Projet de loi de finances 2022 ou la deuxième modernisation du Maroc
Depuis 2019, la loi de finances 130-13 a institutionnalisé la programmation budgétaire triennale. Ainsi, le projet de loi de finances 2022 serait le début d'un triennat ambitieux pour le Royaume du Maroc. La ministre de l'Économie et des Finances du Royaume, Nadia Fattah Alaoui, vient de présenter au Parlement, lors d'une session conjointe des deux chambres, la loi de finances pour l'année 2022 à venir, dont les grandes lignes méritent d'être qualifiées d'historiques.
Les progrès que le Royaume du Maroc a connus au cours des dix dernières années ont conduit à la première modernisation du pays. Cependant, ce projet de loi de finances 2022 a une implication plus grande et représente la deuxième modernisation et le fondement de l'État démocratique et social sans équivalent dans la région du Maghreb et sur le continent africain.
A noter que cette loi de finances pour 2022 s'appuie sur les orientations du roi Mohammed VI, le plan national de développement et le programme du nouveau gouvernement Akhannouch.
Il s'agit d'un budget de finances qui prévoit un taux de croissance de 3,2 %. Une estimation prudente qui pourrait être revue à la hausse en fin d'année. Il en est de même pour le taux 2021, qui était prévu à 4,8 et qui, en septembre dernier, a atteint 5,5 et pourrait terminer l'année à 5,8. Un écart positif que le Fonds monétaire international (FMI) estime à plus de 6 %.
Ces budgets, présentés au Parlement le 25 octobre, ont une double dimension : la dimension socio-économique et financière, qui est très importante, et la dimension géopolitique, qui est beaucoup plus vaste.
La dimension socio-économique et financière privilégie quatre axes principaux, à savoir a) la consolidation des bases de la relance de l'économie nationale post COVID-19, déjà amorcée en 2021, b) la généralisation de la protection sociale, c) le renforcement du Capital Humain et la réforme du secteur public et de la gouvernance.
L'objectif est de relancer l'économie du pays en profitant d'une situation épidémiologique très positive, avec 70% de la population entièrement vaccinée et près de 2 millions de personnes vaccinées avec la troisième dose. Des perspectives très favorables pour le décollage définitif de l'économie après la pause pandémique (qui ne s'est pas mal passée non plus). En outre, une réduction variable de l'impôt sur les sociétés est prévue, en fonction du montant des bénéfices nets des entreprises.
Toutefois, l'aspect le plus important du projet de loi de finances 2022 est son volet social. Il s'agit du budget le plus social de l'histoire du pays. Elle place les Marocains au centre des préoccupations des politiques publiques. D'une part, ils prévoient le début d'une sécurité sociale universelle pour l'ensemble de la population marocaine, de Tanger à Güera. D'autre part, ils prévoient le développement des capacités potentielles du capital humain en favorisant l'éducation et la formation, ainsi que la revalorisation des individus et de leur pouvoir créatif. Les jeunes seront en concurrence à armes égales pour les emplois et auront également accès à des crédits abordables pour financer leur esprit d'entreprise dans tous les secteurs de l'économie, tant au niveau national qu'international, dans le cadre du "Programme Forza", c'est-à-dire "Opportunité". Tout cela dans le cadre d'une économie durable, fondée sur des progrès dans la lutte contre le changement climatique.
Un autre aspect important envisagé par la loi budgétaire concerne la réforme du secteur public et de sa gouvernance, qui toucherait toutes les administrations publiques et/ou semi-publiques. L'objectif est de corriger, d'adapter, voire de supprimer tous les services publics inefficaces, inefficients et incohérents. Cette réforme de l'administration publique prévoit également de lutter contre la corruption et l'évasion fiscale sous toutes ses formes. Cela suggère que la deuxième modernisation du Maroc reposera sur des bases solides, cohérentes et crédibles.
D'autre part, la dimension géopolitique de cette loi de finances pour 2022 repose sur la mise en œuvre du Plan National de Développement, qui consolidera non seulement l'état démocratique du Maroc mais aussi son état social. Si le déroulement des dernières élections au Maroc a été exemplaire, applaudi par la communauté internationale pour sa transparence et le niveau de participation citoyenne, il témoigne du chemin irréversible vers une démocratie pleine et entière au Maroc, le volet social de cette loi de finances, avec un montant record de 245 milliards de dirhams pour les réformes sociales, témoigne de la détermination du pays à éliminer les inégalités sociales et de genre.
Ces deux aspects doteraient le pays, au cours des trois prochaines années, d'une structure étatique moderne sans précédent, à l'égal de celle des pays de l'UE. En agissant de la sorte, le Maroc s'affirme comme un pays démocratique et social, soutenant ainsi son leadership au Maghreb et sur le continent africain.
La loi de finances 2022 témoigne de la préoccupation du Maroc pour l'éducation, la santé et le bien-être du peuple marocain, qui, en plus de bénéficier du processus de modernisation du pays, en deviendra un acteur et un participant.