L'Initiative de l'Atlantique marocain : une vision stratégique pour le développement des pays africains du Sahel
Les pays sans littoral sont confrontés à de nombreux défis économiques qui les placent dans une position critique sur la carte commerciale mondiale, car ils sont pénalisés par des coûts de transport élevés, supérieurs de 74 % à la moyenne mondiale, ainsi que par d'importants retards dans le transport des marchandises, qui peuvent prendre deux fois plus de temps que dans les pays côtiers. Cette réalité difficile se traduit par une part modeste de 1,2 % du volume du commerce mondial, ce qui rend l'intégration de ces pays indispensable pour garantir leur intégration effective dans le système économique international. Dans ce contexte, l'initiative atlantique lancée par le Maroc constitue une solution stratégique visant à surmonter ces obstacles en donnant aux pays africains sans accès à la mer un accès à l'Atlantique, ce qui ouvre de nouveaux horizons pour le développement économique et l'intégration régionale.
Dans un contexte mondial similaire, de multiples initiatives régionales et internationales démontrent l'efficacité des solutions visant à relier les pays enclavés aux marchés mondiaux. En Asie, l'initiative chinoise « Belt and Road » relie des pays comme l'Afghanistan aux mers par des corridors terrestres, tandis qu'en Amérique du Sud, le bloc Mercosur s'efforce de relier la Bolivie et le Paraguay aux océans. En Europe, les pays enclaves bénéficient du réseau européen des corridors de transport (RTE-T). En Afrique, le corridor Lupito est un exemple remarquable de ce type d'initiative, reliant les régions riches en minerais de la République démocratique du Congo et de la Zambie au port angolais de Lupito, sur l'Atlantique, et soulignant l'importance de la coopération internationale pour surmonter les défis géographiques. Au nord du continent africain, l'Initiative royale pour promouvoir l'accès des pays du Sahel à l'océan Atlantique est un projet de civilisation visant à fournir un port maritime aux pays africains du Sahel (Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad) via l'océan Atlantique, qui comptent parmi les pays en développement les plus enclavés (PDS). Ces projets, outre le Réseau transafricain de corridors terrestres, contribuent à promouvoir l'intégration régionale, à faciliter la circulation des marchandises entre les États et à garantir leur libre accès aux eaux internationales.
L'Initiative royale pour promouvoir l'accès des pays du Sahel à l'océan Atlantique représente aujourd'hui un investissement dans l'avenir commun et fournit un modèle pratique pour transformer les défis géopolitiques en opportunités de coopération, fondé sur un héritage historique solide et des liens fraternels bien établis.
Avec l'interdépendance du commerce mondial et le chevauchement des intérêts géopolitiques, l'Initiative royale pour promouvoir l'accès des pays du Sahel à l'océan Atlantique apparaît comme l'une des visions stratégiques les plus ambitieuses et les plus influentes du continent africain et du monde. L'Initiative royale n'est pas seulement un plan logistique à dimension technique visant à faciliter la circulation des marchandises et à servir des intérêts commerciaux étroits. Il s'agit d'un projet transformateur multidimensionnel ancré dans l'histoire commune des peuples de la région, qui envisage l'avenir et cherche à redessiner la carte de l'intégration régionale en Afrique de l'Ouest et dans la région du Sahel, à travers une vision ambitieuse et réaliste, qui vise à transformer les défis géographiques en opportunités économiques et à jeter les bases d'une coopération Sud-Sud fondée sur des intérêts communs et la souveraineté indépendante.
En ce sens, on peut dire que l'initiative atlantique n'est que l'aboutissement des relations historiques et géographiques profondes qui unissent le Maroc aux pays du Sahara et du Sahel à travers les siècles, et qu'elle constitue une renaissance des anciens corridors et routes civilisées entre les peuples africains. La participation du Maroc sur le continent africain a connu une transformation majeure depuis l'accession au trône du roi Mohammed VI, cette transformation se caractérisant par une stratégie plus ouverte et multilatérale, axée sur une coopération Sud-Sud forte, où le potentiel du présent est investi pour relever les défis du passé et de l'avenir, à commencer par l'isolement géographique des pays du Sahel, qui se traduit par des coûts logistiques élevés représentant 30 à 40 % de la valeur de leurs importations, jusqu'aux risques modernes tels que l'extrémisme, le terrorisme et le changement climatique.
L'Initiative royale vise à donner aux pays africains du Sahel débloqués (Mali, Niger, Burkina Faso et Tchad) un accès stratégique à l'océan Atlantique grâce aux infrastructures marocaines. L'initiative comprend de grands projets tels que le port atlantique de Dakhla, qui sera achevé en 2028, un réseau routier et ferroviaire pour faciliter le commerce, ainsi que le projet structurel de gazoduc Nigeria-Maroc, qui visent tous à renforcer la position du Maroc en tant que centre logistique essentiel dans la région. L'initiative vise également à mettre le réseau routier marocain à la disposition des pays du Sahel, tout en estimant le coût de la construction d'un corridor terrestre transsaharien multidimensionnel intégré et complet, reliant le Maroc, la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad, en intégrant les infrastructures logistiques (routes, ports, aéroports, chemins de fer) aux infrastructures numériques (fibre optique), de manière à améliorer les possibilités d'innovation et à ouvrir de nouveaux horizons dans les domaines du commerce électronique, de la facilitation des transactions, de la logistique et des communications. J'espère qu'il sera baptisé « corridor Mohammed VI pour la liaison continentale - Atlantique ».
