L'Argentine vote sous l'effet d'une inflation galopante

PHOTO/AFP/JUAN MABROMATA - Le ministre argentin de l'Économie et candidat à la présidence pour le parti Union pour la patrie, Sergio Massa, donne une conférence de presse à la presse étrangère à Buenos Aires le 23 octobre 2023, un jour après avoir remporté le premier tour de l'élection présidentielle

Dimanche, 38 millions et demi d'Argentins sont appelés aux urnes - le vote est obligatoire à partir de 18 ans - pour élire le président qui gouvernera le pays pendant les quatre prochaines années. Il s'agit du deuxième et dernier tour électoral - le système est une démocratie présidentielle - où s'affrontent les deux candidats arrivés en tête des élections primaires d'octobre : Javier Milei, 58 ans, économiste ultra-libéral ou leader d'extrême droite comme on le qualifierait en Europe, et Sergio Massa, 37 ans, péroniste, de gauche modérée, très controversé, et actuel ministre de l'économie.

L'élu devra faire face à un problème commun à l'Argentine, l'inflation galopante qui a atteint 143 % depuis le début de l'année. En réalité, l'inflation n'est pas un phénomène nouveau ; c'est une constante du pays qu'aucun des gouvernements démocratiques des dernières décennies n'a réussi à juguler. Comme il est logique, les deux candidats proposent des solutions contradictoires : celle de Milei, radicale et sans précédent, et celle de Massa, plus réfléchie, sans qu'aucune d'entre elles ne garantisse qu'elle résoudra le problème, du moins d'après les analyses des experts.

On ne sait pas non plus lequel des deux candidats est le favori. Au premier tour, Massa a obtenu 37 % des voix et Milei 30 %, mais le soutien d'autres partis a bouleversé les sondages. Les derniers sondages indiquent quelques dixièmes de points de pourcentage de moins pour le péroniste, qui, en outre, doit supporter le poids de son administration actuelle. Le doute est renforcé par le pourcentage élevé d'abstentions dont font état les sondés. 

Massa a deux facteurs en sa faveur qui sont considérés comme cruciaux :

Le premier est sans aucun doute l'ancrage de la tradition péroniste qui existe en Argentine depuis les années 1940, lorsque le presque mythologique Juan Domingo Perón a gouverné pendant une période de prospérité que l'histoire attribue aux exportations vers l'Europe pendant la Seconde Guerre mondiale. D'autre part, la peur que la proposition fasciste de son adversaire suscite dans les milieux intellectuels et culturels de la capitale, Buenos Aires, et de ses environs, qui représentent un tiers des électeurs.

Au contraire, Milei capitalise sur le mécontentement populaire et l'incertitude que génère l'inflation. Les niveaux de pauvreté sont très élevés et, dans la classe ouvrière, la principale plainte, source de fréquentes manifestations publiques, concerne les bas salaires aggravés par l'inflation qui réduit chaque jour le pouvoir d'achat et accentue les inégalités sociales que les deux candidats promettent d'équilibrer, bien que l'opinion générale qualifie cette promesse de pure démagogie électorale.