La robotisation et l'avenir de l'humanité

REUTERS/TINGSHU WANG- Des robots humanoïdes développés par EXRobots lors de la Conférence mondiale sur les robots (CMR) 2023 à Pékin, en Chine, le 17 août 2023.

La robotisation est la forme finale de la dégénérescence capitaliste de l'humanité. Le capitalisme ne transforme pas les robots en humains, mais les humains en robots. Au lieu d'avoir un caractère historique, l'évolution humaine acquiert un caractère technocratique. Le capitalisme détruit la personnalité de l'homme et le réduit à une composante fonctionnelle des processus techniques par lesquels le capitalisme détruit le monde humain et vivant. Le concept de "réification" (Verdinglichung) de Marx indique la tendance dominante du développement mondial. Le capitalisme supprime l'homme en tant qu'être humain et naturel et le transforme en un moyen technique pour le développement du capitalisme. 

Les robots sont une projection de l'humanité dégénérée par le capitalisme. Le capitalisme supprime les relations interpersonnelles et, ce faisant, supprime l'homme en tant qu'être social. La société devient une multitude d'individus atomisés réduits à une masse consommatrice de travail. Les gens perdent le besoin de liens humains. L'homme ne cherche plus l'humanité dans un autre homme, mais dans des mondes virtuels, des animaux domestiques et des appareils technologiques. Les robots deviennent un substitut aux êtres humains. 

Selon des critères capitalistes, l'un des principaux avantages des robots par rapport aux humains est que les robots, en tant qu'"êtres" techniques, peuvent être constamment améliorés en termes d'efficacité productiviste, ce qui a un caractère rentable. Le taux de rotation du capital est le moteur de la robotisation des humains et de la technification du monde. En fin de compte, le processus de robotisation se résume au développement du capitalisme, qui implique la destruction toujours plus intensive de l'homme en tant qu'être humain et créateur de vie. La robotisation indique qu'il n'y a pas de limites à l'avenir capitaliste. 

Ceci est particulièrement significatif en ce qui concerne la "conquête de l'espace". L'approche technocratique de l'espace et de l'avenir cosmique de l'humanité est conditionnée par un esprit technocratique déshumanisé. L'homme est aboli en tant qu'être historique et donc en tant qu'être cosmique unique et irremplaçable. Au lieu de s'efforcer de créer un cosmos humain, l'homme est au contraire, par des moyens techniques, aboli en tant qu'être humain et naturel et réduit à des processus cosmiques qui ont un caractère énergétique et mécanique.  

Les robots font partie intégrante du monde technique et leurs caractéristiques sont conditionnées par la nature du capitalisme. Ils sont produits en masse et, en tant que tels, sont des marchandises jetables. Les robots ne sont ni des êtres sociaux ni des êtres historiques ; ils n'ont pas d'émotions, pas d'esprit, pas de dignité libertaire, pas de conscience de soi culturelle et nationale, pas de critères moraux, pas de droits, ils ne tombent pas malades, ils travaillent 24 heures sur 24 comme ils sont programmés, ils sont remplaçables et peuvent être éteints et détruits instantanément... 

Les capitalistes ne cherchent pas à créer des robots de plus en plus semblables aux humains dans leurs qualités, mais des humains de plus en plus semblables aux robots. Les humains ne sont pas les modèles des robots, ce sont les robots qui sont les modèles des humains. À travers le modèle spectaculaire des robots, la machine de propagande capitaliste impose aux gens l'image de l'homme capitaliste du futur. En réalité, les robots sont des substituts de l'homme transformés par le capitalisme en esclaves idéaux. 

Le sport est un domaine où la robotisation de l'être humain dans le monde d'aujourd'hui a atteint son paroxysme. Le corps humain est devenu un moyen technique d'atteindre des records, et la "quête des records" repose sur un fanatisme productiviste à caractère technique et destructeur. C'est ce qui définit la personnalité d'un athlète, ainsi que son rapport au monde et à l'avenir. 

Alors que le capitalisme détruit de plus en plus les conditions de vie dans lesquelles l'homme en tant qu'être naturel et humain peut survivre, la capacité distinctive des robots à fonctionner dans des environnements mortels pour l'homme devient d'une importance capitale. La destruction du cadre de vie dévalorise l'homme en tant qu'être naturel et humain et encourage davantage le processus de robotisation. 

La robotisation suggère que le capitalisme peut survivre sans les humains. Dans le monde capitaliste dégénéré, l'humanité n'est pas seulement superflue, elle est devenue un obstacle au "progrès". Avec le développement de la société de consommation, qui signifie que le capitalisme est devenu un ordre totalitaire de destruction, le capitalisme en est arrivé au dernier bilan avec le monde vivant et avec l'homme en tant qu'être humain et naturel. L'homme est devenu un "être obsolète" qui doit conclure son odyssée cosmique dans la décharge capitaliste. 

Traduit du serbe par Igor Barjaktarević