"Taxi"

Détail de la couverture du livre de Khaled Al Khamissi, « TAXI » - PHOTO/CEDIDA
« La moralité consiste essentiellement dans le courage de prendre une décision »

« Taxi » est le livre de l“Égyptien Khaled Al Khamissi, publié en 2007 et traduit de l'arabe vers l”anglais en 2010.

J'ai lu ce livre intitulé « Taxi » en arabe en 2007. Certaines grandes librairies et certains instituts mettent gratuitement des livres à la disposition du public. Comme je suis un grand amateur de livres, j'ai jeté un coup d'œil à ces exemplaires en juillet 2024. J'ai été surpris de trouver « Taxi » en français, que j'avais déjà lu en 2009 après sa traduction. Taxi » est également disponible en espagnol et en anglais.

L'écrivain, chroniqueur et promoteur culturel égyptien Khaled Al Khamissi - PHOTO/ https://es.wikipedia.org/wiki/Khaled_Al_Khamissi

Je l'ai retrouvé et relu plus de 15 ans après. Ce fut l'un des livres de mon été, et le plaisir fut immense. Je vais vous en parler, pour ceux que cela intéresse.

« Taxi" est une compilation de “cinquante-huit conversations avec des chauffeurs de taxi du Caire” entre 2005 et 2006. Je prends moi-même le taxi à Rabat, ainsi que le tramway depuis que j'ai vendu ma voiture en 2022. On dit souvent que les chauffeurs de taxi sont des « mouchards ». Mais mes conversations préférées avec eux tournent principalement autour de COVID-19 et des voitures autonomes.

Sur ce dernier sujet, les jeunes en particulier me disent que cette technologie n'est pas pour demain. Je leur réponds que le téléphone portable est apparu du jour au lendemain et qu'aujourd'hui il y a plus de téléphones que de Marocains.

Couverture du livre « Taxi » - PHOTO/CEDIDA

Je ne vais pas parler des 58 textes du livre, mais seulement de certains passages, en faisant parfois une comparaison entre le Maroc et l'Égypte, et en soulignant certaines idées prémonitoires de l'auteur.

L'expérience de la lecture du livre en arabe ou en français, et surtout en espagnol, est souhaitable pour plusieurs raisons. Chacun pourra se forger ses propres idées et opinions sur le sujet. Bien sûr, il faut garder à l'esprit que le livre a été écrit avant la révolution de 2011 et le coup d'État militaire (chacun est libre de donner sa propre interprétation de ces événements).

Le premier texte qui m'a frappé concerne « l'âge du conducteur et l'état du véhicule », où il cite le chanteur belge Jacques Brel :

« Mourir n'est rien, Mourir, la grande affaire, Mais vieillir... oh, vieillir ! »

Cela m'a rappelé ma jeunesse d'étudiant à la fin des années 70 ; à l'époque, je me considérais comme un marxiste et un brelien (mon groupe d'amis adorait Brel). Ne partez pas, ce qui suit est de la pure politique....

Dans le texte numéro 3, il est question de « manifestations de rue », avec plus de policiers que de manifestants. Le nombre de participants, autrefois nombreux, a diminué en 2005-2006, avant d'exploser en 2011. Aujourd'hui, au Maroc, les manifestations sont peu suivies, mais en 2011, et peut-être demain, cela pourrait changer. Les gouvernants ne se soucient guère des chiffres. Ils sont toujours capables de trouver un prétexte pour les chiffres, qu'ils soient grands ou petits.

Couverture du livre « Taxi » dans sa version anglaise - PHOTO/CEDIDA

Les conversations du livre portent sur l'inflation : cigarettes, tickets de cinéma.... Pour les premières, on se souvient des prix des « Favorite », « Marquise » et « Marlboro » dans les années 1970, comparés à ceux d'aujourd'hui en 2024. Pour le cinéma, les chemins ont été différents ; une augmentation des prix et une diminution flagrante sur les écrans noirs ; tout comme le football qui est devenu du pay-per-view à la télévision avec des tickets de stade exorbitants. A l'exception de quelques chaînes publiques comme la ZDF allemande et la RTVE espagnole.

Ces discussions ont eu lieu au Caire en 2005-2006. L'inflation était alors évidente, comme elle l'est aujourd'hui. En fait, il est clair qu'elle est directement liée au système capitaliste. En ce sens, on parle de l'inflation des taximètres et des taxis eux-mêmes. Ceux qui connaissent bien leur ville se souviendront du nombre de taxis qu'il y avait autrefois et de celui qu'il y a aujourd'hui. Au Maroc, c'est le système des licences qui prévaut. Que ce soit à Rabat, à Casablanca ou ailleurs. Qui se souvient du numéro 01 et du dernier numéro ; je parle des taxis, bien sûr. Il est temps de réfléchir (je parle des lecteurs).

Dans le prochain article (très bientôt), nous aborderons, entre autres, les questions liées à l'Irak, à la Palestine, aux islamistes, aux actions terroristes de l'époque, à la « main » des services de renseignement, selon la rue, à l'éducation et aux heures supplémentaires, à la bourse (en crise aujourd'hui, mais qui a permis à certains de s'enrichir, même au Maroc), aux « trafics » électoraux... et à bien d'autres sujets encore. Mais il serait utile de lire le livre en arabe, ou dans une autre langue...

Choisissez donc de lire ce livre, même s'il est ancien (nous lisons encore les Grecs et d'autres livres anciens). Comme l'a si bien dit Léon Blum en d'autres circonstances : « La moralité consiste essentiellement dans le courage de prendre une décision ».

Alors lisez, chers lecteurs....