L’ancien premier ministre : Les dynasties vieilles de 2 500 ans sont-elles revenues lorsqu'un fils succède à son père ?

Alí Jamenei

Le site Zeitun est proche de Mirhossein Mousavi, l'ancien premier ministre de 1960 à 1968, qui est toujours en résidence surveillée. Il y a quelques mois, il a inclus des fragments d'une introduction écrite par Mirhossein Mousavi pour un livre sur le soulèvement de 1988. Dans le texte, il comparait des déclarations faites il y a des années et il aurait réagi à propos du possible successeur d'Ali Khamenei, son fils Mojtaba Khamenei.

Le nom de Mojtaba Khamenei n'est pas mentionné dans les lignes de Mousavi sur le site Zeitoun, mais l'ancien premier ministre a écrit: "Les dynasties royales vieilles de 2 500 ans sont-elles revenues au point qu'un fils puisse régner après son père ?". Faisant référence à un discours du fondateur de la République islamique sur qui critiquait les "dynasties impériales", il a ajouté : "La rumeur de cette conspiration est entendue depuis treize ans. S'ils n'est pas ainsi, pourquoi ne nient-ils pas une fois une telle intention ?" 

Dans les cercles de Téhéran, on dit que la nomination de l'actuel président, Ebrahim Raisi, impliqué dans le massacre des prisonniers politiques en 1988, a poussé le Guide suprême Ali Khamenei à abandonner ses plus proches alliés, comme l'ancien président du parlement (Majlis), principalement pour avoir les coudées franches dans les affaires nucléaires et pour réprimer les révoltes, il lui fallait donc quelqu'un de totalement obéissant. Mais il pourrait y avoir une autre raison, à savoir que son fils Mojtaba pourrait devenir prince héritier après sa mort.  

Khamenei n'a qu'une seule ligne rouge et c'est de maintenir le gouvernement a tout prix, même s'il est hérité et qu'il continuera dans sa famille après sa mort. 

Il est très naïf d'imaginer que Khamenei, dont la seule préoccupation est de maintenir le gouvernement, acceptera un accord nucléaire, qui protégera non seulement les intérêts du peuple iranien mais aussi ceux des peuples du Moyen-Orient et du monde. Pour la simple raison que Khamenei veut depuis longtemps le pouvoir nucléaire pour sa survie, et qu'il est déterminé à l'obtenir au prix d'une pauvreté sans précédent du peuple iranien et de l'isolement mondial du pays civilisé qu'est l'Iran. 

Par conséquent, comme au cours des vingt dernières années, depuis 2002, lorsque les deux sites nucléaires du régime ont été révélés lors d'une conférence de presse eaux États-Unis par le Conseil national de la Résistance iranienne , Khamenei a essayé de diverses manières de cacher tous ses sites et de refuser un accord. 

Au cours des 20 dernières années, la communauté internationale et le régime des Mollahs n'ont cessé de se battre pour déterminer la nature et les fonds secrets du programme nucléaire des Mollahs et leurs efforts pour obtenir des armes nucléaires. 

D'une part, les Mollahs ont eu recours à toutes sortes de tromperies et ont essayé de cacher la réalité à la communauté mondiale afin de pouvoir avancer secrètement les différents aspects de leur sinistre projet et obtenir la bombe atomique. Mais d'autre part, la résistance iranienne et d'autres institutions internationales ont continué à exposer les sites du régime ou ses activités qui ont une dimension militaire. 

Entre-temps, l'Agence internationale de l'Énergie atomique a essayé d'obtenir une réponse spécifique concernant les aspects militaires nucléaires de l'Iran, mais elle a été continuellement confrontée à des obstructions, des tromperies, un manque de transparence, un manque de responsabilité de la part des Mollahs.

A aucun moment et en relation avec n'importe quel site ou partie du projet nucléaire, ce régime n'a été transparent et à chaque fois après les révélations de la résistance iranienne ou d'autres sources et après avoir fait face à des documents et des informations indéniables, avec un long retard certaines dimensions de ce projet ont été reconnues, mais dans le même temps a essayé de garder d'autres dimensions secrètes. Dans de nombreux cas, le régime a clairement détruit et nettoyé des lieux et des projets pour en éliminer les traces. 

Mais, au lieu d'utiliser le langage de la fermeté avec ce régime, surtout après la révélation des scandales, les pays occidentaux ont négocié avec lui - il vaut mieux dire apaisé- et lui ont accordé des concessions importantes. Si à l'époque, au lieu de cette mauvaise approche, une politique ferme avait été adoptée, le programme d'armes nucléaires du régime n'aurait pas suscité autant d'inquiétude aujourd'hui. 

Le régime des Mollahs n'abandonnera pas le projet d'obtenir une bombe nucléaire. Et si aujourd'hui on constate parfois que le régime se rend à la table des négociations, c'est pour réduire la pression mondiale ou pour gagner du temps afin d'atteindre le point de basculement.

Le régime iranien est plus isolé que jamais au sein du peuple iranien. Il considère que la bombe atomique est nécessaire à sa survie. Aujourd'hui, les responsables du régime parlent effrontément de leur intention de construire une bombe atomique. Il faut faire preuve de détermination pour empêcher une dictature fondamentaliste et terroriste de se doter d'armes nucléaires. À cette fin, les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies doivent être relancées et des sanctions globales doivent être appliquées contre le régime. La poursuite sans fin du jeu des négociations permet au régime de gagner du temps pour faire avancer son projet nucléaire. Négocier avec ce régime compromet la paix et la sécurité mondiales. 

Des milliers d'enfants syriens , les populations d'Irak et du Yémen, et actuellement le peuple d'Ukraine, ne paient-ils pas le prix de l'absence d'une politique décisive à l'égard de ce régime fondamentaliste ? 

Hamid Enayat est un politologue, spécialiste de l'Iran, collabore avec l'opposition démocratique iranienne