Ni l'UE ni Poutine ne renonceront à la Moldavie

<p>La presidenta de Moldavia y candidata del Partido de Acción y Solidaridad (PAS), Maia Sandu, se prepara para depositar su voto en las elecciones presidenciales y el referéndum sobre la adhesión a la Unión Europea, en un colegio electoral de Chisinau el 20 de octubre de 2024 - PHOTO/Daniel MIHAILESCU/AFP</p>
La présidente moldave et candidate du Parti de l'action et de la solidarité (PAS) Maia Sandu se prépare à voter lors de l'élection présidentielle et du référendum sur l'adhésion à l'Union européenne dans un bureau de vote à Chisinau, le 20 octobre 2024 - PHOTO/Daniel MIHAILESCU/AFP
Les efforts considérables déployés par Bruxelles et Moscou pour assurer la victoire de leurs partisans lors du référendum en Moldavie et des élections présidentielles simultanées n'ont pas abouti à une victoire pour l'une ou l'autre des parties

Les enjeux étaient considérables. Le destin de la Moldavie était en jeu, selon les termes de la présidente, la très pro-européenne Maia Sandu ; l'Union européenne, son prestige, son attractivité et sa détermination à défendre son modèle politique, économique et social ; et la Russie de Poutine, sa détermination à récupérer les lambeaux de son ancien empire soviétique. 

Le fait que la Moldavie n'ait remporté qu'à quelques dixièmes de pour cent (50,3 %) le « oui » à l'inscription dans sa constitution de son désir d'adhérer à l'Union européenne montre bien la division qui règne dans le pays. 

Face au président Vladimir Poutine, les arguments selon lesquels une grande partie des « non », c'est-à-dire des votes pro-russes, ont été achetés avec de l'argent liquide, « de l'argent sale, de la désinformation et des mensonges », pour reprendre les termes de Sandu, ne sont pas d'une grande utilité. 

Poutine utilise tous les moyens possibles, légaux ou illégaux, car après tout, son objectif ultime en Moldavie est qu'elle ne devienne pas un autre symbole pro-UE - et pro-ukrainien - dans la guerre européenne de la Russie contre l'Occident. 

Tous les sondages pré-référendaires prédisaient une victoire écrasante de l'option pro-européenne. Bruxelles avait mis tout son poids dans la balance pour soutenir ce petit pays pauvre de 2,6 millions d'habitants et de 1,2 million de membres de la diaspora, qui vivent principalement en Italie, en France et en Espagne. 

En plus d'avoir convenu d'une aide de 1,8 milliard d'euros sur les trois prochaines années pour améliorer ses infrastructures très dégradées, Josep Borrell avait dénoncé avec force l'ingérence de la Russie dans le processus électoral. Des accusations corroborées par une institution d'observation électorale, Promo LEX, qui a constaté que « plusieurs groupes d'électeurs s'étaient rendus aux urnes contre de l'argent en échange de leur soutien à certains des candidats en lice ». Des sources conjointes du quotidien Le Monde et de l'agence de presse AFP citent que « la police a mené 350 enquêtes et procédé à des centaines d'arrestations ces derniers mois sur des accusations de tentative de perturbation du processus électoral pour le compte de Moscou ». 

« Un système d'achat de voix sans précédent qui aurait pu tenter jusqu'à un quart de l'électorat ». Le coût de tout cela aurait coûté [à Moscou] une centaine de millions de dollars, selon les estimations du think tank WatchDog, également cité par les médias. 

Il est évident que Maia Sandu ne faisait pas partie de ces sympathisants pro-russes. Bien qu'elle soit arrivée largement en tête au premier tour des élections présidentielles, il n'est pas du tout certain qu'elle puisse battre l'ancien procureur général Alexander Stoianoglo du Parti socialiste au second et dernier tour le 3 novembre, ce qui ferait d'elle la candidate de Poutine. S'il l'emportait, le projet européen de la Moldavie serait bloqué, au moins jusqu'aux élections générales de 2025. D'ici là, il est clair que l'antagonisme entre pro-européens et pro-russes va s'intensifier. Ces derniers sont déjà bien implantés dans les régions séparatistes de Transnistrie et de Gagaouzie, avec lesquelles Moscou a mené une opération similaire à celle menée en Géorgie avec les régions autonomes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud, devenues des républiques autonomes soutenues par la Russie contre Tbilissi, et pas très différente de celles menées avec les régions ukrainiennes de Donetsk et de Lougansk. 

L'UE ne peut pas laisser partir la Moldavie, pas plus que l'Ukraine. Ce serait le prélude à son explosion et réaliserait les ambitions inavouées de Poutine de réaliser, avec près d'un siècle de retard, l'ambition du Géorgien Iosif Vissarionovich Dzhugasvihli, plus connu sous le nom de Staline.