L'ONU achète un pétrolier pour éviter une catastrophe écologique au large des côtes du Yémen
Les Nations unies ont annoncé l'acquisition du pétrolier Safer, abandonné depuis des décennies au large des côtes du Yémen, afin de prévenir une éventuelle catastrophe naturelle dans la région. Le mauvais état du navire pourrait provoquer des fuites, ce qui déclencherait une grave crise écologique et humanitaire à grande échelle.
Selon Achim Steiner, chef du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), l'achat de ce navire marque "le début de la phase opérationnelle du plan coordonné par les Nations unies pour retirer le pétrole en toute sécurité et éviter ainsi une catastrophe écologique et humanitaire". Le PNUD a passé un contrat avec la société de sauvetage maritime SMIT pour retirer en toute sécurité le pétrole brut du cargo et remorquer le Safer jusqu'à un chantier de récupération écologique.
L'enlèvement du pétrole constitue la première phase, mais des fonds supplémentaires sont encore nécessaires pour poursuivre la phase d'urgence du projet, dont le budget total s'élève à 129 millions de dollars. Les Nations unies ont collecté 95 millions de dollars jusqu'à présent et ont reçu 75 millions de dollars. M. Steiner a reconnu que l'organisation pourrait suspendre l'opération si les fonds restants n'étaient pas versés. "Permettez-moi d'être très clair : il s'agit d'une opération risquée et les choses pourraient mal tourner", a-t-il averti.
David Gressly, le coordinateur résident et humanitaire des Nations unies pour le Yémen, a insisté sur ce point. "Nous sommes maintenant dans la phase opérationnelle et nous nous attendons à ce que le pétrole soit extrait du Safer dans les trois ou quatre prochains mois. Mais nous avons encore besoin de fonds de toute urgence pour mettre en œuvre le plan et prévenir les catastrophes", a-t-il déclaré.
Les Nations unies tentent de trouver une solution depuis un certain temps, demandant même qu'un navire soit donné ou loué. Finalement, compte tenu des difficultés et des défis, elles ont décidé d'acheter le navire. "Franchement, nous n'avions pas le choix", a reconnu M. Gressly.
De même, les Nations unies mettent en garde depuis de nombreuses années contre le danger que représente le Safer échoué au large des côtes yéménites, car la quantité de pétrole qu'il contient est quatre fois supérieure à celle transportée par l'Exxon Valdez, qui a provoqué l'une des plus grandes catastrophes écologiques de l'histoire.
Le Safer n'a fait l'objet d'aucun entretien en raison de la guerre qui fait rage au Yémen entre le gouvernement internationalement reconnu et les rebelles houthis soutenus par l'Iran. Ce conflit a fait de ce pays arabe l'une des crises humanitaires les plus importantes et les plus graves au monde, avec plus de 20 millions de personnes qui dépendent de l'aide pour survivre.
Le retrait du pétrole du Safer est une bonne nouvelle, car une fuite pourrait dévaster les eaux de la mer Rouge. "Des communautés entières seraient exposées à des toxines potentiellement mortelles et des millions de personnes seraient affectées par la pollution de l'air", explique l'ONU.
Les ports de Hudaydah et de Saleef, essentiels à l'acheminement des denrées alimentaires, du carburant et des fournitures vitales dans le pays, devraient fermer, tout comme les usines de dessalement, ce qui signifierait l'absence d'eau pour des millions de personnes.
L'organisation internationale souligne que le pétrole pourrait même atteindre la côte africaine et affecter tout pays qui se jette dans la mer Rouge, ce qui aurait également de graves conséquences pour les récifs coralliens et la vie marine en général.
Des organisations environnementales telles que Greenpeace se sont également fait l'écho de ce danger, exhortant les pays de la région à agir avant qu'il ne soit trop tard, car un incident dans le Safer, qu'elles considèrent comme "une bombe à retardement", pourrait avoir des répercussions sur l'ensemble de la zone.