L'Afrique, première victime du changement climatique
Personne n'est à l'abri des effets du changement climatique sur la planète, mais l'Afrique subsaharienne est sans aucun doute la région où les problèmes qu'il engendre sont les plus inévitables et les plus pressants pour la vie de ses habitants. Le plus grave d'entre eux est causé par des températures sans précédent, qui battent tous les records universels mesurés en degrés, et qui non seulement dépassent la résistance humaine, mais anéantissent également l'espoir vital qui permet d'éviter la destruction des cultures agricoles.
La sécheresse incessante, qui se poursuit année après année, empêche les seules ressources naturelles qui restent dans de nombreux villages pour nourrir des centaines de milliers d'habitants de prospérer : les plantations de légumineuses ou de céréales se flétrissent presque avant de naître, et les animaux domestiques - comme, dans une large mesure, les animaux sauvages - meurent d'épuisement par manque de pâturage et, dans de nombreux cas, de soif. Les parcs naturels s'assèchent.
Pour s'approvisionner en eau potable, sans parler des autres produits de première nécessité qui font défaut, les femmes de certaines tribus en particulier doivent marcher des dizaines de kilomètres par jour avec des jerrycans sur les épaules. Mais la sécheresse dont témoignent les images que nous voyons à la télévision ne crée pas seulement des situations humainement dramatiques. Elle est aussi, dans une large mesure, à l'origine de conflits politiques et terroristes qui causent des pertes humaines et de l'instabilité.
La misère qui en découle est l'une des attitudes de rébellion dont souffrent plusieurs pays où les jeunes, en particulier, n'ont que l'alternative du risque de s'embarquer sur un bateau, défiant les vagues pour émigrer à la recherche d'autres horizons moins dramatiques. Vivre en demandant de l'aide aux clients à la porte des supermarchés est moins dur que de passer des semaines à endurer la faim et même la soif sans voir la fin de leur malheur.
Parmi les pays les plus touchés par la sécheresse, contre laquelle il n'y a pas d'alternative, les dix pays les plus en difficulté se trouvent en Afrique. Les experts qui suivent l'évolution de la situation, comme la propagation du djihadisme, concluent qu'il s'agit plus d'une réaction politique que religieuse. La foi que le djihadisme répand crée une illusion. Les jeunes, en particulier, sont plus enclins à croire aux promesses d'amélioration de leur avenir, voire de leur présent, avec les théories d'organisations telles que Boko Haram.
Cette secte violente, apparue il y a douze ans au Nigeria où elle a mené des actions terroristes atroces, des tueries de masse aux enlèvements massifs d'enfants, loin d'être vaincue par les forces armées déployées à leur poursuite dans le nord, continue de se répandre surtout dans les pays frontaliers autour du gigantesque lac Tchad, où l'espoir fanatique est que l'eau augmentera malgré l'absence de pluie. Outre le Tchad et le Nigeria, ces pays comprennent le Cameroun, le Niger, le Mali et le Burkina Faso.
Dans ces deux derniers pays, les conflits créés ont déjà pris le contrôle anarchique du pouvoir. Mais il faut ajouter que le problème touche tout le Sahel, tout le sud du Sahara, la zone la plus désespérée. La Croix-Rouge et l'ONU elle-même, ainsi que les ONG qui travaillent dans ces territoires, ont déjà alerté sur les problèmes et les dangers qui s'y accumulent et pour lesquels personne, aucune puissance occidentale, hormis la pénétration acharnée de la Chine qui cherche son avantage, ne peut trouver, si tant est qu'elle en trouve une, une solution à un problème que le temps aggrave de minute en minute.