Le ministère colombien des Affaires étrangères exclut le Venezuela de la réouverture, tandis que le gouvernement panaméen réagit en fermant temporairement les frontières du territoire colombien par crainte d'une propagation du virus

Réouverture des frontières de la Colombie avec le Panama, l'Équateur, le Pérou et le Brésil

REUTERS/GUILLERMO GRANJA - Des policiers colombiens vérifient des documents au pont international qui relie la Colombie et l'Équateur, sur la rivière San Miguel, à Putumayo, en Colombie

Le gouvernement colombien a rouvert les frontières terrestres, fluviales et maritimes avec le Panama, l'Équateur, le Pérou et le Brésil, qui étaient fermées depuis plus d'un an en raison du COVID-19 ; toutefois, la frontière avec le Venezuela restera fermée.

Le ministère colombien des Affaires étrangères a annoncé, ce mercredi, la réouverture par le biais d'un communiqué de presse : " Les postes frontaliers maritimes, terrestres et fluviaux avec la République du Panama, la République de l'Équateur, la République du Pérou et la République fédérative du Brésil sont ouverts, à partir de zéro heure (00h00) le 19 mai 2021 ", à l'exclusion du Venezuela.

Cette décision a été justifiée par "l'intérêt de faire avancer les mesures qui contribuent à la réactivation économique des zones frontalières". Le communiqué souligne également la nécessité de renforcer le processus d'intégration avec les pays voisins.

"À cette fin, la Colombie a proposé aux quatre États visés de maintenir le travail conjoint qui permet d'adopter, de manière expéditive, les mesures et protocoles nécessaires pour un retour rapide au plein transit des personnes, des biens et des véhicules, en tenant toujours compte des recommandations et des délais qui sont suggérés par les pays voisins", a expliqué le ministère colombien des Affaires étrangères dans le communiqué.

L'exclusion du Venezuela

Le gouvernement du Venezuela a rompu ses relations avec Caracas, après que le président colombien, Ivan Duque, a reconnu Juan Guaidó comme président du Venezuela, au lieu de Nicolás Maduro. C'est pourquoi, à l'heure actuelle, il n'existe pas de relations diplomatiques ou commerciales entre les deux pays, malgré la longue frontière de 2 200 kilomètres qui les unit.

La proximité des deux pays fait de la Colombie la principale destination des migrants vénézuéliens qui tentent de fuir la crise dans leur pays. Jusqu'à présent, plus de 1,7 million de Vénézuéliens ont été autorisés à résider en Colombie, mais ce nombre pourrait augmenter avec la décision du gouvernement Duque d'accorder aux Vénézuéliens un statut de protection temporaire pendant 10 ans, indique El Nacional.

Les tensions entre les deux pays d'Amérique du Sud s'intensifient, la Colombie accusant le gouvernement de Nicolás Maduro de donner asile à des dirigeants des dissidents des FARC et de l'Armée de libération nationale liés au trafic de drogue. De son côté, Caracas reproche au président Iván Duque de tenter de renverser le gouvernement vénézuélien, soutenu par les États-Unis.

À cette situation s'ajoute la décision du président colombien, qui a exclu, à la mi-avril, la possibilité de rouvrir la frontière avec le Venezuela en raison des niveaux élevés d'infection par le COVID-19.

La réponse du Panama : fermeture de la frontière

Suite à la décision du gouvernement colombien d'ouvrir ses passages maritimes et terrestres, le Panama a répondu, quelques heures plus tard, par la décision de fermer temporairement ses frontières avec Bogota. "Le gouvernement national a décidé de suspendre temporairement l'entrée sur le territoire national, par voie terrestre, maritime et fluviale, de toute personne provenant de la frontière avec la République de Colombie" explique un communiqué du ministère des Affaires étrangères du Panama.
 

Le ministère panaméen des Affaires étrangères estime qu'une telle ouverture "met en péril les progrès significatifs réalisés" dans le cadre du COVID-19 et souligne sa préoccupation pour "la sécurité des frontières et le contrôle des flux migratoires."

Les autorités panaméennes sont confrontées à une augmentation du nombre de migrants arrivant sur leur territoire en provenance de Colombie, avec l'intention de poursuivre leur route vers les États-Unis. Entre janvier et avril, 11 370 migrants ont traversé le Panama, selon les chiffres officiels fournis à Efe par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Le nombre de cas de COVID-19 au Panama est estimé à 6 305 décès, bien que le contrôle épidémiologique ait permis de réduire le nombre de décès par jour. Selon El Comercio, le Panama a convenu avec la Colombie de gérer des contrôles adéquats aux frontières afin de contrôler le passage des migrants irréguliers et de continuer à lutter contre la pandémie.

En pleine pandémie, selon La Prensa, le pays sud-américain a fermé ses passages maritimes et terrestres en mars 2020, dix jours après que le premier cas de coronavirus ait été signalé dans ce pays de 50 millions d'habitants.

La situation épidémiologique reste tendue, le pays colombien compte 3 161 124 cas confirmés, dont 106 631 cas actifs, avec un total de 82 743 décès dus au COVID-19, selon les données fournies par le ministère de la Santé et de la Protection sociale au 19 mars 2021.

La Colombie est le sixième pays d'Amérique latine et des Caraïbes comptant le plus de cas et le quatrième en nombre de décès par rapport à sa population, selon un décompte de l'agence française AFP, repris par DW.

Coordinateur pour l'Amérique latine : José Antonio Sierra