Les armes acoustiques, une nouvelle capacité technologique militaire ?
Les armes acoustiques (également appelées armes soniques ou ultrasoniques, USW) sont des dispositifs qui utilisent l'effet des ondes sonores afin de tuer, blesser ou neutraliser l'ennemi. Aujourd'hui, il existe déjà des instruments qui peuvent être qualifiés d'"armes acoustiques". Le plus connu est sans doute le dispositif acoustique à longue portée (LRAD) utilisé par les forces de sécurité américaines. Cet appareil est capable de diriger une impulsion hautement concentrée et contrôlée d'ondes soniques de telle manière que l'utilisateur de l'arme et les personnes autour de la cible sont pratiquement indemnes.
Dans le domaine du contrôle de masse et du déni de zone, ces dispositifs sont idéaux. En plus d'être utilisés comme dispositifs de sonorisation, ils peuvent également servir d'armes non mortelles pour disperser ou neutraliser des cibles grâce à l'utilisation de sons de haute intensité. De fortes concentrations d'ondes sonores (près de 120 dB) peuvent provoquer des nausées et des malaises, tandis que des concentrations extrêmement élevées (supérieures à 140 dB) provoquent des douleurs, une confusion, une désorientation et peuvent même causer des lésions auditives internes graves et permanentes. Une exposition sévère et prolongée peut également entraîner des spasmes musculaires, voire des anomalies dans le fonctionnement des systèmes nerveux central et cardiovasculaire, ainsi que dans le système respiratoire.
Cependant, l'application de ces principes à la guerre conventionnelle n'est pas particulièrement pratique, du moins avec la technologie actuelle. Il y a deux raisons à cela :
- Ces armes sont généralement des dispositifs relativement encombrants et lourds, ce qui limite leur mobilité. Un LRAD standard, par exemple, pèse environ 30 kg.
- Il est rare qu'un son puisse causer la mort ou une incapacité extrême ; du moins pas avec la rapidité et la fiabilité qui seraient nécessaires dans un conflit, car il faudrait des niveaux de décibels très élevés ou des expositions très longues pour causer des dommages potentiellement mortels. Ce sont des armes contre lesquelles il est relativement facile de se protéger avec de simples équipements auditifs, comme des casques ou des bouchons d'oreille.
Cette utilisation pourrait constituer une violation du droit humanitaire international pour deux raisons :
- L'article 35 du Protocole I additionnel aux Conventions de Genève précise que "l'emploi d'armes (...) de nature à causer des blessures superflues ou des souffrances inutiles est interdit". On peut donc se demander si les armes acoustiques peuvent répondre à l'exigence de "nécessité militaire", c'est-à-dire tuer ou mettre hors d'état de nuire l'ennemi, sans causer de souffrances inutiles. À la lumière des considérations ci-dessus, cela semble peu probable.
- La Convention sur certaines armes classiques, signée et ratifiée par l'Espagne, interdit dans son protocole IV l'utilisation d'armes à laser conçues pour aveugler l'ennemi de façon permanente. Il n'est pas déraisonnable de faire une analogie avec les armes acoustiques, qui pourraient facilement provoquer une surdité permanente.
Les États-Unis et la Chine ont déjà mis au point de tels dispositifs. Indépendamment de la question de savoir si ces armes acoustiques deviendront pratiques dans le cadre d'une confrontation conventionnelle, elles sont certainement révélatrices de la vitesse à laquelle la technologie militaire progresse, et constituent un signal d'alarme invitant les pays à rester en tête de la courbe.
Dans le cas de l'Espagne, l'intérêt pour les armes acoustiques semble limité, voire inexistant. La stratégie en matière de technologie et d'innovation de défense (ETID 2020) fait seulement allusion dans son annexe A, point 1.1.1. aux "munitions à effet acoustique" en tant que ligne de RDI d'intérêt, mais sans rien préciser d'autre à cet égard. Compte tenu de la situation économique et socio-sanitaire actuelle, il serait utopique de souhaiter un plus grand investissement dans la défense. La meilleure option serait donc de collaborer avec ses alliés, tant au niveau de l'OTAN que de l'Union européenne, afin de partager le poids des dépenses sur les programmes, et de travailler ensemble sur la recherche et le développement de nouvelles technologies appliquées à la Défense.
Edgar Jiménez. Articlo30