Bataille finale pour les retraites et les pensions en France

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L'opposition et les syndicats le rejettent déjà à l'unanimité et, comme d'habitude en France, cela pourrait entraîner une nouvelle vague de grèves, d'émeutes et de destructions. Cette fois, l'enjeu est la réforme, longtemps retardée, de l'âge de la retraite et des revenus des retraités. Aucun des présidents qui se sont succédé depuis François Mitterrand n'a été en mesure de réaliser une réforme qu'ils avaient promise, avec plus ou moins de clarté et de fermeté présumée, dans leur manifeste électoral. La colère et la violence des protestations étaient telles qu'ils ont toujours été contraints de faire marche arrière.  

Emmanuel Macron n'a pas non plus été en mesure de tenir sa promesse lors de son premier mandat, alors qu'il bénéficiait d'une majorité absolue inhabituellement écrasante. Mais dans son second mandat actuel, où il a déjà perdu la majorité absolue à l'Assemblée nationale, il considère que la réforme ne peut pas être reportée et qu'il est impossible de continuer avec le cerf-volant de plus d'impôts et de plus de dette pour continuer à financer un système considéré comme l'un des plus généreux du monde.  

Mardi 10 janvier est la date fixée pour la présentation en débat du dernier projet de loi, qui se veut définitif, après être passé par la brosse et avoir obtenu le soutien des Républicains conservateurs (LR), dont l'actuel chef de file, Eric Ciotti, a déclaré ce dimanche au Journal du Dimanche qu'il le soutenait, s'attribuant le mérite "d'avoir atténué la brutalité de la réforme" dans les négociations avec la Première ministre, Elisabeth Borne.  

Compte tenu de l'augmentation considérable de l'espérance de vie, le déficit du système continuerait d'augmenter de 10 milliards d'euros si les conditions actuelles étaient maintenues, ce qui ne peut se faire qu'en pressurant encore plus les contribuables déjà épuisés et/ou en augmentant une dette dont les chiffres rouges ont depuis longtemps fait sonner l'alarme.  

Pour atténuer l'impact et gagner le vote des conservateurs, Macron acceptera d'étendre la réforme sur neuf ans, à raison de quatre mois par an pour retarder l'âge de la retraite, ce qui, selon les comptes du ministre des Finances, Gabriel Attal, permettra déjà d'économiser environ 8 milliards. Un point de changement non moins important serait l'introduction immédiate d'un système général qui mettrait fin aux 42 régimes spéciaux, pas moins, qui s'appliquent actuellement aux retraités en France.   

De même, pour compenser la supposée pénibilité de devoir travailler quelques années de plus, le gouvernement de Macron entend augmenter le montant du minimum vieillesse, actuellement de 1 000 euros, qui pourrait être porté à 1 100 ou 1 200 euros, à condition d'avoir cotisé 43 ans (42 actuellement). La situation de ceux qui souhaitent prolonger leur vie professionnelle au-delà de l'âge de la retraite reste également à développer, ce qui est demandé par de nombreux professionnels qualifiés, dont l'expérience et les connaissances sont également demandées par de nombreux secteurs de la société, en échange, bien sûr, d'une certaine forme de compensation. 

Les deux extrêmes des forces parlementaires, le Rassemblement national (RN) et La France Insoumise (LFI) s'opposeront frontalement à la réforme, chacun avec des arguments très différents. Dans le cas de l'extrême gauche de LFI, on s'attend à l'habituelle manifestation de rue, qui, si elle est rejointe par les syndicats et l'habituelle foule de pillards qui profitent de chaque occasion pour semer le chaos et vandaliser les biens privés et publics, promet de nouveaux épisodes de violence.  

Macron résistera-t-il cette fois-ci et la réforme, toujours retardée, entrera-t-elle en vigueur ? Cette fois-ci au moins, il semble avoir une majorité garantie à l'Assemblée nationale et au Sénat. Le président a laissé entendre qu'il était déterminé à faire de cette tentative la définitive, au point que son entourage a évoqué la possibilité d'appliquer l'article 49.3 de la Constitution, qui permet au gouvernement, sous certaines conditions, de faire passer une loi sans l'approbation des deux chambres du Parlement.  Une mesure extrême, mais que l'Elysée juge indispensable, même si elle doit être prise en pleine crise économique et sociale.