Crédito y Caución n'exclut pas un défaut de paiement désordonné de la dette qui affecterait 65 milliards de dollars d'obligations

La contraction de l'Argentine sera plus longue et plus profonde que prévu

AFP/JUAN MABROMATA - Touchés par des décennies d'inflation, de récessions et de dévaluations cycliques, en 2020, de nombreux Argentins préfèrent se réfugier dans le dollar comme forme d'épargne

Le dernier rapport de Crédito y Caución analyse la situation actuelle de l'Argentine, qui est confrontée à la profonde détérioration de son économie ainsi qu'au neuvième défaut de sa dette souveraine.  Avant la pandémie de coronavirus, l'Argentine était déjà confrontée à des problèmes économiques majeurs. Le pays est en récession depuis 2018 avec une inflation supérieure à 50 %, un taux de chômage supérieur à 10 % et un taux de pauvreté qui touche plus d'un tiers de la population. Les mesures de distanciation sociale et d'endiguement résultant de l'épidémie de coronavirus ont aggravé la situation, avec un impact négatif sur toutes les industries, à l'exception de l'agriculture et de l'alimentation.  

Le PIB devrait se contracter de 8,8 % en 2020 et ne se redresser que partiellement l'année prochaine. Les exportations, la consommation privée et la production industrielle vont se contracter de plus de 10 % cette année. Le déclin des investissements sera encore plus intense, atteignant 18 %. La structure de l'économie argentine la rend extrêmement vulnérable aux chocs extérieurs en raison de sa forte dépendance à l'égard des exportations agricoles, qui représentent plus de 50 %, de ses besoins élevés de financement extérieur et de sa longue histoire de défaut de paiement de la dette.

Pour limiter l'impact économique, le gouvernement a annoncé des mesures fiscales représentant 3,5 % du PIB afin de protéger les secteurs les plus vulnérables de la population. La dette publique de l'Argentine est passée de 56 % du PIB en 2017 à près de 90 % en 2019 en raison de la contraction de l'économie et de la dépréciation de la monnaie. Le remboursement de la dette, financé à 78 % en devises étrangères et à 49 % par des non-résidents, est devenu insoutenable dans une économie en déclin, avec une monnaie qui se déprécie et une pauvreté croissante.  

L'accès de l'Argentine aux marchés internationaux des capitaux est épuisé. L'absence d'un accord de restructuration avec les détenteurs d'obligations internationales a conduit l'Argentine à manquer à ses engagements de paiement en mai, ce qui constitue son neuvième manquement depuis 1816. Les investisseurs ne prendront pas de mesures juridiques immédiates, tant que les négociations avec le gouvernement argentin sont en cours. Le délai pour la restructuration de la dette a été prolongé à plusieurs reprises, actuellement jusqu'au 24 juillet. Bien qu'il semble que la volonté des deux parties soit de parvenir à un accord, Crédito y Caución n'exclut pas une défaillance désordonnée qui affecterait des obligations d'une valeur de 65 milliards de dollars.