Selon les ONG, la FIFA devrait payer 440 millions de dollars de réparations aux travailleurs migrants au Qatar
Des milliers de travailleurs migrants au Qatar n'ont pas reçu de compensation financière ni de réparation adéquate pour les violations du droit du travail qu'ils ont subies lors de la construction et de l'entretien des infrastructures pour la Coupe du monde de la FIFA, qui débute en novembre.
Amnesty International, Human Rights Watch, Football Supporters Europe et Building and Wood Workers' International ont donc demandé à la FIFA et au gouvernement qatari de fournir au moins 440 millions de dollars de réparations aux travailleurs migrants dont les droits humains ont été compromis par la Coupe du monde au Qatar. Selon les organisations, "cela ne représenterait qu'un faible pourcentage des 6 milliards de dollars de recettes que la FIFA prévoit de tirer du tournoi et des 1,6 milliard de dollars dont elle dispose en réserve".
Les réparations comprennent des abus tels que "des milliers de décès et de blessures inexpliqués, des vols de salaires et des frais de recrutement exorbitants" commis depuis 2010, date à laquelle le pays arabe a obtenu la Coupe du monde.
Pour sa part, la FIFA a déclaré qu'elle évaluait ces propositions et qu'elle avait lancé "un processus de diligence raisonnable sans précédent" en collaboration avec le Comité suprême qatari responsable du tournoi. Cela inclut des processus tels que celui qui est déjà en cours pour aborder la question particulière des frais de recrutement que les travailleurs migrants paient souvent aux agences ou aux intermédiaires pour obtenir un emploi. Elle a également déclaré dans une publication que ces propositions d'ONG "concernent un large éventail d'infrastructures publiques qui ne sont ni spécifiques à la FIFA ni à la Coupe du monde".
Le même argument a été avancé par le Qatar, qui affirme avoir "travaillé sans relâche" avec les groupes internationaux de défense des droits des travailleurs sur les projets de la Coupe du monde, mais qu'une grande partie de la construction a lieu en dehors de la Coupe du monde. "Des améliorations significatives ont été apportées en matière de logement, de conditions de santé et de sécurité, de mécanismes de réclamation et d'indemnisation en cas de recrutement illégal", a déclaré un organisateur local du tournoi.
Si le Qatar a adopté des mesures telles que le salaire minimum, les heures de travail en cas de chaleur extrême et la suppression des règles limitant la mobilité des travailleurs, les organisations non gouvernementales réclament bien d'autres mesures pour garantir le plein respect des droits des travailleurs et de leurs familles.
Ces ONG ont donc lancé une campagne mondiale pour soutenir cet appel avec le hashtag #PayUpFIFA. En outre, plusieurs d'entre elles, comme Amnesty International, ont l'intention de publier un rapport intitulé "Prévisible et évitable" dans lequel elles exposent la manière dont la FIFA et le Qatar peuvent remédier à 12 années d'abus.
Par ailleurs, Sacha Deshmukh, directrice exécutive d'Amnesty International UK, a appelé l'Angleterre à soutenir cette idée. "Nous espérons que la FA, Gareth Southgate et les joueurs soutiendront ce projet novateur", car "le football international a les moyens de faire ce qu'il faut. Il s'agit d'une partie relativement modeste de l'énorme prix de la FIFA, qui permettrait de réparer les graves violations des droits de l'homme qui sous-tendent ce tournoi."
Cet appel au soutien de l'initiative est décrit comme "un dispositif innovant" qui offrirait une véritable compensation aux travailleurs dans le but de laisser un héritage positif au tournoi qui se profile à six mois de l'ouverture de la Coupe du monde.
Un message similaire est venu de Minky Worden, directrice des initiatives mondiales à Human Rights Watch : "La FIFA et le Qatar ont laissé tomber les travailleurs migrants, qui sont essentiels pour la Coupe du monde 2022. Mais ils peuvent encore indemniser les personnes gravement blessées et les familles des nombreux morts. La FIFA devrait immédiatement mettre de côté les fonds nécessaires pour fournir des réparations adéquates et éviter l'héritage d'une Coupe du monde de la honte".