Oser "tuer le père" Netanyahou
Yair Lapid et Naftali Bennett sont les fils politiques de Benjamin Netanyahou. Tous deux ont été ministres du chef de gouvernement ayant eu le plus long mandat de l'histoire d'Israël. Tous deux ont désormais la possibilité de mettre fin à la carrière politique de leur "père", après que le premier a reçu du président Reuven Rivlin la mission de former un gouvernement.
Netanyahou a tenu bon jusqu'à la dernière minute avant zéro heure mercredi 5 pour tenter de rassembler le soutien nécessaire à la Knesset. Les fatidiques 61 députés nécessaires, sur les 120 que compte la Chambre, se sont finalement révélés impossibles pour l'homme qui gouverne depuis deux ans et après quatre élections qui n'ont pas résolu le problème de trouver une coalition stable et durable pour une législature simple.
Que ses ennemis les plus acharnés et même de nombreux simples adversaires cherchent à liquider l'actuel chef du Likoud conservateur est une entreprise presque séculaire, qui s'est soldée jusqu'à présent par l'échec de l'examen de la manière dont Netanyahou a évité tous les pièges politiques et judiciaires. Actuellement, son procès pour corruption et détournement de fonds est en cours. Nombreux sont ceux qui, dans ces cercles, pensent que cette fois-ci, oui, le premier ministre coriace n'a jamais été aussi proche que maintenant de devoir partir par la force.
La main chargée de mener à bien cette exécution politique serait celle de Yair Lapid, leader du parti centriste Yesh Atid (Il y a un avenir), l'actuelle deuxième force au parlement avec 17 députés. Ancien ministre des finances sous Netanyahou, Lapid surpasse de loin, en tant que journaliste et présentateur de télévision, son propre père biologique, qui a également été vice-premier ministre d'Israël. Depuis son entrée en politique, sa popularité antérieure a servi de levier pour le catapulter au sommet de l'exécutif israélien, mais jamais il n'avait été chargé de former la majorité nécessaire pour y parvenir.
Le Bloc du changement
Tout cet éventail ne donne que 51 députés, soit dix de moins que le nombre nécessaire pour atteindre l'objectif magique de 61. Par conséquent, le tandem Lapid-Bennett n'aurait d'autre choix que de conclure un pacte avec les partis arabes, parmi lesquels il aurait obtenu le préaccord de sept députés. Il en manque donc encore quatre, qui vont sûrement vendre le compromis à un prix élevé. Netanyahou tente d'empêcher de telles alliances de se concrétiser et a concentré son attaque sur les députés de Yamina, les avertissant de ne pas tomber dans les griffes d'une "gauche dangereuse".
Il est donc clair que tout le poisson n'est pas encore vendu, même si Lapid et Bennett prônent tous deux la nécessité d'ouvrir une nouvelle ère. Le premier a déjà publié un premier communiqué, dans lequel il affirme qu'"un gouvernement d'union n'est pas un compromis ou une solution d'urgence mais l'objectif que nous devons maintenant atteindre". Comme on peut le constater, il n'est pas très percutant, pas plus que la déclaration de Bennett, qui se limite à souligner "qu'il ne ménagera aucun effort pour éviter de nouvelles élections", qui seraient les cinquièmes au cours des deux dernières années. Après avoir douté qu'il puisse atteindre l'objectif de former un gouvernement d'unité, il assure son engagement "à ne pas renoncer à ses principes et à ses idéaux".
Il ressort de tout cela qu'aucun d'entre eux n'a la conviction de mettre un terme à la vie politique de Benjamin Netanyahou. Tuer le père, même s'il s'agit d'un parricide politique, marque beaucoup ses bourreaux hypothétiques. Ils semblent en avoir honte. Et ça se voit.