Les ONG dénoncent de nouvelles restrictions à la liberté d’expression au Qatar
Les organisations Human Rights Watch (HRW) et le Comité pour la protection des journalistes ont dénoncé les changements introduits récemment par le Qatar pour criminaliser la diffusion de "fausses nouvelles" en limitant davantage la liberté d’expression déjà restreinte dans le pays du golfe Persique. Un nouvel article introduit dans le Code pénal qatarien prévoit des peines pouvant aller jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et/ou une amende de 100000 rials qataris (plus de 27000 dollars) pour "avoir publié ou diffusé des informations fausses ou malveillantes, des rumeurs ou de la propagande sensationnaliste" visant "nuire à l’intérêt national, inciter l’opinion publique ou ébranler l’ordre social et public", a souligné HRW.
Il a également indiqué dans un communiqué que cet amendement ne précisait pas ce qui constituait de fausses nouvelles, des rumeurs ou de la propagande, et sur la base de quels critères il serait décidé qu’elles étaient "nuisibles". Human Rights Watch rappelle que le Code pénal qatarien "criminalise déjà la critique de l’émir, l’insulte au drapeau, la diffamation de la religion et l’incitation à renverser le régime" du gouvernement, notamment en limitant la liberté d’expression dans l’émirat.
"Le Qatar aime se faire connaître comme le pays le plus ouvert de ses voisins, mais cette loi suit le même livre de style que les autres États du golfe pour museler la liberté d’expression", a déclaré dans la note Michael Page, vice-directeur de HRW pour le Moyen-Orient.
Pour sa part, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ, en anglais) a demandé dans un communiqué aux autorités de supprimer cette "loi répressive". " Au lieu de défendre la liberté de la presse dans la région du golfe, où la libre circulation de l’information est menacée, les autorités de Catar ont pris le train des 'fausses nouvelles'"a ajouté Justin Shilad, chercheur pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord au CPJ. Le Centre du golfe des droits de l’homme (GCHR), basé à Beyrouth, s’est également déclaré préoccupé par les modifications apportées au Code pénal qatarien, publiées d’abord par le journal qatari Al Raya, qui a dû retirer cette information et s’excuser pour la polémique qu’elle avait engendrée. Le GCHR a averti sur son site Internet que la loi est "large" et qu’elle peut facilement être "utilisée contre des blogueurs et des journalistes indépendants parce que les autorités peuvent considérer n’importe quel point de vue préjudiciable aux intérêts nationaux".