Accords importants
Chaque jour, dans les médias, nous débattons entre ce qui est important et ce qui est intéressant, et le résultat final est généralement une combinaison des deux aspects afin d'offrir une image aussi complète que possible de l'actualité.
Dans les relations hispano-marocaines, trop souvent, le prétendument intéressant s'impose sur l'important. Le problème dans ce cas est que ce qui est intéressant est encadré dans un morbide superlatif nourri de clichés et de stéréotypes tristement assumés depuis trop longtemps qui n'ont rien à voir avec la réalité actuelle parce qu'on ne connaît pas le Maroc ou qu'on n'a pas visité le pays voisin depuis longtemps. Aujourd'hui, les vieux préjugés résultant d'expériences traumatisantes et d'une arrogance ignorante se sont enracinés et les vieux mantras sur la situation des droits de l'homme au Maroc, la liberté de presse et d'expression et la figure du Roi sont toujours en place.
Le monde d'aujourd'hui est en ébullition à la suite de la pandémie de coronavirus, de la lutte entre les États-Unis et la Chine et, surtout, de l'invasion russe en Ukraine, qui nous oblige à prendre parti et à choisir le côté où nous voulons être et où il est dans notre intérêt d'être. Dans le cas des Etats membres de l'Union européenne et de l'OTAN, l'unité d'action contre la Russie n'implique pas une convergence cohérente des actions avec les pays tiers. Au contraire, il semble que certains intérêts croisés conduisent à des décisions avantageuses avec une certaine teinte de manque de solidarité. La Première ministre italienne s'est empressée d'essayer de capter le gaz algérien qui allait auparavant en Espagne. La France a également entrepris de rétablir ses relations avec un régime algérien qui ne cache pas son alliance historique et renouvelée avec Moscou.
Quelques jours avant la Réunion de haut niveau entre les gouvernements du Maroc et de l'Espagne, une résolution critiquant la situation des droits de l'homme et la liberté de la presse au Maroc a été préparée et votée avec une rapidité inhabituelle et sous l'impulsion de divers secteurs de la gauche radicale européenne, avec une certaine approbation de Paris, selon le gouvernement de Rabat. Une histoire qui pourrait correspondre beaucoup plus à la réalité de l'Algérie, de la Turquie, de l'Iran, de la Chine, de la Russie, de Cuba et du Venezuela, qui, comme tous, ont aussi leurs lobbies à Bruxelles et au Parlement européen. Le fait est qu'un climat de suspicion et de disqualification est en train de se créer à l'égard du Maroc, et donc à l'égard du gouvernement espagnol qui, dans ses relations avec le Maroc, s'est rendu coupable de ne pas expliquer les décisions de politique étrangère au Parlement et de ne pas parvenir à un consensus avec l'opposition comme il aurait dû le faire. Mais cela n'enlève rien à l'importance de signer des accords qui sont importants pour une relation stratégique avec le Maroc.