La France ou l’invention du séparatisme islamiste
A l’heure où la France fait face à de grands enjeux économiques et que la Banque de France annonce une destruction de 1 million d’emplois d’ici 2121, le Président Macron a plus que jamais besoin de rallier ses troupes. S’il y a un sujet rassembleur c’est bien celui sécuritaire. Pendant que le pays est menacé par le virus et que la courbe des contaminations s’affole, on parle de séparatisme. Le discours du président français, Emmanuel Macron à ce propos était très attendu. Le chef de l’Etat a osé prononcé les mots : séparatisme islamiste. « Ce à quoi nous devons nous attaquer, c'est le séparatisme islamiste. C'est le cœur du sujet ». a-t-il annoncé de prime abord.
Ce discours est arrivé à peine quelques jours après la nouvelle attaque contre le journal satirique Charly Hebdo, qui rappelons-le, avait en 2015 publié les caricatures du prophète Mohammed qui avaient indigné les Musulmans aux quatre coins de la planète et valu une des pires attaques terroristes en France qui avait fait 12 morts dans la rédaction du journal.
A la veille du procès des terroristes, l’hebdomadaire satirique a republié les caricatures qui, comme on pouvait l’imaginer, ont déclenché l’ire des Musulmans. Un immigré pakistanais a ainsi tenté de « venger le prophète » sauf que Charly avait déménagé…
La tentative d’attaque a engendré un tollé d’indignation et relancé le débat sur la liberté de la presse et les libertés individuelles et forcément : l’Islam, l’immigration. Des sujets chers à la droite française mais pas seulement.
Islam, islamisme, on ne fait plus la différence ni dans le discours politique dans les médias en France. En septembre dernier la présence de Maryam Pougetoux, jeune française voilée et vice-présidente du syndicat étudiant l’Unef invitée par une commission de l'Assemblée nationale a été largement critiquée au point où des députés ont dû quitter les lieux en guise de protestation.
L’Islam est pourtant la deuxième religion de France et les Français ont toujours du mal à l’intégrer.
Parmi les mesures phares de Macron, l’enseignement de l’arabe dans les écoles ou les périscolaire « que nous maîtrisons », a-t-il précisé. L’occasion selon le président de couper l’herbe sous le pied à ceux qui veulent attirer les enfants pour leur apprendre l’arabe dans des associations et leur proposent le pire. « L'arabe, mais aussi beaucoup d'autres langues sont la richesse même de nos enfants, de leurs familles », a-t-il souligné. « Nous devons savoir, dans notre République, les reconnaître, les exalter, les faire vivre, dans le cadre républicain de manière extraordinairement décomplexée ».
Si ces mesures ont réjoui certains, d’autres s’indignent et considèrent que l’intégration n’intervient que par l’enseignement du français et non pas de l’arabe.
Par ailleurs, l’expression « Islamisme radical » était cette autre faute qu’on a reproché à E. Macron, considérant que l’islamisme est intrinsèquement radical et qu’il n’y a pas d’Islamisme modéré.
Difficile de ménager le loup et l’agneau à la fois mais le président français a plus qu’un tour dans son escarcelle.
Macron insiste sur le fait sécuritaire et promet d’«assurer une présence républicaine au bas de chaque tour, au bas de chaque immeuble, (…) avec sur le terrain des magistrats, des greffiers, des juges, parfois des volontaires qui viendront aider dans des tâches de proximité », et bien évidemment policiers et gendarmes seront mis à contribution de ce programme.
« Peu mieux faire ! », telle est souvent la réponse à la batterie de mesures annoncée par le président même si tout le monde a salué sa décision de surveiller de plus près la formation des imams et des lieux de culte.
Mais Macron veut avancer surtout « là où nous avons reculé », pour « redonner du sens collectivement en permettant à notre justice de retrouver les moyens de répondre vite, de manière adaptée, pour que tout retrouve un sens, pour la victime comme pour le fauteur de troubles, comme pour nos forces de sécurité », a-t-il martelé.
A côté du volet sécuritaire, le président français a opté pour plus d’ouverture sur l’Islam des lumières et veut favoriser la recherche dans ce sens. « Nous soutiendrons à hauteur de 10 millions d'euros les initiatives qui seront prises par la Fondation pour l'islam de France en matière de culture, d'histoire et de sciences », a affirmé le chef de l’Etat qui propose de développer des études islamiques de haut niveau à l'université. « J'ai décidé que nous allons créer un institut scientifique d'islamologie. Nous créerons des postes supplémentaires dans l'enseignement supérieur pour continuer le travail en matière de recherche sur la civilisation musulmane, mais aussi sur le bassin méditerranéen et l'Afrique ».
Malgré cela, pour Al-Azhar, haute autorité religieuse et référence de l’Islam sunnite, Macron stigmatise les Musulmans et ses propos ont été jugés racistes. « De telles déclarations racistes sont de nature à enflammer les sentiments de 2 milliards de musulmans dans le monde ». Il a appelé, par ailleurs, à cesser les attaques contre les religions.
Pourtant si Macron s’attaque à l’Islamisme –comme d’ailleurs dans beaucoup de pays arabes qui font face à ses dérives- il invite à la réflexion et à la recherche sur l’Islam ce qui ne peut qu’éclairer la société française dans toutes ses composantes qu’elle soit musulmane, athée ou attachée aux valeurs chrétiennes.
Il n’y a pas de choc des civilisations, avait dit l’intellectuel algérien Mohamed Arkoun, il y a en revanche, le choc des ignorances et c’est à cela que la France doit faire face.