La pandémie augmente la puissance des Armées

Partout dans le monde, on observe plus ou moins le même phénomène : la pandémie renforce le rôle des Armées. Jamais auparavant, en dehors de la guerre, les Forces armées n'ont été aussi présentes dans toutes les facettes de la vie d'un pays, dans l'économie, dans les tâches de sécurité, sur les fronts anti-pandémie, sanitaire, logistique et scientifique.  

Tous les pays, à commencer par la Chine d'où le virus s'est propagé, ont eu recours ou auront recours à des Armées. L'Europe est militarisée, et les États-Unis vont bientôt mobiliser la Garde nationale. En Italie, en France et en Espagne, les carabiniers, les Forces spéciales, l'UME et d'autres organismes sont en première ligne des combats. Dans les pays du sud de la Méditerranée, comme l'Égypte, l'Algérie et le Maroc, les militaires sont mobilisés, lorsque ce ne sont pas eux directement, comme dans le cas de l'Algérie, qui exercent le pouvoir économique, politique et de sécurité des citoyens. Dans la plupart des pays africains, l'armée est la seule force organisée. 

Cette observation nous laisse trois leçons :

Dans les situations de crise, et plus particulièrement lorsque les signes d'un effondrement imminent de pays entiers se profilent à l'horizon, les Armées sont les seules forces structurées, disciplinées, dotées d'une autorité et d'un soutien social, capables de maintenir les pays en place.

Les Forces armées et les forces de sécurité, dans la situation actuelle, sont mieux perçues par les citoyens que les systèmes politiques, les partis et les gouvernements. Les militaires sont obéis, les politiciens sont critiqués. 

Les Armées donnent aux nations une garantie de continuité, de confiance dans l'avenir et facilitent la stabilité socio-économique.

Cependant, il y a une question en suspense qui suscite des inquiétudes : les forces cachées du pouvoir, qui nous ont conduits à des situations extrêmes en temps de crise historique, telles que les grandes guerres, les effondrements économiques et les cataclysmes écologiques, pourront-elles utiliser les armées en dernier recours pour sauvegarder le système en place ? Quel est le prélude à cette mobilisation militaire planétaire à laquelle nous assistons ? Une fois la crise terminée, les militaires retourneront-ils à la caserne ?  

C'est quelque chose qui doit être mis sur la table, car le monde de demain, d'après-demain, commence aujourd'hui et nous devons savoir où nous en sommes.