Réflexions sur l'âge en général et sur celui de Biden en particulier
Les arguments en faveur de Joe Biden, qui accepte les inévitables impératifs de son âge et ne se représente pas, sont convaincants. Trop de choses dépendent de la santé et de la forme physique du président pour en faire une sorte de roulette : quand son numéro sortira-t-il ?
Pire encore, que se passerait-il si Biden avait une défaillance mentale et restait en fonction sans se rendre compte de son état ? La fonction de président des États-Unis est la plus exigeante et la plus responsable au monde.
Winston Churchill a obtenu un second mandat en tant que Premier ministre britannique en 1951, et beaucoup de choses ont mal tourné, de la politique d'immigration à la montée en puissance incontrôlée des syndicats. Le plus grand Premier ministre de l'histoire avait perdu sa vivacité d'esprit.
Comme je suis plus âgé que Biden, je peux dire que je devrais démissionner. J'aime travailler, mais il y a un problème : toutes les personnes et tous les emplois ne sont pas identiques. Ce que je fais n'est pas crucial et ne décide pas de l'avenir de la nation, de la guerre ou de la paix.
Personne ne suggérerait à un artiste de poser son chevalet à un âge de retraite prédéterminé. Noel Coward, le grand artiste anglais, a dit : "Le travail est plus amusant que l'amusement". Cela dépend du travail.
L'âge est une équation complexe pour la société, et la retraite est un problème épineux. La France s'insurge contre la décision du président Emmanuel Macron de faire passer l'âge de la retraite de 62 à 64 ans. Très raisonnable, disent la plupart des Américains.
Le problème en France est simple : les Français ne peuvent plus se permettre d'énormes retraites publiques. Il n'y a pas assez de gens qui travaillent pour payer ceux qui ont pris leur retraite avec leur salaire presque complet. On peut voter pour que la population soit riche, mais on ne peut pas voter pour que les jeunes cotisants restent riches. Lorsque le système de sécurité sociale vacillera au cours de la prochaine décennie, les États-Unis pourraient être confrontés aux mêmes sommes que Macron.
La retraite obligatoire est un moyen rudimentaire de gérer le dilemme de la retraite. Certains travailleurs sont réellement incapables de travailler jusqu'à 70 ou 80 ans parce que leur corps, leur esprit ou les deux sont épuisés. D'autres sont au maximum de leur productivité.
L'esprit de mon père allait bien, mais c'était un mécanicien qui avait tout fait, de la construction de structures en acier à la réparation de voitures, en passant par le travail dans les mines. Son corps a lâché vers l'âge de 60 ans. Il effectuait des travaux manuels depuis l'âge de 13 ans et ne pouvait plus se plier, se tordre, creuser, soulever, grimper, s'étirer, saisir ou faire les innombrables choses qu'il avait faites toute sa vie pour gagner sa vie. Il a dû travailler dans une école, puis dans un magasin ; il aimait l'école, mais pas le magasin. Mais il devait travailler. C'est ce qu'il a fait : il s'est levé tous les jours et est allé travailler.
Il avait travaillé si longtemps et si dur, surtout en tant qu'indépendant, qu'il n'avait pas eu le temps d'apprendre à apprécier les loisirs : jouer au golf, regarder des matchs, lire pour le plaisir, ou même apprendre à avoir des relations sociales. Cela faisait partie du travail ou non ; les amis étaient des gens de travail.
Un de mes amis, ingénieur nucléaire, a atteint l'âge de la retraite obligatoire et s'est effondré, comme cela a failli arriver à mon père. Lui non plus n'avait aucun intérêt en dehors de sa famille et de son travail et était perdu dans le monde de l'après-travail.
Il en va de même pour ceux qui quittent l'armée. Leur vie, c'est l'armée, et puis, à un jeune âge, il n'y a plus de vie, leur vie.
En ce qui concerne Biden, les choses sont très différentes.
Conozco un poco al presidente, y me cae bien personalmente. Le encanta el trabajo. Lleva mucho tiempo en la cima del poder. Cuando termine su mandato, debería irse a su casa de la playa en Delaware y escribir sus memorias.
Je connais un peu le président et je l'apprécie personnellement. Il aime son travail. Il est au sommet du pouvoir depuis longtemps. À la fin de son mandat, il devrait rentrer chez lui, dans sa maison sur la plage du Delaware, et écrire ses mémoires.
Peut-être quelqu'un lui apprendra-t-il à jouer à la pétanque, un jeu européen pratiqué par les personnes âgées dans les parcs. Les amateurs français seraient ravis de lui apprendre à jouer à la pétanque. Les Français disposent de beaucoup de temps à la retraite pour perfectionner leur jeu et voyager vers des destinations balnéaires. Ils aimeraient bien emmener leur savoir-faire à Rehoboth Beach, dans le Delaware. Je devrais peut-être les rejoindre.
Sur Twitter : @llewellynking2
Llewellyn King est producteur exécutif et animateur de "White House Chronicle" sur PBS.