Le conflit israélo-palestinien - V

Une femme accroche des fleurs sur un mur avec des portraits d'Israéliens détenus par le Hamas à Gaza le 12 février 2024 dans le centre de Jérusalem - PHOTO/AHMAD GHARABLI/AFP

La période récente a été marquée par de nouvelles activités, pas nécessairement pour le meilleur. Les deux principaux protagonistes, Israël et l'Iran, sont désormais menacés d'escalade. Il y a trois semaines, Israël était dans une phase d'accalmie, déclenchée par l'attaque de camions d'aide et l'assassinat en plein air de sept travailleurs humanitaires, dont trois agents de protection britanniques et un Américain. Cela a provoqué une tempête de protestations de la part des alliés occidentaux et il a été fortement conseillé à Israël de ne pas poursuivre ses plans d'attaque de Rafah pour tenter de chasser les voyous du Hamas. Cette action ne bénéficierait pas d'un soutien inconditionnel. 

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s'est trouvé face à un dilemme. Les États-Unis et leurs alliés occidentaux ont envoyé un message fort, à savoir qu'ils n'approuveraient pas une entrée musclée à Rafah, qui ferait de nombreuses victimes civiles, comme cela a été le cas lors d'actions antérieures à Gaza. Israël était en train de perdre sa position morale. Pour le regagner, il devait provoquer l'opposition dirigée par l'Iran afin qu'elle prenne des mesures contre Israël susceptibles d'inquiéter l'Occident. C'est ainsi qu'il a lancé une action limitée contre un poste consulaire iranien en Syrie, tuant une poignée de personnes, dont deux officiers supérieurs de la Garde républicaine. Naturellement, cela a provoqué une réaction sérieuse, car le consulat était perçu comme un territoire iranien, comme le sont tous les sites diplomatiques de ce type. Le week-end dernier, le 13 avril, plus de 300 missiles et drones ont été tirés sur Israël. Heureusement, presque tous ont été abattus par le bouclier de défense aérienne d'Israël, ainsi que par des avions américains et britanniques mis à contribution. L'Occident a condamné cette action, craignant une escalade, mais il n'a guère mentionné la provocation israélienne antérieure qui a conduit à l'action iranienne. 

Les États-Unis et l'Occident ont vivement conseillé à Israël de désamorcer la situation et de profiter du "succès" du week-end dernier pour mettre fin à la provocation. Les ministres des Affaires étrangères britannique et allemand ont rencontré le cabinet israélien et ont insisté sur ce point, tout en reconnaissant qu'Israël a toujours le droit de se défendre, sans faire référence à la provocation antérieure, ce qui est déconcertant. Cependant, les Israéliens n'écoutent pas. Le Premier ministre Netanyahou pense avoir retrouvé sa position morale, ses alliés le soutiennent à nouveau et il a rejeté les conseils. Il a tenté une enquête modeste sur trois fronts, y compris l'installation nucléaire d'Ispahan, sans faire de dégâts. Il voulait montrer qu'Israël riposterait même s'il était à l'origine de l'échange récent. L'Occident devrait s'inquiéter, car une escalade pourrait se profiler.  

Le Premier ministre Netanyahou pense qu'il peut à nouveau poursuivre son objectif de guerre, à savoir la destruction du Hamas, tout en risquant un bombardement d'Israël par l'Iran et une escalade de la tension au Moyen-Orient. En conséquence, les Israéliens ont commencé à intensifier leurs frappes aériennes sur Rafah, tuant plusieurs enfants innocents qui jouaient dans les décombres. Il semble qu'ils se préparent à mener une véritable invasion de Rafah, dans le but d'éliminer définitivement les voyous du Hamas. Les otages pris le 7 octobre, ceux qui ont survécu aux conditions brutales et abusives dans lesquelles ils sont détenus, sont apparemment relégués au second plan.  

Il faut remonter à deux décennies ou plus, au cours desquelles le Premier ministre Netanyahou a exercé un certain pouvoir et influencé la pensée politique israélienne à l'égard des Palestiniens, son mépris de longue date pour tous les Arabes, en particulier depuis que le Hamas a pris le pouvoir à Gaza en 2006. Il ne tolérerait en aucun cas une solution à deux États, comme le soutient l'Occident et comme l'indiquait l'issue de la partition de la terre appelée Palestine en 1948, l'intention initiale. Il considère que c'est la meilleure occasion, avec un gouvernement américain hésitant, avec lequel il a appris à "jouer", malgré une impopularité considérable dans son pays, de mettre Israël en charge de l'ensemble du territoire de la Palestine de 1948. Les Palestiniens partiront ou subiront un rôle secondaire d'apartheid. 

Pendant ce temps, tout en regardant vers l'étranger ou vers Rafah, les colons de droite repoussent les Palestiniens, brûlent les maisons et détruisent les moyens de subsistance en Cisjordanie. Les policiers et les soldats, qui sont censés maintenir la paix, restent là à regarder. C'est impardonnable. Il est incompréhensible que l'on permette que cela se produise.  

Pendant ce temps, nous voyons cette position honteuse, l'armement d'Israël et la faiblesse de l'Occident à avoir son mot à dire se poursuivre. Les ennemis nous observent ! La seule bonne nouvelle de ces derniers jours est l'approbation par le Congrès américain des livraisons d'armes à l'Ukraine, bien que cela doive être suivi de l'octroi de l'adhésion à l'OTAN. C'est une autre histoire. 

J Scott Younger Recteur international de l'université présidentielle d'Indonésie, Honorary Senior Research Fellow à l'Université de Glasgow et membre du conseil consultatif de l'IFIMES 

L'IFIMES - Institut international d'études sur le Moyen-Orient et les Balkans, basé à Ljubljana, en Slovénie, bénéficie d'un statut consultatif spécial auprès de l'ECOSOC/ONU depuis 2018 et est rédacteur en chef de la revue scientifique internationale "European Perspectives".