Après COVID-19, l'avenir de l'Union se trouve dans la Conférence sur l'avenir de l'Europe
Après un an de retard dû au COVID-19 et aux divergences entre les institutions, notamment sur la figure de Guy Verhofstadt, la Conférence sur l'avenir de l'Europe (CoFoE) a été convoquée le 10 mars par les trois présidents des institutions, le Parlement européen, le Conseil de l'UE et la Commission européenne. Il s'agit de dialoguer et de faire des propositions entre les représentants des institutions, de la société civile et des citoyens, afin d'améliorer le fonctionnement de l'Union européenne et, si nécessaire, de réformer l'Union, afin de garantir, à moyen terme, le bien-être des citoyens et le développement de leur citoyenneté et de leurs droits.
Suite à la pandémie qui est arrivée il y a un an, l'Union européenne, à travers ses institutions, a adopté des engagements de portée fédérale qui n'étaient pas attendus et qui produisent des progrès très considérables, non seulement d'un point de vue sanitaire mais aussi pour faire face à la crise économique et sociale qui l'a accompagnée ; malgré le retard initial de trois semaines de perplexité dans lesquelles chaque gouvernement de chaque État suivait sa propre voie.
Je fais notamment référence au plan de relance et au Fonds européen pour les nouvelles générations, qui impliquent un progrès fédéral, puisque la répartition du fonds est basée sur les besoins et non sur une logique intergouvernementale qui serait basée sur le pourcentage de la population ou du PIB. Cela signifie que, sur les 750 milliards d'euros, l'Espagne recevra 140 milliards d'euros et l'Italie 210 milliards d'euros, car ce sont les pays qui ont le plus souffert lors de la première vague de la pandémie. Alors que les Pays-Bas, dont le PIB est similaire à celui de l'Espagne, ne recevront que 3,5 milliards d'euros.
La manière dont ce financement est obtenu est également fédérale, puisqu'il se fait par le biais d'un prêt conjoint de l'Union européenne dans son ensemble, et non par l'intermédiaire des États membres. L'intervention de la Banque centrale européenne a également été fédérale dans la mesure où elle a débloqué tous les fonds nécessaires à des taux d'intérêt minuscules, sans pratiquement aucune contrepartie. Dans le même ordre d'idées, je comprends également que le quasi-double emploi du Cadre financier pluriannuel et des décisions relatives à l'achat et à la distribution des vaccins est fédéral.
Face à cette réalité, la Conférence sur l'avenir de l'Europe formule les propositions nécessaires pour que ces décisions de facto se transforment en une articulation "de iure" dans laquelle, à l'avenir, il est garanti que, grâce à une extension des compétences et à une réforme des institutions, ces avancées qui consolident la société de bien-être et les droits de la citoyenneté pourront se poursuivre.
La conférence durera un peu moins d'un an, du 9 mai 2021 au printemps 2022, car la présidence française souhaite que des propositions soient faites avant les élections présidentielles françaises du printemps. Je crois que ce raccourcissement de la Conférence de deux ans à moins d'un an est dans l'intérêt de l'Europe, certainement dans l'intérêt de la France, mais peut-être aussi dans l'intérêt de l'Espagne, car cela signifiera que la présidence espagnole du second semestre 2023 sera le moment où la réforme des traités sera achevée.
Nous espérons que dans la composition du CoFoE, il y aura un équilibre entre les représentants des institutions et ceux de la société civile sur un pied d'égalité, comme l'a souligné la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, dans son discours d'investiture au Parlement européen le 17 juin 2019. En incluant également les partenaires sociaux, les citoyens et avec une participation spéciale des jeunes comme le reflète l'appel, puisque l'objectif est d'écouter leurs propositions et, entre les deux sensibilités, de proposer des réformes qui consolident une Union européenne plus proche des citoyens.
Nous sommes d'accord avec la déclaration interinstitutionnelle du 10 mars sur la conférence sur l'avenir de l'Europe, qui stipule qu'un nouvel espace de débat avec les citoyens sera ouvert pour aborder les défis et les priorités de l'Europe, que les citoyens européens de tous horizons et de tous les coins de l'Union pourront y participer et que les jeunes Européens joueront un rôle central dans l'élaboration de l'avenir du projet européen.
Francisco Aldecoa Luzárraga
Président du Conseil fédéral espagnol du Mouvement européen
Professeur de relations internationales à l'université Complutense de Madrid.