Qui sont les unités de résistance en Iran qui s’inspirent de Jean Moulin ?
- Qui sont ces Unités de Résistance en Iran ?
- Inspirées par Jean Moulin
- La guerre du 7 octobre : Une confrontation avec la jeunesse et les femmes
- Structure des Unités de Résistance
- Impacts internationaux des Unités de Résistance
L’histoire a démontré à maintes reprises que, peu importe la puissance militaire ou le niveau technologique des forces répressives, elles sont incapables de vaincre un mouvement organisé, enraciné dans son peuple et porté par l’idéal de liberté.
La chute de la dictature syrienne illustre parfaitement cette vérité, tout comme les nazis n’ont pas réussi à éteindre la flamme de la Résistance française.
Depuis quelque temps, un nouveau phénomène est apparu dans la lutte du peuple iranien contre la tyrannie. Ce phénomène, appelé les Unités de Résistance, a été créé par les Moudjahidines du peuple d’Iran (OMPI/MEK), principal mouvement d’opposition iranien et membre du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI).
Aujourd’hui, ces unités ont atteint leur maturité. Depuis dix ans, le dictateur iranien déploie tous ses moyens pour empêcher la communauté internationale de découvrir l’existence de ces Unités de Résistance, présentes sur tout le territoire iranien.
Malgré l’emprisonnement et l’exécution de milliers de leurs membres par les mollahs, ces unités continuent de se développer, à la fois en nombre et en influence.
Qui sont ces Unités de Résistance en Iran ?
Chaque Unité de Résistance regroupe des individus de différents milieux sociaux : étudiants, ouvriers, intellectuels, médecins, infirmiers, petits commerçants ou encore d’anciens prisonniers politiques. Conscients des risques qu’ils encourent, les membres des Unités de Résistance risquent leur vie pour faire face à la machine répressive du régime.
La survie de la dictature iranienne, depuis 45 ans, repose sur une répression brutale et des massacres incessants. Avec ses nombreuses agences de renseignement, ses forces militaires et ses organes de sécurité, la théocratie iranienne a réussi à entretenir l’illusion d’un régime invincible, face auquel aucune force intérieure ou extérieure ne pourrait s’opposer.
Les mollahs, grâce à leurs groupes armés par procuration et à leur programme de missiles, ont également semé la peur dans tout le Moyen-Orient. Leur programme nucléaire et leurs activités terroristes transfrontalières ont pour but d’intimider les pays voisins et d’envoyer des messages de terreur, directs ou indirects, jusqu’en Europe.
« Nous triompherons parce que nous sommes plus forts »
Inspirées par Jean Moulin
Face à cette stratégie de la peur, les Unités de Résistance ont su réagir avec courage. Chaque jour, elles s’attaquent à cette politique répressive en incendiant les symboles du régime, en écrivant des slogans contestataires sur les murs et en affichant des bannières et des pancartes dans des lieux publics à travers l’Iran. Ces actions constantes empêchent la peur de s’installer dans la société.
Inspirées par les paroles de Jean Moulin et des héros de la Résistance : « Même lorsque l’ennemi semble invincible, la résistance et l’unité peuvent conduire à la victoire », les Unités de Résistance incarnent cet esprit de résilience et de lutte. Leur succès découle de la flamme allumée par ce que l’on appelle désormais la guerre du 7 octobre.
La guerre du 7 octobre : Une confrontation avec la jeunesse et les femmes
En 2019, le monde a vu émerger la génération des années 2000 lors des soulèvements en Iran. Puis, en 2022, le courage des femmes iraniennes a attiré l’attention internationale.
Khamenei a clairement compris le message de ces deux mouvements : il ne pouvait empêcher cette génération de se révolter. Pour éviter un nouveau soulèvement pouvant entraîner l’effondrement de son régime, Khamenei a orchestré ce que l’on appelle aujourd’hui la guerre du 7 octobre. Mais cette stratégie s’est retournée contre lui, entraînant des conséquences dramatiques : la chute du dictateur syrien, l’affaiblissement du Hamas et du Hezbollah, et d’autres revers qui ont poussé son régime au bord du gouffre.
Structure des Unités de Résistance
Les Unités de Résistance ont vu le jour en 2014, grâce à l’initiative du quartier général de l’OMPI. Ces unités sont souvent appelées la Génération Principielle. Elles perpétuent l’héritage des résistants de l’été brûlant de 1988, lorsque des prisonniers politiques ont refusé de renier leur engagement pour la liberté et la démocratie face aux pressions du régime.
Ces héros ont dit non aux croyances rétrogrades de Khomeini, fondateur de la République islamique, mais 30 000 d’entre eux — dont 90 % étaient membres de l’OMPI — ont été exécutés sur ordre de ce dernier. Malgré cette tragédie, les Unités de Résistance, également appelées Centres de Rébellion, maintiennent aujourd’hui vivante la flamme de la lutte pour la liberté.
Caractéristiques des Unités de Résistance
• Structure flexible et évolutive :
Les Unités de Résistance regroupent trois membres ou plus, issus de leur quartier ou ville d’origine. Grâce à leurs liens sociaux, elles s’étendent, se multiplient et assurent leur propre sécurité.
• Briser le cycle de la peur :
Leur principale contribution a été d’empêcher la peur de dominer la société. Par exemple, après la répression violente du soulèvement de 2009, il n’y a eu aucun autre soulèvement significatif pendant huit ans. Cependant, en 2019, 1 500 jeunes ont été tués par des tirs directs sur ordre du dictateur. Malgré cela, les Unités de Résistance ont poursuivi leurs activités, même durant la pandémie de COVID-19, lorsque Khamenei a interdit l’importation de vaccins fiables.
