Malgré l'achat de doses, la campagne de vaccination menée par l'Algérie progresse lentement

La pandémie s'aggrave en Algérie en raison du manque d'oxygène

PHOTO/REUTERS - Tentes installées lors d'une campagne de vaccination contre le coronavirus (COVID-19) menée devant les mosquées après la prière du vendredi à Alger, en Algérie, le 9 juillet 2021

La situation sanitaire en Algérie est critique depuis des semaines, avec une augmentation significative du nombre de cas positifs et de décès. Selon le ministère de la santé, au cours des dernières 24 heures, on a enregistré 1 537 nouvelles infections et 28 décès, ce qui porte à 168 668 cas, 4 189 décès et 113 707 guérisons depuis le début de la pandémie. Compte tenu de l'augmentation significative des cas positifs et du nombre de décès dans les hôpitaux, le manque d'oxygène pour aider les patients souffrant de difficultés respiratoires est l'un des problèmes les plus graves auxquels est confronté le pays le plus peuplé du Maghreb. 

Malgré ces mesures, certains hôpitaux manquent d'oxygène en raison de problèmes de gestion des stocks et de distribution. Des bénévoles ont commencé à distribuer gratuitement des bouteilles d'oxygène à Blida, près d'Alger, l'une des préfectures les plus touchées par la pandémie. Une entreprise privée de gaz industriels a décidé de consacrer une partie de son usine de Blida à la production et au remplissage de bouteilles d'oxygène médical. Devant l'usine, des citoyens de tous âges attendent dans l'espoir d'obtenir au moins la moitié de leur prescription d'oxygène. Les bouteilles sont gratuites, mais rationnées pour aider le plus grand nombre possible de familles dans le besoin. "Même si c'est par ration, cela nous permet de soulager ce que nous pouvons", explique à l'AFP Farouk Touileb, un ambulancier de 36 ans.

Selon des spécialistes de la santé interrogés par l'AFP, qui ont souhaité garder l'anonymat, "la production industrielle d'oxygène médical en Algérie couvre largement les besoins des hôpitaux", même en période de COVID-19. "Mais les tensions (d'approvisionnement) sont dues à une mauvaise gestion du circuit de distribution et à une absence d'anticipation des besoins liés à la troisième vague" de la pandémie. Et les grands hôpitaux publics n'ont pas bénéficié d'un plan prévisionnel de redémarrage ou d'achat de générateurs d'oxygène médical, soulignent les mêmes sources.

De son côté, le Premier ministre et ministre des Finances, Aimen Benabderrahman, a annoncé des mesures pour assurer la disponibilité de l'oxygène dans les hôpitaux face à une augmentation inquiétante des cas positifs dans le pays depuis la deuxième semaine d'août. "La forte augmentation de la demande d'oxygène nous a amenés à prendre des décisions et des mesures pour soutenir cette production", a déclaré Benabderrahman à la télévision publique avant de rappeler que "la production nationale fluctuait entre 400 000 et 420 000 litres". De même, Benabderrahman a indiqué que l'État algérien importera 15 000 concentrateurs d'oxygène, dont 1 800 ont déjà été reçus et 750 autres devraient arriver dans les prochains jours.

Malgré l'acquisition des doses, la campagne de vaccination algérienne progresse lentement, puisque seulement 3,5 millions de doses ont été inoculées depuis le début de l'opération de vaccination lancée fin janvier dans ce pays du Maghreb de 44 millions d'habitants. Face à cette situation, les autorités ont choisi d'imposer des restrictions limitées à un total de 35 wilayas - régions administratives - dont Alger et Oran, avec un couvre-feu de 20 heures à 6 heures du matin. Les provinces touchées - plus de la moitié du pays - comprennent la capitale Alger. 

Selon Benabderrahman, l'État algérien a acheté à ce jour plus de 9 millions de doses de vaccins russes (Sputnik), suédo-britanniques (Astra Zeneca) et chinois (Sinovac et Sinopharm) et recevra 9 millions de doses supplémentaires en août. Cinq autres millions de doses seront reçues en septembre, tandis que l'unité de production locale du vaccin chinois Sinovac à Constantine (ouest), avec 2 500 000 doses par mois, devrait entrer en service à la mi-septembre. 

Les autorités algériennes ont également annoncé le réajustement des calendriers de confinement partiel dans la quasi-totalité du pays, accélérant le rythme de la vaccination et portant au plus haut point le niveau de fermeté dans la mise en œuvre de ces mesures pour tenter de faire face à la pandémie. Ils ont notamment interdit l'accès aux plages sur la majeure partie du littoral du pays et tous les rassemblements, y compris les célébrations de mariage, seront interdits, tandis que les cafés et les restaurants limiteront leurs activités de vente et ne pourront fournir que des services à emporter. En outre, elle implique la fermeture des marchés de vente de véhicules, des salles de sport et des centres culturels, ainsi que la suspension du transport urbain et ferroviaire de passagers pendant les week-ends.