De l’économie des ressources à l’économie de la valeur ajoutée : l’Afrique face à ses paradoxes ?

One Africa Forums
Et si le développement et la croissance était d’abord une question de doctrine ?
  1. Le cycle de la matière première : un piège à développement
  2.  Construire la valeur ici !
  3. Quelle stratégie de développement ?

Dans économie du développement de Malcom Gillis et Dwights Perkins, la croissance est scindée en deux lots : des pays qui tire leur croissance de matière première naturel et d’autre qui tire la leur d’une croissance économique dite moderne tiré par l’industrialisation 

Ces deux doctrines à tout point de vue dans nos économies dite moderne, changent la perception qu’on a du développement. On nous a souvent dit que l’Afrique était riche. Riche de ses sols, riche de ses sous-sols, riche de sa jeunesse. Une terre pleine de promesses, pleine de ressources, pleine de potentiel. Mais à bien y regarder, cette richesse proclamée est surtout aujourd’hui une valeur nulle.

Car à quoi sert d’avoir du pétrole, si l’on importe l’essence ? À quoi bon être premier producteur mondial de cacao, si la tablette de chocolat ne naît jamais chez nous ? La croissance tirée par l’exportation brute depuis des décennies commence a montré ses limites. Surtout dans une économie mondiale ultra compétitif, elle crée de la dépendance au lieu de créer des dynamiques locales. Elle enrichit les acteurs extérieurs et laisse les producteurs à la merci des cours internationaux. La question n’est donc plus de savoir si l’Afrique doit changer de modèle. La seule vraie question est : quand passons-nous à l’économie de la valeur ajoutée ?

Elmi Mohamud Nor Ali, ministre des Travaux publics, de la Reconstruction et du Logement de la République somalienne - PHOTO/ATALAYAR

Le cycle de la matière première : un piège à développement

Depuis 60 ans, le continent est inséré dans l’économie mondiale par la porte étroite de la ressource naturelle. On extrait, on exporte, on espère des retombées. Mais les chiffres sont têtus. Le PIB augmente, mais la transformation industrielle reste marginale. L’emploi reste informel. La fiscalité reste faible. La dépendance technologique s’aggrave. Le piège est triple.

D’abord économique : l’exportation brute ne crée ni emploi en masse, ni valeur durable. Enfin, stratégique : elle fait de l’Afrique un maillon faible dans les chaînes de valeur globale. Dans notre postulat, Il ne s’agit pas de renier les ressources. Il s’agit de les inscrire dans un écosystème productif. De faire de la bauxite guinéenne une industrie de l’aluminium. Du coton burkinabé une filière textile. Du cobalt congolais une souveraineté technologique. 

 Construire la valeur ici !

Transformer localement, c’est bien plus qu’un choix de bon sens. C’est une déclaration de souveraineté. C’est décider que la richesse créée par nos matières premières doit irriguer nos territoires, nos entreprises, nos universités. C’est faire le pari du capital humain, de l’innovation, de la montée en gamme.

Cela implique des ruptures fortes : une politique industrielle volontariste, des incitations fiscales intelligentes, un accompagnement massif des PME locales, une réforme de l’éducation tournée vers les métiers de demain. Et surtout, une volonté politique claire : celle de soutenir la production locale contre les importations subventionnées, de miser sur les talents locaux au lieu de chercher des sauveurs étrangers. Créer de la valeur sur le plan local, c’est affirmer que nous ne sommes pas condamnés à vendre des matières premières comme nos grands-pères, mais capables de produire, concevoir, exporter autrement. 

Luis Padrón, président de l'AFRICO - PHOTO/Gema López

Quelle stratégie de développement ?

Les rayons des bibliothèques, regorgent d’études qui exposent comment une nation se développera en s’attachant à accroitre le montant de son épargne, et de ses investissements, ou à intensifier son effort d’exportation. Une autre école de pensée laisse entendre que, le développement passe par un recyclage des élites existantes en privilégiant, la planification centrale…Et si le développement et la croissance était d’abord une question de doctrine ?

Si on prend des pays comme la Corée du Sud ou encore la Thaïlande, comparativement à certains pays africains ces pays ont su tracer une vision de développement. Ils ont su passer d’une croissance de ressource naturel à une croissance économique indexé à la technicité. Faut croire que l’Afrique est encore coincée dans cette économie d’extraction. Après 60 ans de recherche de modèle, l’Afrique se pose-t-elle bonnes questions ?