D'abord expulser, puis faire appel

Londres, Royaume-Uni - PHOTO/PIXABAY
Il fallait bien qu'un gouvernement socialiste prenne des mesures énergiques contre l'immigration clandestine sans se faire submerger par le déferlement « bien-pensant » du progressisme

Le Royaume-Uni, désormais dirigé par le Premier ministre travailliste Keir Starmer, a porté à 23 le nombre de pays vers lesquels il a commencé à expulser les immigrants condamnés pour un délit avant que leurs recours en appel et en révision ne soient examinés. 

Après avoir lancé cette expérience avec la Tanzanie, l'Estonie et le Belize, auxquels se sont joints cinq autres pays, Londres a désormais signé, ou est en passe de signer, des accords avec 15 autres pays afin qu'ils accueillent les immigrants criminels condamnés et attendent dans ce nouveau pays que leurs demandes d'asile soient traitées. L'Angola, l'Australie, le Botswana, Brunei, la Bulgarie, le Canada, la Guyane, l'Inde, l'Indonésie, le Kenya, la Lettonie, le Liban, la Malaisie, l'Ouganda et la Zambie constituent la nouvelle vague de pays accueillant les immigrants condamnés au Royaume-Uni. 

Yvette Cooper, la ministre britannique de l'Intérieur, a résumé la situation ainsi : « Pendant longtemps, les criminels étrangers ont profité de notre système d'immigration en restant au Royaume-Uni pendant des années, tandis que leurs recours s'éternisaient ». Le gouvernement britannique lui-même n'a pas hésité à estimer à 54 000 livres sterling, soit environ 62 000 euros, le coût annuel de la détention d'un détenu. 

Cette mesure, lancée timidement en 2024 avec l'arrivée au pouvoir de Starmer, vise à atteindre immédiatement son plein développement afin de contrer la montée en puissance du Parti pour la réforme du Royaume-Uni, partisan de la limitation de l'immigration, en particulier illégale, qui a augmenté depuis la sortie du pays de l'Union européenne. Le gouvernement travailliste britannique estime déjà à 5 200 le nombre d'immigrants condamnés expulsés vers d'autres pays, dont la législation et la volonté souveraine veilleront à ce que ces délinquants purgent - ou non - les peines prononcées par les tribunaux britanniques. 

Cette nouvelle mesure s'ajoute à celles déjà adoptées par Keir Starmer contre les dirigeants des mafias qui tirent profit de l'immigration clandestine. En juillet dernier, le gouvernement a adopté les premières sanctions contre 25 individus, qui comprennent le gel de tous leurs avoirs bancaires et l'interdiction de résider au Royaume-Uni. Tous sont accusés d'avoir « participé activement à l'afflux massif de demandeurs d'asile (23 500) arrivés dans le pays à bord de petites embarcations, après avoir traversé la Manche, depuis le début de l'année 2025 ». 

Le gouvernement présidé par Starmer n'a pas non plus hésité à communiquer aux médias, dont l'AFP, l'identité des principales cibles de ces sanctions contre les mafias qui se livrent à la traite des êtres humains, principalement basées dans les Balkans et en Afrique du Nord. Il convient de souligner dans cette liste Bledar Lala, un Albanais qui dirige le trafic illégal d'immigrants entre la Belgique et le Royaume-Uni ; Alen Basil, un ancien traducteur de la police métropolitaine, qui dirige aujourd'hui une mafia basée en Serbie ; Mohammed Tetuani, qui dirige un « camp d'immigrants » à Horgos, également en Serbie, où les mauvais traitements sont fréquents et d'une grande violence ; Mohammed Jadir-Pirot, le « banquier hawala », qui organise la collecte et la distribution de l'argent de ceux qui paient leur passage clandestin depuis le Kurdistan irakien vers l'Europe via la Turquie, et même une entreprise chinoise, Weihai Yamar Outdoors Product Co., fabricant de bateaux pneumatiques destinés au transport clandestin d'êtres humains. 

À cet égard, il convient également de souligner la déclaration de David Lammy, secrétaire d'État britannique aux Affaires étrangères : « Le Royaume-Uni mène une guerre de l'Europe à l'Asie contre les trafiquants d'êtres humains qui facilitent l'immigration clandestine ».