Le défi mortel de Poutine

Le président russe Vladimir Poutine - AFP/GAVRIIL GRIGOROV

Vladimir Poutine est responsable de la mort d'Alexei Navalni. Il ne s'agit pas de prononcer une sentence judiciaire qui ne nous appartient pas. Il ne s'agit pas d'attribuer un décès sans les preuves correspondantes.  

Quelle que soit la cause de la mort du leader de l'opposition qui était le plus capable de rendre l'ancien chef du KGB soviétique un peu nerveux, la persécution subie par l'avocat qui a décidé de retourner dans son pays, même s'il savait que sa vie était gravement menacée, a eu un instigateur implacable du Kremlin.  

S'il avait eu un peu de pudeur, Poutine aurait pris toutes les mesures nécessaires pour préserver la vie de son adversaire politique. Mais il ne l'a pas fait. La décision a été de l'emprisonner dans l'une des prisons russes aux conditions de vie les plus dures, où sont détenus les condamnés les plus dangereux.  

Nous verrons à qui ils attribuent la mort d'un symbole qui hantera pendant un certain temps un dirigeant assuré d'être réélu lors de la pantomime des élections présidentielles prévues en mars prochain. Seules trois marionnettes ont été préparées à présenter leur candidature pour habiller ce qui sera un montage des 78 ans de Poutine pour exercer un nouveau mandat jusqu'en 2030.  

Dans ces conditions, la question que l'on peut se poser est de savoir dans quelle mesure la cascade de condamnations internationales de la mort ou de l'assassinat de Navalni peut avoir de l'importance pour le président russe. Sur le plan intérieur, le gouvernement russe a renforcé des lois déjà très répressives contre les actes d'opposition. Plus de 100 personnes ont été arrêtées pour avoir déposé des fleurs et rendu hommage à un dirigeant politique qui a survécu à un empoisonnement grâce à son transfert en Allemagne et aux soins prodigués par les médecins. Son retour dans sa patrie, la Russie, a été synonyme d'emprisonnement et d'une série de peines qu'il n'a finalement même pas été autorisé à purger.  

Lors de la conférence de Munich sur la sécurité, la nouvelle tragique a été accueillie avec beaucoup d'indignation et comme un défi mortel lancé par le Kremlin à ceux qui, en Europe et aux États-Unis, ne sont pas encore totalement convaincus des intentions agressives d'un Poutine qui agit en toute impunité sans avoir à répondre à une opinion publique largement manipulée par la propagande et la peur.  

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a parlé directement d'assassinat en annonçant le retrait d'Avdiivka, ville clé du Donbas. Il a également appelé les États-Unis et l'Europe à poursuivre leur aide économique et à fournir un soutien militaire essentiel pour contrer les ambitions de Poutine. Le Royaume-Uni, l'Allemagne et la France ont signé des accords de coopération bilatérale avec l'Ukraine. En Espagne, le gouvernement de coalition progressiste d'ultra-gauche n'a pas l'air d'envisager cette possibilité.