Arabie saoudite : des décennies d'engagement en faveur de la cause palestinienne

PHOTO/MAISON ROYALE ESPAGNOLE - Le roi d'Espagne, Felipe VI, reçoit le ministre des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, le prince Faisal bin Farhan Al Saud, au palais de la Zarzuela, le 13 juin 2022
Alors que les voix internationales en faveur de la reconnaissance de l'État palestinien se multiplient, la diplomatie saoudienne avance main dans la main avec la France et plusieurs puissances mondiales, dont l'Espagne, pour promouvoir la tenue, en septembre 2025, d'une conférence internationale aux Nations unies qui placera la solution à deux États au centre de l'agenda mondial.

Au cœur de ces efforts se trouve le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, qui a entrepris une intense tournée diplomatique reflétant la détermination de Riyad à transformer la question palestinienne, conflit régional enlisée, en un véritable test de crédibilité pour le système international et sa capacité à garantir la justice et les droits des peuples.

Les initiatives saoudiennes ne sont pas conjoncturelles ni le fruit d'une stratégie momentanée, mais la continuation d'un parcours de plusieurs décennies marqué par des propositions concrètes. Parmi celles-ci, il convient de mentionner l'Initiative de paix arabe présentée par le roi Abdallah en 2002, qui proposait une formule claire : le retrait israélien des territoires occupés en 1967 en échange d'une normalisation complète avec le monde arabe.

Deux décennies plus tard, l'Arabie saoudite continue de considérer cette proposition comme un cadre valable et réaliste pour relancer la solution à deux États.

L'engagement saoudien ne s'est pas limité à la diplomatie. Sur le plan humanitaire et financier, le soutien a été soutenu et substantiel : plus de 5,3 milliards de dollars ont été alloués à 289 projets au cours des dernières décennies. Rien qu'en 2024, le Centre du roi Salman a alloué 40 millions de dollars à l'UNRWA à Gaza ; la campagne populaire « Saham » a collecté en 2023 plus de 600 millions de riyals (160 millions de dollars) d'aide alimentaire, médicale et d'urgence ; tandis que le Fonds saoudien pour le développement a contribué depuis 1994 à hauteur d'environ 800 millions de dollars à des programmes éducatifs et sanitaires en territoire palestinien.

Ces chiffres sont plus que de simples chiffres : ils représentent une politique d'État qui considère le soutien à la Palestine comme un devoir éthique et stratégique.

Toutefois, Riyad est conscient que l'aide humanitaire ne suffit pas. C'est pourquoi il a porté la question palestinienne au-delà du cadre arabe ou islamique, la plaçant au centre de l'agenda international : des Nations unies au G20, en passant par les forums bilatéraux avec l'Europe.

Ce n'est pas un hasard si l'Espagne, qui a accueilli en 1991 la conférence historique de Madrid, apparaît aujourd'hui à nouveau comme un partenaire prêt à soutenir un multilatéralisme renouvelé pour le conflit.

PHOTO/MAISON ROYALE ESPAGNOLE - Le roi d'Espagne, Felipe VI, reçoit le ministre des Affaires étrangères de l'Arabie saoudite, le prince Faisal bin Farhan Al Saud.

La vision saoudienne rejoint également les sensibilités européennes, de la crise migratoire en Méditerranée à la situation des réfugiés, en transmettant un message sans équivoque : il ne peut y avoir de stabilité au Proche-Orient tant que des millions de Palestiniens continueront à vivre sous occupation ou dans des camps de réfugiés.

Dans cette logique, l'Arabie saoudite combine un soutien ferme aux droits des Palestiniens et une disposition pragmatique au dialogue avec les États-Unis, l'Union européenne et d'autres acteurs clés, en faisant pression sur Israël pour qu'il revienne à la solution à deux États. Cette position, loin d'être contradictoire, reflète une lecture réaliste d'un scénario complexe où les discours maximalistes ont échoué et où la seule voie viable est celle d'une négociation équitable.

En définitive, la position saoudienne vise à réinscrire la cause palestinienne comme une priorité incontournable de l'agenda mondial. Ses efforts diplomatiques et humanitaires convergent vers une conviction claire : aucun projet de paix régionale ne sera solide s'il ne repose pas sur la solution à deux États et la reconnaissance des droits légitimes du peuple palestinien.

Le message de Riyad transcende la politique et fait appel à la conscience internationale : l'un des conflits les plus longs et les plus virulents de l'histoire moderne ne pourra être résolu que par la justice, la reconnaissance mutuelle et un engagement ferme en faveur de la paix.

Dr Hasan Alnajrani. Journaliste et universitaire