D'où vient l'argent pour freiner le changement climatique ?

cambio climatico financiacion

Plus de 40 000 experts internationaux se réunissent à Glasgow pour trouver des solutions afin de freiner le réchauffement de la planète. Les plus optimistes espèrent que les accords permettront de maintenir la température de la planète à 1,5 degré au-dessus des niveaux préindustriels, une situation qui éviterait bon nombre des pires conséquences du changement climatique. Les pessimistes, en revanche, prévoient une augmentation de 2,3 degrés d'ici à 2030, ce qui aurait des conséquences désastreuses et irréversibles pour la durabilité de la planète.

Mais s'il y a une chose sur laquelle les optimistes et les pessimistes sont d'accord, c'est que toute solution pour réduire les émissions de gaz à effet de serre nécessite un financement. Les mesures de conservation des forêts et des landes, par exemple, sont impensables sans ressources financières pour stimuler la compétitivité des communautés locales et assurer l'entretien des espaces naturels. De même, pour obtenir de l'énergie propre, de gros investissements sont nécessaires, par exemple dans des panneaux solaires, des parcs éoliens et des éoliennes, entre autres.

Au niveau mondial, les investissements dans les projets énergétiques doivent doubler pour atteindre 5 000 milliards de dollars d'ici à 2030 afin de relever le défi de la neutralité carbone d'ici à 2050. Parallèlement, d'ici 2050, nous devons investir 8 100 milliards de dollars pour protéger les écosystèmes naturels et la biodiversité.

La finance verte en Amérique latine a atteint près de 8 milliards de dollars en 2019, mais nous sommes encore loin de l'écart d'au moins 110 milliards de dollars dont nous avons besoin pour nous adapter au changement climatique. Pour faire face à ces chiffres effrayants, il est essentiel d'adopter de nouveaux instruments financiers qui, d'une part, garantissent le financement actuel et, d'autre part, attirent de nouveaux investissements du secteur privé.

À l'heure actuelle, les systèmes de production continuent de s'appuyer fortement sur les combustibles fossiles et les énergies polluantes, si bien que devenir neutre en carbone semble inconcevable sans une transformation profonde des industries de production. En ce sens, les banques multilatérales joueront un rôle important en catalysant les fonds et en offrant la sécurité dont les investisseurs ont besoin pour effectuer des décaissements importants afin de changer les paradigmes de production.

Selon Stephany G. Jones, directrice des marchés financiers à l'IPD de l'université Columbia, lors de l'un des événements de la COP26 à Glasgow, les banques de développement ont un rôle clé à jouer pour protéger les investissements, atténuer les risques liés au financement du climat et encourager l'innovation.

Sur ce front, l'un des acteurs les plus dynamiques est le Club international des banques de développement (IDFC), une organisation qui compte 26 membres travaillant ensemble sur l'accord de Paris, unissant leurs forces pour promouvoir et susciter des investissements dans le développement durable à travers le monde. Au cours des six dernières années, l'IDFC a mobilisé plus de 1 000 milliards de dollars en financement vert.

L'une des tendances les plus prometteuses en matière de financement climatique est le marché du carbone, où les pays se transfèrent mutuellement des réductions d'émissions sur une base volontaire ou contraignante. Ces marchés ne sont pas encore réglementés et l'accord entre les pays lors de la COP26 sera crucial pour les relancer.

" Les marchés du carbone représentent une grande opportunité pour l'Amérique latine et les Caraïbes, car ils constituent un système efficace pour réaliser le financement du climat. Les grands écosystèmes naturels de la région jouent en notre faveur, car ils sont fondamentaux pour la préservation de l'équilibre climatique mondial", déclare Jorge Arbache, vice-président de la CAF pour le secteur privé.

L'une des bonnes nouvelles issues de la COP 26 de Glasgow est l'engagement de divers acteurs, notamment multilatéraux, à engager leurs ressources financières. À cet égard, la CAF a annoncé qu'au cours des cinq prochaines années, elle allouera 25 milliards USD au financement d'opérations vertes afin d'aider les pays de la région à respecter leurs engagements en matière d'environnement et de climat. L'organisation a pour ambition de devenir la banque verte de la région et est actuellement accréditée auprès des principaux fonds verts de financement mondial, tels que le Fonds d'adaptation, le Fonds pour l'environnement mondial (FEM) et le Fonds vert pour le climat (FVC).

L'une des premières actions de l'agence a été la contribution d'un million de dollars pour soutenir les efforts de conservation dans le corridor marin du Pacifique tropical oriental, un écosystème partagé par la Colombie, le Costa Rica, l'Équateur et le Panama qui génère 3 milliards de dollars par an, principalement grâce à la pêche, au tourisme et à la navigation.

"À ce rythme de financement, nous n'atteindrons pas la neutralité carbone d'ici 2030. Nous devons mobiliser davantage de capitaux, et cela ne sera possible qu'avec l'intégration de nouveaux instruments financiers, tels que le marché du carbone", déclare M. Arbache.