Les échanges commerciaux entre la Chine et l'Afrique ont augmenté de 35 % en 2021 pour atteindre leur niveau le plus élevé à ce jour

Coopération Chine-Afrique : le commerce bilatéral compensera-t-il la baisse des investissements soutenus par l'État ?

PHOTO/AFP - Terminal à conteneurs pour le commerce extérieur du port de Qingdao, province orientale de Shandong, Chine

Malgré les difficultés de la chaîne d'approvisionnement mondiale, le commerce entre la Chine et l'Afrique a atteint des niveaux record en 2021. Cette augmentation reflète en partie une réorientation de la politique chinoise, qui délaisse les investissements soutenus par l'État au profit du commerce et de la coopération.

Les données récemment publiées par l'Agence chinoise des douanes montrent que le commerce chinois avec l'Afrique a augmenté de 35 % l'année dernière, atteignant un montant record de 254 milliards de dollars.

Cette croissance a été largement soutenue par une augmentation des exportations chinoises vers le continent.

À l'avenir, les volumes devraient continuer à augmenter, le commerce étant un élément clé du plan conjoint publié par l'Afrique et la Chine à la fin de l'année dernière lors de la réunion du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC).

Le FOCAC et le commerce

Lancé en 2000, le FOCAC a donné lieu à une relation de plus en plus étroite entre l'État chinois et le continent africain, tant sur le plan diplomatique qu'économique.

Cependant, la pandémie de coronavirus a entraîné un changement de cap.

Lors de la conférence du FOCAC 2021, qui s'est tenue au Sénégal en novembre, la Chine a annoncé qu'elle renonçait au rôle de l'État en tant que bailleur de fonds direct des projets africains.

Cela s'est traduit par la promesse du président Xi Jinping de verser 40 milliards de dollars au continent, soit une baisse de 33 % par rapport aux 60 milliards de dollars promis lors de la précédente conférence en 2018, et la première fois que la somme engagée par la Chine tous les trois ans diminue.

En particulier, aucun budget concret n'a été alloué aux prêts concessionnels, qui ont traditionnellement été le principal véhicule par lequel l'État chinois a investi dans des projets d'infrastructure.

Il semblerait que la Chine anticipe que le commerce et les investissements privés prendront le relais de ce ralentissement des financements garantis par l'État.

La conférence du FOCAC a également vu le lancement de la Vision 2035 pour la coopération sino-africaine, le premier plan de coopération à moyen et long terme élaboré conjointement par les deux parties.

Faisant écho à la Vision 2035 de la Chine, ce document définit huit domaines de coopération, dont le développement, le commerce et l'industrie.

En termes de commerce, un élément clé a été la promesse de la Chine de s'efforcer de combler l'écart commercial en important pour 300 milliards de dollars de biens africains au cours des trois prochaines années.

Cela sera facilité par l'ouverture de voies vertes pour les exportations agricoles africaines, l'accélération des procédures d'inspection et de quarantaine et l'augmentation du nombre de produits pour lesquels aucun droit de douane n'est appliqué.

Cela reflète un appétit croissant de la Chine pour les produits africains, notamment agricoles : entre juillet 2020 et juillet 2021, les exportations de caoutchouc, de coton et de café ont doublé.

Entre-temps, la deuxième exposition économique et commerciale Chine-Afrique s'est tenue dans la ville de Changsha, dans le centre de la Chine, en septembre de l'année dernière, et a donné lieu à la signature de projets d'une valeur de quelque 22,9 milliards de dollars, selon des sources gouvernementales.

Toutefois, 300 milliards de dollars sur trois ans représentent un objectif relativement modeste, si l'on considère qu'en 2013, la Chine a importé pour 100 milliards de dollars de biens africains, même si les totaux ont diminué depuis.

En outre, ce chiffre est nettement inférieur aux importations en provenance de l'UE.

Combler le fossé des infrastructures

La réduction du financement public de la Chine peut être une source d'inquiétude pour les gouvernements africains, étant donné l'importance récente de la Chine dans le développement de projets d'infrastructure.

Selon le Center for Global Development, entre 2007 et 2020, les deux premières banques de développement chinoises à l'étranger figuraient parmi les trois principaux prêteurs sur le continent africain.

L'Export-Import Bank of China a investi 20,1 milliards de dollars dans des projets d'infrastructure au cours de cette période, ce qui est de loin le chiffre le plus élevé. Le deuxième prêteur le plus important était la Banque africaine de développement (BAD) avec 4,5 milliards de dollars, suivie de la Banque de développement de la Chine avec 2,9 milliards de dollars.

Les 23 milliards de dollars investis par les deux banques chinoises représentent 8 milliards de dollars de plus que le total combiné des huit autres principaux prêteurs du continent, dont la Banque mondiale et la BAD.

Le total des prêts annuels à l'Afrique s'élève désormais à environ 9 milliards de dollars par an. Toutefois, ce montant est loin de correspondre à celui du financement des infrastructures dont le continent a besoin.

Selon les estimations de la BAD, les besoins d'investissement en infrastructures de l'Afrique s'élèvent entre 130 et 170 milliards de dollars par an, avec un déficit de financement compris entre 67,6 et 107,5 milliards de dollars.