Nous ne voulons pas apprendre, pourquoi ?

AFP/MAHMUD HAMS - Des milliers de personnes, israéliennes et palestiniennes, ont été tuées depuis le 7 octobre 2023, après que des militants palestiniens du Hamas basés dans la bande de Gaza ont pénétré dans le sud d'Israël lors d'une attaque surprise qui a poussé Israël à déclarer la guerre au Hamas à Gaza le 8 octobre 2023.

J'ai éteint mon ordinateur pour me reposer. L'immense fenêtre de la pièce où je suis assise me montre un merveilleux coucher de soleil. Aussi incroyable que ceux de ma terre natale de La Mancha, bien que différent. Une autre lumière, un autre environnement, peut-être même un autre regard. Je suis loin de chez moi, de mes amis, de mon monde. 

Le soleil est une boule parfaite peinte en rouge qui diminue d'intensité lorsqu'il commence à se cacher parmi les palmiers. Au loin, pendant quelques secondes, on entend l'adhan, l'appel à la prière. Le muezzin récite comme je l'imagine sur le minaret d'une mosquée voisine. Je prie moi aussi en silence. 

Le silence, le calme de l'instant, semble transformer cette image en tableau. Il y a tant de beauté enfermée dans cet instant ! Il est facile de s'isoler de tout, du bruit, des circonstances, de sa propre vie. Croire que l'on marche sur les eaux d'un fleuve tranquille, que l'on entend le murmure de la mer, que le vent murmure une douce mélodie alors que ce cercle rouge commence à se cacher comme un enfant timide lors d'une fête d'anniversaire.  

Des minutes de contemplation, étrangères à l'existence, proches de cette autre réalité qui éclipse celle qui nous préoccupe le plus. 

Le soleil se couche pour laisser place au début de l'obscurité de la nuit. Sombre, comme le moment international que nous vivons. J'imagine la carte et j'ai envie de pleurer comme une petite fille avec sa poupée cassée, comme tant de petits qui subissent la plus misérable des décisions : la guerre. Et, une fois de plus, j'ai mal. La douleur de tant de blessures. Elle blesse la colère, la vengeance, le fait de ne pas apprendre, de ne pas vouloir le faire. 

Non, nous n'apprenons pas. Nous ne voulons pas apprendre, pourquoi ? 

Nous répétons l'histoire. Et ce 21e siècle commence à ressembler trop à la première moitié du siècle dernier qui a apporté tant de mal. Nous trébuchons sur les mêmes pierres, et au lieu de les enlever, nous les laissons à nouveau sur la route où nous repasserons, où d'autres reviendront. Tomber, maintenant, ne signifie pas se relever et aller de l'avant. Tomber, c'est détruire. Tomber, c'est mourir. 

Nous semons pour récolter la haine et la vengeance. On est ici ou on est là-bas. Les voix des uns et des autres, leurs raisons convaincantes d'agir, leurs messages divers, leurs histoires passées, leurs vérités et leurs mensonges, leur culpabilité et leur innocence, leurs éternelles rivalités... se plantent comme des couteaux fraîchement aiguisés sans laisser la possibilité de se sauver, de respirer. 

Nous sommes des marionnettes dont les ficelles ne sont tirées que par quelques-uns. Des poupées qui tombent, qui se cassent, qui brûlent, qui disparaissent... Des marionnettes qui se produisent sur une scène devant l'impuissance et la désolation du public.  

Le Hamas est une organisation terroriste qui a tué plus de 250 personnes et en retient 220 autres en otage. Nous n'oublions pas, comment oublier le début de cette nouvelle atrocité ? Mais les Palestiniens ne sont pas des terroristes, et encore moins des enfants. Les images de ces petits dans les bras, enveloppés dans des draps blancs pour être enterrés, oppressent l'âme. Des enfants morts, plus de 2 000, orphelins, abandonnés, perdus... Des femmes aussi, des jeunes, des civils innocents. 

Les grands se disputent dans les bureaux. Les plus vulnérables sont oubliés dans les décombres, errant dans les rues à la recherche d'une issue. Les kidnappés tremblent en comptant les heures, les jours, alors qu'ils vivent dans l'horreur, la peur et l'incertitude. Nombreux sont ceux qui profitaient d'un concert pour la paix. Est-ce trop demander que de retrouver la raison, le dialogue, la paix ? Je sais que c'est le cas. 

Je me demande ce que signifie gagner une guerre. Les cœurs brisés en mille morceaux ne se réparent jamais. Peu importe où ils ont été brisés, que ce soit dans le camp qui a gagné ou dans celui qui a perdu. 

Demain, de ma fenêtre, je verrai un autre beau coucher de soleil... et les guerres continueront.