• Unification des slogans :
Les Unités de Résistance ont réussi à unifier les slogans des soulèvements, en les orientant directement contre le dictateur. Des messages comme « Ni Shah, ni Mollah » ont permis de neutraliser les efforts du régime visant à détourner l’attention de sa chute inévitable.
• Défis sécuritaires :
Le régime iranien a déployé des caméras de surveillance pour identifier et capturer les membres des Unités de Résistance. Malgré cela, ces unités continuent leurs actions, souvent menées de nuit.
Impacts internationaux des Unités de Résistance
Les Unités de Résistance se comptent comme les forces d’une alternative démocratique en Iran, représentée par le CNRI. Elles réduisent à néant la propagande du régime, qui prétend qu’un changement en Iran mènerait au chaos ou à une guerre civile.
« Nous sommes plus forts que les exécutions et les massacres »
Quelques réalisations des Unités de Résistance au cours de l’année écoulée :
1. Campagne de boycott des élections parlementaires (février 2023) :
Avant les élections parlementaires, les Unités de Résistance ont mené une campagne nationale pour encourager les citoyens à boycotter le scrutin.
À travers des graffitis, des bannières et d’autres actions visibles dans toutes les grandes villes, y compris à Téhéran, elles ont dénoncé la légitimité de ces élections manipulées.
Résultat remarquable : dans la capitale, plus de 90 % des habitants, y compris des soldats et des prisonniers souvent contraints de voter, ont refusé de participer.
2. Journée internationale des droits des femmes (8 mars 2023) :
À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, les Unités de Résistance ont mis en avant le rôle fondamental des femmes iraniennes dans la lutte contre le régime misogyne.
Dans des villes comme Téhéran et bien d’autres, elles ont largement diffusé le slogan :
« Femme, Résistance, Liberté »,
grâce à des bannières, des graffitis et des tracts distribués dans des lieux publics.
En parallèle, elles ont fait la promotion du plan en 10 points de Maryam Radjavi, qui met l’accent sur : le laïcisme, l’égalité des sexes, la justice économique, la liberté d’expression, l’abolition de la peine de mort, un Iran sans armes nucléaires et une véritable démocratie.
3. Commémoration des victimes du massacre de 1988 (mai 2023) :
En mai, les Unités de Résistance ont coordonné plus de 3 000 actions dans tout l’Iran pour rendre hommage aux 30 000 victimes du massacre de 1988.
Leur message fort : « La quête de justice se poursuivra jusqu’à ce que le régime soit renversé.»
Elles ont affiché des bannières et inscrit des slogans pour rappeler que cette tragédie demeure une plaie ouverte qui ne sera refermée qu’avec la chute du régime.
4. Soutien au rassemblement Iran Libre (juin 2023) :
Lors du grand rassemblement Iran Libre, organisé à Paris et dans plusieurs villes européennes, les Unités de Résistance ont intensifié leurs activités en Iran avec pas moins de 10 000 actions distinctes.
Elles ont Installé des bannières, distribué des tracts, réalisé des graffitis avec des slogans tels que : « Ni Shah, ni Mollah. »
En outre, elles ont diffusé le plan en 10 points de Maryam Radjavi pour l’avenir démocratique de l’Iran.
Fait marquant : 20 000 messages vidéo de soutien au rassemblement Iran Libre 2024 ont été envoyés depuis l’Iran, doublant ainsi le record de l’année précédente.
5. Confrontation à la vague d’exécutions (août 2024) :
En août, les Unités de Résistance ont pris position contre la répression brutale du régime, en dénonçant notamment : « 29 exécutions en un mercredi sanglant : la vengeance cruelle de Khamenei contre le peuple iranien. »
En parallèle, elles ont propagé le slogan emblématique : « Nous sommes plus forts que les exécutions et les massacres. »
Les Unités de Résistance ont également organisé des campagnes dans plusieurs villes pour protester contre les condamnations à mort de six prisonniers politiques accusés d’être membres de l’OMPI.
6. Commémoration du soulèvement de 2019 :
Pour marquer l’anniversaire du soulèvement de 2019, les Unités de Résistance ont coordonné 100 actions symboliques à travers tout le pays.
Elles ont notamment réalisé des graffitis, installé des bannières, écrit des slogans sur les murs dans des lieux publics.
Objectif : briser le mur de la peur que le régime cherche à imposer sur la société iranienne.
7. Anniversaire du vendredi sanglant à Khash (province du Baloutchistan) :
Lors de l’anniversaire du vendredi sanglant dans la ville de Khash, les Unités de Résistance ont organisé plusieurs actions pour honorer les victimes de cette tragédie.
Lors de la visite de Massoud Pezeshkian dans la région, elles ont scandé des slogans tels que:
• « Pezeshkian, pars d’ici, le Baloutchistan n’est pas ta place. »
• « Zahedan n’est pas un lieu pour les criminels. »
8. Protestation contre la loi répressive sur le hijab (décembre 2023) :
En décembre, les Unités de Résistance ont réagi avec force à la loi oppressive sur le Hijab et la Chasteté en exposant de grandes bannières dans plusieurs villes, avec le slogan :
« Femme, Résistance, Liberté. »
À Zahedan, des manifestants ont organisé une marche avec des pancartes où l’on pouvait lire:
« La chute du dictateur syrien annonce l’effondrement du fascisme religieux en Iran. »
Les Unités de Résistance ont prouvé, au cours de l’année écoulée, leur capacité à défier le régime iranien à la fois sur le terrain et dans le domaine idéologique. Leur message est clair et sans équivoque : « Nous sommes plus forts que les exécutions et les massacres.
Hamid Enayat, politologue, spécialiste de l’Iran, collabore avec l’opposition démocratique iranienne (CNRI).
Publié dans La Dépêche du Midi