Dans un contexte parallèle, le rôle stratégique de la Fondation de l'Émirat des Fidèles, sous la direction du Roi Mohammed VI, représente une dimension spirituelle, culturelle et civilisationnelle fondamentale dans l'Initiative royale pour promouvoir l'accès des États du Sahel à l'océan Atlantique, où sa portée dépasse les aspects purement économiques et logistiques pour établir un partenariat fondé sur la solidarité et la confiance mutuelle. À travers le cadre de l'institution de l'Émirat des Fidèles, qui défend les valeurs de modération et de modération, les liens religieux et historiques entre le Maroc et les peuples de la région sont renforcés, créant une base solide de cohésion spirituelle indissociable du développement économique. L'Émirat des Fidèles joue un rôle fondamental dans la sécurité spirituelle des peuples de la région en combattant la pensée extrémiste et les idées destructrices par la diffusion des valeurs de tolérance et de coexistence pacifique, garantissant ainsi la durabilité de l'initiative et la réussite de ses objectifs humanitaires et civilisationnels.
L'initiative atlantique contribue à la consolidation de la stabilité politique dans la région du Sahel, car le développement économique crée des opportunités d'emploi et réduit les motivations de la migration illégale et de l'adhésion à des groupes armés et extrémistes.
Au niveau stratégique, l'initiative atlantique contribue à la consolidation de la stabilité politique dans la région du Sahel en s'attaquant aux défis communs en matière de sécurité, car le développement économique crée des emplois et réduit les motivations de la migration illégale et l'adhésion à des groupes armés et extrémistes. Parallèlement, cette initiative s'inscrit dans la stratégie du Maroc visant à s'imposer comme une « puissance régionale » sur la scène mondiale, et repose sur les principes de solidarité, d'intégration, de respect et d'avantage mutuel.
La troisième Conférence des pays en développement sans littoral s'est tenue au Turkménistan du 5 au 8 août 2025 et a adopté le Programme d'action d'Awaza (2024-2034), qui met l'accent sur l'amélioration des infrastructures, la diversification de l'économie et la promotion de la technologie et de l'innovation afin d'aider ces pays à parvenir à un développement durable. Dans un contexte similaire, l'Initiative royale marocaine pour l'accès des pays du Sahel à l'océan Atlantique est apparue comme un modèle de premier plan, en parfaite adéquation avec les axes de ce programme, en apportant une solution pratique au problème de l'isolement géographique et en soutenant le développement économique. La nomination de l'Ambassadeur Omar Hilale, Représentant permanent du Royaume du Maroc auprès des Nations unies, à la vice-présidence de la Conférence, est une reconnaissance internationale du rôle et des efforts du Maroc dans ce domaine, et confirme que l'initiative atlantique représente une contribution effective à la réalisation des objectifs du programme d'Awaza.
Dans le même esprit politique et diplomatique, l'Initiative de l'Atlantique africain, connue sous le nom de « Série de Rabat des États africains de l'Atlantique », lancée par le Maroc en 2023, constitue un cadre stratégique intégré visant à transformer l'espace atlantique en une zone de paix et de prospérité, en renforçant la coopération entre les pays africains riverains de l'océan Atlantique. Cette initiative repose sur trois axes principaux : le dialogue politique et sécuritaire pour relever les défis communs, la promotion de l'économie bleue et de la connectivité maritime, et la coopération dans le domaine du développement durable et de la protection de l'environnement. Ce faisant, cette initiative souligne le rôle fondamental du Maroc en tant que pont entre l'Afrique et le monde atlantique, et jette les bases d'un partenariat efficace entre les pays du Sud.
L'Initiative royale pour promouvoir l'accès des nations du Sahel à l'Atlantique représente aujourd'hui un investissement dans l'avenir commun, offrant un modèle pratique pour transformer les défis géopolitiques en opportunités de coopération, fondé sur un héritage historique solide et des liens fraternels bien établis, et bénéficiant d'un soutien et d'une reconnaissance internationaux. Il ne s'agit donc pas seulement d'un projet économique, mais d'une vision globale qui décrit un avenir plus stable et plus prospère pour la région et confirme la position du Maroc en tant qu'acteur clé dans la réalisation du développement régional et international. L'Initiative royale a certainement une dimension historique et civile profonde, car elle constitue une renaissance moderne du rôle historique du Maroc en tant que porte d'entrée de l'Afrique sur le monde.
Tout comme les routes commerciales transsahariennes étaient autrefois des artères vitales pour les échanges culturels et commerciaux, depuis l'ancienne Ghana, Tombouctou, Java, Genie, Kno, Odagust et Touat, jusqu'à Seglmassa, Aghmat, Marrakech, Meknès, Fès, Ceuta et Tanger, l'initiative d'aujourd'hui investit dans cet héritage historique en développant une infrastructure moderne qui relie les pays du Sahel à la côte atlantique du Maroc, via le port atlantique de Dakhla et le port atlantique de Laayoune, et ouvre les portes du monde sans restrictions.
Al-Buraq Shadi Abdulsalam, écrivain et chercheur marocain
Article publié dans Al Arab