Rubiales, Rocha et le sombre complot qui se cache derrière le football espagnol

L'ancien président de la Fédération royale espagnole de football (RFEF), Luis Rubiales - AFP/GABRIEL BOUYS
Les prochaines élections à la Fédération royale espagnole de football marqueront un tournant si un outsider l'emporte

Les tapis et les placards de la Fédération royale espagnole de football cachent trop de cadavres et de secrets inavouables. Des années de clientélisme, de corruption non prouvée, d'affaires louches et de personnes qui vivent de l'histoire. Luis Rubiales a rendu Villar bon, ou du moins il a fait tout ce qu'on reproche à l'ancien dirigeant basque en un temps record de quatre ans, baiser compris, ce que Villar n'aurait jamais fait.  

Une caméra prend des photos du siège de la Fédération espagnole de football où un juge a ordonné le 28 septembre 2023 une perquisition policière au siège de la commission des arbitres espagnols, à Las Rozas de Madrid - PHOTO/AFP/JAVIER SORIANO

Rubiales a avancé son retour de République dominicaine, bien qu'avant cela il ait voulu nettoyer son image en donnant une interview à La Sexta où il a dit ce qu'on attendait de lui, c'est-à-dire la même version que celle qu'il donnera au juge chargé de l'enquête sur son cas : que tout l'argent qu'il a envoyé d'Espagne à Saint-Domingue a été gagné par son travail. Il lui faudra en revanche justifier la provenance des 300 000 euros en liquide qui se trouvaient parmi ses affaires.  

L'ancien président du football espagnol, aujourd'hui en disgrâce pour son baiser avec Jennifer Hermoso et non pour d'autres faits, est un avocat aux crocs acérés qui sait tout et ce qu'il ne sait pas lui a été raconté par Tomás González Cuento ou Andreu Camps. Tout porte à croire que Rubiales avait mis en place une machine à gagner de l'argent au-delà des 600 000 euros qu'il a gagnés en tant que président. Son oncle Juan Rubiales affirme qu'"il avait besoin de 100 000 euros par mois".  

L'Espagnole Jenni Hermoso a déposé une plainte pénale après avoir été embrassée sur la bouche par l'ancien président de la Fédération royale espagnole de football, Luis Rubiales, lors de la finale de la Coupe du monde de football féminin - AFP/STEVE CHRISTO

Pedro Rocha était son adjoint, mais pas pour diriger le football espagnol, ce qui n'était guère intéressant. Il avait besoin que Rocha soit à son poste et qu'il y reste pour que la machine reste huilée et que personne n'ait accès au passé. Le gardien des secrets a démissionné de son poste de président de la direction et a convoqué des élections le 6 mai prochain, auxquelles il a évidemment l'intention de se présenter et, de surcroît, de bonnes chances de l'emporter. Miguel Galán, président du Centre national de formation des entraîneurs de football espagnols (CENAFE), a dénoncé cette convocation car il prétend que des personnes comme Jorge Vilda ou Luis Enrique, qui n'appartiennent plus à la RFEF, voteront.  

C'est là qu'intervient Carlos Herrera, qui peut être un cheval noir ou se ridiculiser de la manière la plus épouvantable qui soit de mémoire d'homme, ce qu'a miraculeusement évité Iker Casillas à cause de la pandémie. Les personnes extérieures qui veulent mettre la main sur la RFEF ont tendance à sortir du bois. Dans le cas présent, c'est le journaliste Roberto Gómez qui tire les ficelles de Herrera, mais le football qui se prépare à la RFEF est bien plus important que ce que le communicateur veut faire dans sa maison de Las Rozas.  

Au moins, ils ont évité au roi Felipe VI de devoir saluer Pedro Rocha à la Cartuja, même si Sa Majesté préférerait aller dans les tribunes pour regarder le match avec les supporters de Majorque ou avec certains supporters de l'Athletic, plutôt que d'entrer dans la boîte avec des gens hauts en couleur qui, qui sait, pourraient se retrouver en prison dans quelques mois.  

Pedro Rocha, Fouzi Lekjaa et Fernando Gomes, présidents des fédérations espagnole, marocaine et portugaise de football - PHOTO/AFP

Les misères du football espagnol impliquent de soulever les tapis et d'ouvrir les placards. Le problème, c'est que tout ce qui se cache dans ces endroits pourrait mettre fin au football espagnol tel que nous le connaissons aujourd'hui.  

De plus, le chaos est tel que Pedro Sánchez ne parie ni sur l'Espagne ni sur le Bernabéu comme stade de la finale de la Coupe du monde 2030. La pression catalane le fait reculer ou, qui sait, proposer le nouveau Camp Nou. Pour l'heure, le Maroc a bien mieux avancé et lorsque la première pierre de son stade monumental sera posée, la finale commencera à prendre forme