Un scénario inattendu

Maite Araluce, présidente de l'Association des victimes du terrorisme (AVT), tient une fleur alors qu'elle rend hommage aux victimes des attentats du 11 mars 2004 à l'occasion du 20e anniversaire au parc du Retiro à Madrid, Espagne, 11 mars 2024 - REUTERS/JUAN MEDINA
Les eaux turbulentes sur lesquelles nous naviguons tant bien que mal chaque jour offrent peu d'options d'espoir, mais nous devons avoir confiance en nos capacités et en la force dont nous avons fait preuve en d'autres occasions en tant que société

La tension et la confrontation règnent parmi les dirigeants politiques qui luttent pour le pouvoir à tout prix. Heureusement, ce ne sont pas toujours les grossiers qui gagnent, qui élèvent la voix trop fort, qui mentent parce qu'ils disent changer d'avis, qui utilisent la démagogie et le populisme pour dissimuler leurs irrégularités, et leur empressement à imposer leurs intérêts les plus personnels et les plus partisans les fait s'effondrer face aux versions changeantes et nombreuses qu'ils offrent à contrecœur.  

Nous en sommes là en Espagne, avec une bagarre monumentale du président de l'Association des victimes du terrorisme contre le Premier ministre dans l'une des salles du Palais royal où se tenait la réception royale pour la fête nationale, le 12 octobre, jour de Christophe Colomb. Pudique et honteux, en colère et choqué de ne pas avoir prévu que quelqu'un aurait le courage et la dignité de lui dire en face, dans le silence du groupe de journalistes médusés, « c'est une honte ce que vous faites avec les victimes du terrorisme, ce n'est pas normal que vous fassiez une telle politique avec les prisonniers de l'ETA ». Il a un jour pour rectifier », a condamné Maite Araluce.  

C'est son avis, balbutie Sánchez, qui quitte rapidement la réception. Ce n'était ni le bon moment ni le bon endroit, selon certaines personnes présentes, mais Maite Araluce avait reproché au président du gouvernement de ne pas l'avoir reçue pendant plus d'un an et de lui avoir envoyé un courrier électronique auquel il n'avait pas répondu. Ferme et poli, le message est allé directement au destinataire. Sans intermédiaire. Pas de conseillers préparant des scénarios pour dans quelques mois. Pas de slogans à répéter par les ministres lundi prochain.  

La bagarre est impressionnante pour ceux qui l'ont vécue en direct. Sánchez n'a pas pu se protéger dans le plasma qu'il reprochait tant à Rajoy et sans pouvoir choisir des questions préparées. Il n'a lancé qu'un des messages répétés avec ses « sparrings » à la Moncloa : Feijóo est comme Torquemada. Dans une autre salle du palais, Feijóo a répondu que, compte tenu des événements et de toutes les informations connues sur d'éventuels cas d'irrégularités graves, c'est-à-dire de corruption, Sánchez ne devrait pas être présent à cette fête.  

Les personnes invitées à célébrer la fête nationale n'ont cessé de commenter ce qui s'était passé et de spéculer sur l'avenir immédiat du gouvernement. Le fait est qu'il faut qu'un média étranger comme The Economist vienne faire dans la dentelle. En attendant, la crise créée et l'incertitude juridique provoquent la méfiance des investisseurs internationaux à l'égard du pays. Une ruine.