Polémique en Algérie sur la confusion entre l'arabe et le français dans les médias

Petit supermarché dans un quartier résidentiel de la capitale Alger - PHOTO/AFP
Des journalistes dénoncent la modification de la langue arabe et son mélange avec le français, incluant des mots latins sans justification 

Le Conseil supérieur de la langue arabe en Algérie a exprimé son intérêt pour la promotion de l'utilisation de la langue arabe, en particulier parmi les professionnels des médias, par opposition à la langue française. 

Le président du Conseil, Saleh Belaid, espère que le processus d'« arabisation » du pays sera achevé d'ici 2024. Cependant, en raison de la diffusion de l'internet, l'anglais s'est progressivement infiltré dans la vie algérienne, ajoutant un autre aspect au problème linguistique traditionnel entre l'arabe et le français. 

Le professeur d'université Eid Zoghlami a déclaré, lors d'une conférence sur la réalité de la langue arabe donnée aux étudiants de la faculté d'information de l'université d'Alger, que « le statut de la langue arabe est lié à son statut dans la société en général, car elle a été exposée à des changements et à des tensions depuis l'indépendance ». « Je constate que l'étudiant ne contrôle pas son accès à l'université dans aucune langue, y compris l'arabe, et cela affecte négativement la manière dont il aborde son parcours académique », a-t-il ajouté, tel que rapporté par Al-Arab. 

« Un grand nombre d'étudiants en master universitaire, par exemple, ne maîtrisent pas l'alphabet arabe classique, et cela est lié à l'environnement, à la société algérienne et même à la classe politique qui préfère la langue française », dit-il, qui voit là « une insulte à la langue arabe, qui est la langue officielle de l'État selon la Constitution ». 

« Si l'étudiant est bien éduqué et qu'il maîtrise la langue arabe, il ne trouvera pas cette langue en dehors de l'université. Par conséquent, le débat sur cette question se termine avec la ferme conviction qu'il existe une politique non déclarée de non promotion de la langue arabe », a-t-il déclaré.  

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune - Ludovic MARIN / AFP

Pour sa part, Mohieddine Amimour, ancien conseiller du président algérien et ancien ministre de la culture, estime que les dialectes locaux dans plusieurs pays arabes leur posaient un problème majeur pour attirer les programmes télévisés, raison pour laquelle ils ont décidé d'opter pour les programmes télévisés français. D'autre part, la tentative de faire revivre les dialectes locaux algériens a créé une forte concurrence entre l'arabe et le français d'une part, et l'arabe vulgaire et l'arabe familier d'autre part. 

En ce qui concerne l'éducation en Algérie, Amimour a souligné qu'il n'est pas possible de passer à l'arabe dans certaines écoles scientifiques sans arabiser ses principales références, indiquant qu'il s'agit d'un effort qui concerne la Ligue des États arabes. 

La baie d'Alger avec la vieille ville de la capitale, connue sous le nom de Casbah (à gauche) et des conteneurs de marchandises (à droite) à Alger - AFP / LUDOVIC MARIN

Les journalistes dénoncent le fait que certains éditeurs arabisés rivalisent pour modifier la langue arabe et la mélanger au français, en incluant des mots latins sans justification pour être en phase avec les réseaux sociaux, tout comme d'autres utilisent les noms des institutions administratives et de service en lettres françaises sous une forme arabisée.  

D'autre part, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a évoqué l'intention d'intégrer la langue anglaise dans les programmes scolaires, ouvrant un débat entre Algériens sur la langue française et sa place dans l'avenir du pays.