L'Algérie doit négocier
La décision du président du gouvernement, Pedro Sánchez, de reconnaître comme réaliste, sérieuse et crédible l'initiative marocaine d'une large autonomie pour le Sahara sous souveraineté marocaine est un pas en avant considérable pour promouvoir au sein des Nations Unies une solution politique convenue entre toutes les parties qui soit juste, durable et mutuellement acceptable, comme le soutient la dernière résolution des Nations Unies de octobre 2021. Et dans ce contexte d'avoir une solution plus proche de chez soi : les Sahraouis gagnent parce que l'autonomie sous souveraineté marocaine oblige le regroupement familial, garantissant l'emploi, le logement, la santé et l'éducation pour ces milliers de personnes et leurs familles, toutes issues des tribus sahraouies de la région occidentale et celles qui vivent à Tindouf depuis 46 ans.
Tout comme la Russie n'est pas Poutine, le Sahara n'est pas seulement le Front Polisario ou l'Algérie, même s'ils sont nécessaires pour négocier. Ces dernières années, des mouvements tels que Sahraouis pour la paix et l'Association sahraouie pour la défense des droits de l'homme ont relayé le malaise croissant de nombreux habitants des camps de la région de Tindouf face à la vie précaire qu'ils subissent depuis tant d'années, couplée à la répression de leurs libertés, ce qui aggrave le manque d'horizons futurs et d'espoir d'une vie digne et meilleure.
Dans les contacts diplomatiques qui ont eu lieu ces derniers jours entre l'envoyé spécial des Nations Unies pour le Sahara, Staffan de Mistura, et les représentants des pays de la région, parmi lesquels le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, à Bruxelles, l'adoption d'une série de décisions a été discutée, avec en point d'orgue la convocation d'une nouvelle table de négociation à Genève dans les prochaines semaines, dans le but de parvenir à une solution au conflit, qui rapprocherait également les deux grands pays du Maghreb, le Maroc et l'Algérie, qui ont actuellement rompu leurs relations diplomatiques.
Les États-Unis jouent un rôle clé en aidant à aplanir les aspects les plus sensibles pour les parties concernées et à réaliser les progrès nécessaires à une entente qui apportera une stabilité en Afrique du Nord qui soit pertinente pour tous. La visite à Madrid, Rabat et Alger dans la semaine du 7 mars de la Secrétaire d'Etat adjointe américaine, Wendy Sherman, a permis de clore les aspects essentiels entre le Maroc et l'Espagne et a fait comprendre au gouvernement algérien la nécessité d'accepter la dynamique ouverte en faveur de l'autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine avec la négociation correspondante avec des demandes recevables par les deux parties. Et l'acceptation du Front Polisario.
Le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, se rend à Rabat le 29 mars et à Alger le 30 mars pour aborder l'invasion russe en Ukraine, un contexte très délicat qui nécessite la clôture du conflit. L'agenda de Blinken à Alger comprend la sécurité, la stabilité régionale, la coopération commerciale, les droits de l'homme et les libertés fondamentales. Que l'Algérie ne maintienne pas son alliance historique avec la Russie, qu'elle se tourne vers le Sahara et le Sahel et qu'elle puisse s'engager dans de meilleures relations avec le Maroc serait un pas important vers la clarification de la situation intérieure algérienne et l'amorce du redressement dont son économie et ses citoyens ont besoin. Le fait que l'Algérie n'ait pas riposté en coupant les livraisons de gaz à l'Espagne suite à son soutien au Maroc au Sahara peut être considéré comme un symptôme à prendre en compte, au-delà du malaise exprimé et du rappel de son ambassadeur à Madrid pour consultations.
Dans ce calendrier virtuel que les dirigeants politiques des pays de la région ont marqué sur leurs téléphones portables, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, se rendra à Rabat le 1er avril pour mettre en scène la fin de la crise diplomatique entre les deux pays avec son collègue marocain, Nasser Bourita, et le début d'une nouvelle étape dans les relations, que le roi Mohammed VI, dans son discours du 20 août, a déclaré être sans précédent, avec la récupération de la confiance et du respect mutuel, avec l'objectif constant d'accroître les relations dans tous les secteurs. Cette visite a à son ordre du jour l'ouverture des frontières terrestres et maritimes entre les deux pays, qui sera préparée en avril selon les paramètres de sécurité indispensables, et les ministres devraient convoquer une réunion de haut niveau entre les deux gouvernements, en attente depuis décembre 2020, pour la signature de nombreux accords sectoriels et avec la présence à Rabat du président Pedro Sánchez, qui doit se joindre au Parti populaire à cette décision de politique étrangère de l'État, et gérer les reproches intéressés de Podemos et des groupes indépendantistes catalans et basques, entre autres.
L'important est que l'Espagne soutienne le plan d'autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine pour résoudre le conflit après 46 ans, tandis que le gouvernement du Royaume offre des garanties solvables et durables sur Ceuta, Melilla, les eaux territoriales des îles Canaries et le contrôle des flux migratoires avec l'aide financière de l'UE. Les deux parties cèdent, retrouvent la confiance et le respect mutuel, et devront honorer leurs engagements. Cette solution bénéficiera à des milliers de Sahraouis.