèles de jouer avec les enfants d'Abderrahman et ceux de la communauté Ahmadiyya en général. De plus, le fiancé de sa sœur a décidé de rompre les fiançailles lorsqu'il a appris la nouvelle.
Au Pakistan, la persécution prend une tournure plus violente, avec de multiples assassinats de membres de la communauté au cours des derniers mois. Amnesty International et Human Rights Watch dénoncent depuis des mois l'impunité de ces crimes en raison de la passivité, voire de la complicité, des autorités, qui ont parfois encouragé la persécution des ahmadis.
La loi pakistanaise elle-même ne les reconnaît pas comme de "vrais" musulmans. Le code pénal leur interdit d'appeler leurs temples des mosquées, de vendre des textes et même de leur donner le salut typiquement musulman.