La société marocaine se réjouit de la prochaine Réunion de haut niveau
L'annonce du prochain sommet hispano-marocain du 1er février, la RAN (Réunion de Haut Niveau), a suscité de grandes attentes au Maroc. Jamais auparavant la société marocaine, les classes populaires et les secteurs les plus touchés par les accords bilatéraux, n'avaient placé autant d'espoirs dans les réunions intergouvernementales pour qu'elles apportent des solutions concrètes aux problèmes de la société. En général, les accords entre pouvoirs exécutifs, législatifs ou judiciaires réciproques n'affectent pas initialement les questions sociales. Mais cette fois, ils le feront, car la création de commissions mixtes, d'administrations d'État et d'équipes des deux pays pour traiter des problèmes bilatéraux aussi denses que celui de l'Espagne et du Maroc aura des effets immédiats.
La société marocaine espère qu'un nouveau chapitre sera ouvert entre le Maroc et l'Espagne pour aborder des questions telles que le passage des personnes et des marchandises entre Ceuta et Melilla et le nord du Maroc ; la délimitation des eaux territoriales qui permettra des activités de pêche réciproques et la prospection des ressources marines ; l'augmentation et la ratification des accords d'inscription dans les universités espagnoles pour les étudiants de premier et de deuxième cycle ; des facilités pour le travail en commun des petites et moyennes entreprises ; la relocalisation d'entreprises et le travail temporaire pour les Marocains en Espagne ; ainsi que le renforcement des perspectives de vacances de centaines de milliers de Marocains en Espagne, précisément lorsque les relations avec la France se sont refroidies et que le voisin français a inexplicablement durci la délivrance de visas aux citoyens du sud. Dans cette perspective, l'opération "Traversée du détroit" de cette année 2023 semble prometteuse, et des centaines de milliers de véhicules et de familles marocaines travaillant en Europe l'attendent avec impatience.
Les principaux quotidiens d'information, tant en arabe qu'en français, ont fait écho à l'annonce de la RAN. Symbolique est le titre du quotidien Aujourd'hui le Maroc, connu pour ses positions intransigeantes à l'égard de l'Espagne, notamment sous le gouvernement de José María Aznar, qui annonce en première page : "Une nouvelle page s'ouvre entre l'Espagne et le Maroc". Tous les journaux ont souligné les propos du roi Felipe VI selon lesquels "les relations avec le Maroc avancent sur des bases plus fortes et plus solides". Venant du chef de l'Etat espagnol et de la famille royale, ce message est réconfortant pour la monarchie alaouite et la classe politique du pays voisin. Tous les espoirs sont placés dans l'imminent RAN.
Pour leur part, les hebdomadaires de la presse écrite, davantage axés sur l'analyse et l'évaluation, ont consacré de nombreux articles et rapports aux questions bilatérales qui seront abordées lors de la Réunion à haut niveau prévue.
Parmi ceux-ci, le principal hebdomadaire francophone Maroc Hebdo met l'accent sur l'augmentation des flux de gaz naturel vers le Maroc en provenance d'Espagne via le gazoduc TransMed, dont le volume a plus que triplé, selon l'hebdomadaire. Quelques semaines auparavant, le même hebdomadaire avait consacré une analyse approfondie à la réactivation du projet de tunnel du détroit, qui reliera les deux pays, les deux continents, et qui est considéré comme un méga-projet d'importance historique, économique, sociale et géopolitique.
De son côté, l'hebdomadaire arabophone Al Watan Alan (La patrie maintenant) a consacré son 669ème numéro, sorti en kiosque dans tout le Maroc, entièrement à la rencontre bilatérale. Le journal, édité par le journaliste vétéran et économiste de renom Abderrahim Ariri, passe en revue point par point tous les sujets, 14 selon les sources officielles, qui feront partie du sommet : la sécurité, l'immigration, le djihadisme, les frontières, les eaux territoriales de la Méditerranée et de l'Atlantique ; les grands projets ; l'implantation d'entreprises espagnoles dans tout le Maroc, y compris le Sahara, sous son administration ; les grands travaux structurels tels que le tunnel du détroit ; les énergies renouvelables ; les nouveaux câbles sous-marins pour la transmission d'électricité et de mégadonnées ; l'extension et la réaffirmation de l'axe euro-africain à travers l'Espagne et la côte atlantique marocaine, etc.
Le Maroc attend beaucoup de la RAN, tout comme l'Espagne. Nous ne devons pas les décevoir.