Comment l'Europe doit-elle définir son approche vis-à-vis de la Chine - confrontation ou coopération ?
Au cours de la dernière décennie, la puissance économique et l’influence politique de la Chine ont augmenté de manière étonnante, témoignant de l’ambition du pays de devenir une puissance mondiale de premier plan. Ceci constitue un défi pour le monde Occidental, et surtout pour l’UE.
La présence mondiale grandissante de la Chine repose principalement sur son système économique centralisé basé un modèle de croissance tiré par les exportations et sa planification et son implémentation sur 50 ans. À présent, l’objectif chinois est de devenir progressivement autosuffisant tout en rendant les autres pays plus dépendants d'elle, transformant ainsi ses liens économiques externes en pouvoir géopolitique.
Cela a des implications négatives pour les intérêts et les valeurs de l’UE. Premièrement, la Chine promeut et soutient les systèmes autoritaires comme le Venezuela et la Corée du Nord, non seulement économiquement mais exportant son système politique, donnant par exemple des systèmes technologiques de contrôle de population. Deuxièmement, la Chine est en train d’affaiblir le système multilatéral, en s'emparant des organisations internationales pour servir ses intérêts, comme à l'OMS ou aux international standards-setting organizations (SSOs). Également, en créant ses propres institutions de développement parallèles, des banques et travaillant sans cesse sur son Initiative « la Ceinture et la Route » (Belt and Road Initiative, BRI). Troisièmement, à travers ses coûteux investissements dans les secteurs de l’énergie, des transports, des infrastructures, de l’exploitation minière et de la communication, dans toutes les régions du monde, le Parti Communiste Chinois obtient de l’influence politique pour promouvoir ses intérêts. Par exemple, le Costa Rica et le Panamá ont cassé leurs relations diplomatiques avec Taïwan et ne le reconnaissent plus comme un État souverain. De plus, la Chine accroît peu à peu son influence dans les frontières de l’UE, en particulier dans les Balkans Occidentaux. Par exemple, le Monténégro a contracté un crédit auprès d’une banque chinoise pour construire une autoroute. N’ayant pas la capacité de rembourser ce crédit, le Monténégro devra céder des terres en guise de dédommagement. L’objectif chinois est d’obtenir Bar, le plus grand port industriel des Balkans et une porte d'accès vers l'Europe centrale. Enfin, la position dont bénéficie aujourd’hui la Chine sur les scènes économiques et politiques internationales lui permettent de contourner les Droits de l’Homme sans répercussions à l’instar des répressions menées contre les Ouïghours et à Hong Kong.
Dans ce contexte, je préconiserais une relation basée sur une double approche : la coopération sur des objectifs communs au niveau mondial, comme la lutte contre le changement climatique, tout en défendant fermement les intérêts et les valeurs démocratiques et libérales européennes. Pour établir cette relation, l’UE devra renforcer son alliance transatlantique et, plus généralement, promouvoir une alliance globale des démocraties pour parler d’une voix forte et unique face à la Chine. Ceci donnera plus de pouvoir sanctionner les violations des droits de l'homme et forcer Chine à respecter les règles du system multilatéral– par exemple, pour dénoncer les violations des règles de l’OMC. Ainsi, l’UE devra se coordonner avec le reste des démocraties pour promouvoir le modelé technologique basée sur les droits démocratiques.
Finalement, j’estime que l’UE devrait établir une coopération avec la Chine basée sur l’approche de "soft diplomacy", développant une coopération économique, culturelle, scientifique et universitaire plus forte, qui donnera à l’UE une influence dans le pays.