La Turquie annonce l'ouverture d'écoles de formation à la santé en Syrie
La Turquie a annoncé par le biais de son Journal officiel qu'elle allait ouvrir une école de médecine et une école de formation professionnelle dans le domaine de la santé près de la frontière turque à Cobanbey (Al-Ra'i), en Syrie.
Cette ville à prédominance turkmène sous contrôle syrien est située dans la partie nord d'Alep. L'école de médecine sera créée selon les directives de l'université turque des sciences de la santé.
Bien que certains experts considèrent ces mesures comme un coup de pouce à l'infrastructure sociale de la région déchirée par la guerre, d'autres pensent qu'Ankara pourrait être accusée par la Syrie d'ingérence étrangère qui viole sa souveraineté territoriale.
Depuis 2018, la Turquie construit des facultés universitaires accueillantes en Syrie. Même en Afrique, Al-Bab et Idlib encouragent ainsi le retour des réfugiés syriens. Même la livre turque est utilisée à Cobanbey et dans le district d'Al-Bab.
L'université turque de Harran a créé un campus universitaire à Al-Bab pour offrir un enseignement trilingue en turc, arabe et anglais. Dans la province d'Idlib, la Fondation Diyanet de Turquie a ouvert une école primaire pour 1 100 élèves en novembre 2020.
Par ailleurs, le ministère turc de la santé a achevé la construction de trois hôpitaux à Al-Bab, Marea et Cobanbey, d'une capacité totale de 475 lits. Ankara espère persuader des millions de réfugiés syriens en Turquie de rentrer en Syrie grâce à ces améliorations. Toutefois, jusqu'à présent, elle n'a pas connu un grand succès.
Selon l'anatiste Samuel Ramani, de l'université d'Oxford pour le Moyen-Orient, les projets d'infrastructure et d'aide humanitaire de la Turquie devraient être soutenus par les Syriens dans les zones tenues par les rebelles. Parce que l'aide humanitaire par le biais d'organisations internationales comme l'ONU est biaisée en faveur du régime d'Al-Assad et de la Russie.
"Mais le gouvernement syrien va résister à l'intervention humanitaire de la Turquie et prétendre que c'est une violation de la souveraineté, et la Turquie va être confrontée à des frictions de la part de la Russie et de l'Iran sur cette question", a déclaré M. Ramani à Arab News.
Il a affirmé que même si la Turquie sape le commandement d'un gouvernement reconnu par l'ONU en Syrie, la communauté ou les institutions juridiques ne peuvent rien faire de plus.
Il a ajouté que "la Turquie pourrait peut-être invoquer une variante de la responsabilité de protéger pour justifier ses actions, car elle protège la sécurité humaine et la santé des civils syriens à un moment où le gouvernement syrien d'al-Assad ne remplit pas ses responsabilités souveraines de protection des civils".
L'agence de presse officielle syrienne SANA, gérée par l'Etat, a en revanche rapporté dimanche que la Syrie rejettera la décision d'Ankara d'ouvrir un collège et une école. Parce qu'elle considère qu'il s'agit d'un acte dangereux et d'une violation évidente du droit international, en plus de la Charte des Nations unies.
Selon le rapport de SANA, basé sur une source officielle du Ministère des Affaires étrangères et des Expatriés, "cette décision nulle constitue une continuation des pratiques du régime turc visant à enflammer et à prolonger la crise en Syrie".
"La Syrie affirme que ces attaques du régime turc contre sa souveraineté, y compris la construction du soi-disant (mur de séparation) et l'adoption de la politique de "turquification" dans les écoles, en plus du commerce de la livre turque et de l'ouverture d'une autorité pour la Poste turque, ont été les prétextes derrière lesquels ce régime se cache pour justifier ses pratiques terroristes", a déclaré la source.
Jomana Qaddour, membre senior du Conseil atlantique non résident, a déclaré que le gouvernement turc avait relié le nord de la Syrie à son pays par l'approvisionnement en eau et en électricité, la sécurité et la fourniture d'aide humanitaire en général.
"Alors qu'il existe un grand besoin de projets éducatifs accrédités en Syrie, étant donné que tant d'étudiants ont été privés de programmes éducatifs pendant des années, il est important que toute initiative éducative intègre les éducateurs locaux et les besoins de la population locale. Il faudra une implication et une participation locales pour que cela soit un effort bienvenu pour les Syriens", a-t-il déclaré à Arab News.