Ne nourrissez pas le crocodile
Lors des négociations nucléaires en cours à Vienne, le régime iranien a insisté pour que le Corps des gardiens de la révolution islamique (IRGC) soit retiré de la liste américaine des organisations terroristes étrangères (FTO). L'implication depuis quatre décennies de l'IRGC et de sa branche extraterritoriale, la Force Quds (IRGCQF), dans des opérations terroristes a finalement conduit à sa désignation comme FTO en avril 2019.
Lorsque les Gardiens de la révolution ont été créés, les responsables de la République islamique les ont présentés comme une institution militaire et un bras armé de leur gouvernement. C'est le rôle que l'IRGC a joué tout au long de son existence. Et dans le même temps, au fil du temps, l'armée conventionnelle a été affaiblie ou certaines de ses composantes ont été éliminées, mais l'IRGC a été renforcé.
Mais la force des Gardiens de la Révolution a augmenté au cours de son existence. Selon Rouhani, l'ancien président, l'IRGC est devenu un gouvernement armé aux côtés du gouvernement principal.
La force des Gardiens de la révolution s'est accrue au fur et à mesure de leur développement. Selon l'ancien président Rouhani, l'IRGC est devenu un gouvernement armé aux côtés du gouvernement principal.
Par cette évolution, les Gardiens de la révolution sont également passés d'une simple institution militaire à une puissance économique. Elle contrôlerait plus de 60 % de l'économie iranienne. Dans le même temps, l'IRGC est une institution de sécurité puissante et joue donc un rôle important dans l'arène politique.
L'IRGC a été placé pour la première fois sur la liste des ressortissants spécialement désignés et des personnes bloquées (liste SDN) en décembre 2007 pour avoir soutenu les efforts de Téhéran visant à acquérir des armes de destruction massive. Cette liste a été suivie de désignations de sanctions supplémentaires en vertu d'autres autorités légales pour les violations des droits de l'homme et les actes de terrorisme de l'IRGC, et en octobre 2017, le gouvernement américain a désigné l'IRGC comme un terroriste mondial spécialement désigné (SDGT). Cette désignation SDGT a été imposée en vertu de la section 105 de la loi de 2017 sur la lutte contre les adversaires de l'Amérique par les sanctions (CAATSA), qui exigeait que le Bureau de contrôle des actifs étrangers (OFAC) du département du Trésor américain étende les sanctions liées au terrorisme prévues par le décret 13224 aux "personnes étrangères qui sont des officiers, des agents ou des affiliés de l'IRGC."
Depuis 1979, l'utilisation du terrorisme institutionnalisé comme outil d'État est un pilier de la stratégie de survie du régime clérical. Qu'il s'agisse de l'utilisation du Hezbollah au Liban pour bombarder la caserne des Marines américains en 1983, de l'attentat à la bombe contre les tours Khobar en Arabie saoudite en 1996, de l'attentat à la bombe contre le centre communautaire juif en Argentine en 1994, de l'utilisation de drones pour cibler la raffinerie Saudi-Aramco en 2019, de l'abattage d'un vol de passagers ukrainien en 2020, pour n'en citer que quelques-uns, le rôle du CGRI dans le terrorisme d'État direct ou par procuration est bien documenté. Dans bon nombre des exemples ci-dessus, le point commun est le rôle des groupes mandataires recrutés, financés, entraînés et envoyés par l'IRGC et sa force Quds. Le Corps des gardiens de la révolution islamique est au cœur du développement de la technologie nucléaire, des missiles balistiques et des drones, ainsi que de l'entraînement des forces mandataires dans la région.
La désignation FTO a entravé de nombreuses transactions financières étrangères liées à l'IRGC. C'est pourquoi Téhéran a fait de la suppression de l'IRGC de la liste des FTO l'une de ses principales demandes lors des pourparlers de Vienne ; cette désignation a été effective. Elle aurait pu être encore plus efficace si elle avait été complétée par d'autres mesures punitives et sanctions.
L'implication du Corps des gardiens de la révolution islamique dans la recherche et le développement d'armes de destruction massive, ses activités terroristes incessantes visant à fomenter le chaos, la destruction et l'instabilité dans tout le Moyen-Orient, son empire financier pour financer ses activités néfastes à l'intérieur et à l'extérieur de l'Iran, font de cette organisation terroriste une menace mondiale sérieuse. Il ne sera pas très efficace d'arrêter cette menace sans couper les ailes terroristes de l'IRGC. Si l'argent circule sans entrave vers le Corps des gardiens de la révolution islamique, il finira dans les mains du Hezbollah, des Houthis du Yémen, des milices chiites irakiennes et d'autres mandataires.
L'autre fonction principale du Corps des gardiens de la révolution islamique est de servir de principal bras du régime pour écraser la dissidence intérieure et réprimer le peuple iranien, ainsi que pour organiser l'assassinat de dissidents iraniens à l'étranger. La répression à l'intérieur et le terrorisme à l'extérieur sont les deux faces d'une même pièce pour l'IRGC et les fondements de la survie du régime.
Avec le retrait des Gardiens de la révolution de la liste, la crise politique et militaire dans la région va sans doute s'aggraver. Cela pourrait conduire à une répression accrue en Iran et à une augmentation du terrorisme dans la région, ainsi qu'à une plus grande implication de l'Iran dans des pays tels que l'Irak, le Liban, la Syrie et le Yémen.
Tout comme les Gardiens de la révolution ont récemment lancé des attaques contre des pétroliers ou rendu les voies de navigation des pétroliers dangereuses, l'attaque contre l'aéroport des Émirats arabes unis et le lancement de missiles à Erbil, en Irak, ont été menés par le Corps des gardiens de la révolution.