L'Afrique et l'Espagne : un partenariat global, durable et inclusif

L'hôtel Wellington de Madrid a accueilli le Sommet Afrique-Espagne 2025, organisé du 6 au 8 juillet sous le slogan « L'Espagne et l'Afrique : un partenariat mondial, durable et inclusif », afin de refléter l'importante coopération qui existe à tous les niveaux entre le continent africain et l'Europe, en particulier l'Espagne, et de mettre en évidence le grand potentiel qui existe encore pour tirer davantage parti de ce lien.

L'organisation du sommet a été assurée par One Africa Forums, un créateur de conférences économiques consacrées au développement de l'Afrique, en particulier de l'Afrique du Nord, centrale et occidentale, qui organise des forums, des conférences web et des événements sur mesure à portée internationale dans plusieurs villes du monde, abordant des secteurs stratégiques cruciaux pour le développement du continent africain.

L'organisation, qui existe depuis 20 ans, est présente dans toute l'Afrique et dans divers endroits d'Europe. Elle organise une trentaine d'événements par an afin de permettre l'échange d'idées et le partage d'expériences entre différents pays, en mettant l'accent sur la coopération Sud-Sud qui a permis le développement des pays africains.

La journée inaugurale a été marquée par les interventions de Hassan M. Alaoui, président de One Africa Forums, Elmi Mohamud Nor Ali, ministre du Travail public, de la Reconstruction et du Logement de la République de Somalie, et Diego Martínez Belío, secrétaire d'État aux Affaires étrangères du Royaume d'Espagne.

L'événement s'est articulé autour de cinq piliers fondamentaux : renforcer, croître, travailler ensemble, connecter et protéger. Cinq idées qui renforcent la collaboration existante entre l'Afrique et l'Espagne. Tout cela dans le but de créer un avenir équitable et durable.

Diego Martínez Belío, secrétaire d'État aux Affaires étrangères de l'Espagne, a souligné le rôle important de l'Afrique aujourd'hui. « L'Afrique est la région du monde la plus dynamique et la plus prometteuse du XXIe siècle », a déclaré M. Martínez Belío, qui a évoqué les divers défis et menaces communs, tels que la crise climatique, face auxquels il est important de s'unir et de « réfléchir aux opportunités qu'offre l'Afrique ». 

Le secrétaire d'État a rappelé que l'Espagne est le pays le plus proche de l'Afrique, avec des liens culturels et sociaux évidents. Il a indiqué que l'objectif de ce type de rencontres est de « contribuer à renforcer la présence des entreprises espagnoles en Afrique », ce qui implique de changer la perception qu'ont les Espagnols du continent africain, souvent considéré comme lointain ou exotique malgré sa proximité. C'est précisément dans ce sens que travaillent le ministère des Affaires étrangères et le ministère du Commerce de l'Espagne. 

Diego Martínez Belío a évoqué le Comité consultatif Afrique-Espagne, qui rassemble de nombreux acteurs à la recherche d'initiatives et désireux d'apporter des idées africaines en Espagne afin de rencontrer des représentants des Affaires étrangères et d'autres acteurs politiques, économiques ou même culturels. Les liens sont faibles au niveau de la société civile et l'administration cherche à accélérer le développement dans ce sens. « Nous avons une stratégie pour l'Afrique », a déclaré le secrétaire d'État, qui a rappelé que celle-ci avait été présentée par Pedro Sánchez, président du gouvernement espagnol, qui a montré son engagement personnel envers l'Afrique.

Diego Martínez Belío a expliqué le travail réalisé à travers de nombreuses visites dans divers pays africains afin de présenter aux entreprises espagnoles les opportunités qu'offre l'Afrique, ainsi que le travail de la Commission interministérielle pour l'Afrique en vue d'une action collective du gouvernement espagnol dans ce sens.

« L'Afrique est un continent immense et une action coordonnée et une perspective réaliste sont nécessaires », a déclaré le secrétaire d'État, qui a même évoqué une perspective européenne sur la question. 

Diego Martínez Belío a indiqué qu'« il faut présenter une vision positive de l'Afrique » et encourager une « relation d'égal à égal avec le continent africain », en étant conscient des besoins existants. 

Le libre-échange est très important et la connexion avec la zone de libre-échange que représente l'AfCFTA est vitale, tout comme les partenariats avec d'autres entités telles que la CEDEAO. L'AfCFTA est un projet ambitieux de l'Union africaine visant à créer un marché unique des biens et des services sur tout le continent africain afin de stimuler le commerce continental, l'industrialisation et la croissance économique. Il repose sur un accord de libre-échange visant à supprimer les barrières commerciales et douanières entre les 54 pays africains concernés. Une zone de libre-échange qui comprend 1,3 milliard de personnes.

« Nous sommes également liés par des liens humains », a ajouté Diego Martínez Belío, qui a souligné que « deux millions d'Africains vivent en Espagne et que nous devons dialoguer avec eux », ce qui apporte une richesse économique et culturelle.

Le secrétaire d'État a évoqué l'opportunité exceptionnelle que représente le dialogue entre l'Afrique et l'Espagne, compte tenu du fait que depuis l'Espagne, cela peut être transmis à l'Europe. L'objectif est d'approfondir les relations entre l'Espagne et l'Afrique, avec un élément clé : transmettre à la société l'importance que représente l'Afrique et les opportunités qu'offre le continent africain pour l'Espagne et l'Europe.

Pour sa part, Hassan M. Alaoui, président de One Africa Forums, a évoqué l'opportunité de surmonter les obstacles et d'élargir les voies de collaboration afin de relever les défis économiques et sociaux de l'Afrique. À cet égard, l'Espagne est essentielle car « l'expérience espagnole peut apporter des solutions aux défis africains et l'Afrique offre des opportunités grâce à son vaste marché, son potentiel, sa population jeune et ses ressources importantes ».

Hassan M. Alaoui a évoqué dans son intervention l'échange d'expériences et de points de vue, en tirant parti des opportunités et des relations lors de ce sommet tenu à Madrid.

Elmi Mohamud Nor Ali, ministre du Travail public, de la Reconstruction et du Logement de la République de Somalie, a quant à lui insisté sur l'importance de « renforcer les liens entre l'Espagne et l'Afrique ». « Nous nous réunissons en tant que partenaires et architectes d'un avenir commun fondé sur la paix et le respect mutuel », a déclaré le ministre somalien. 

Elmi Mohamud Nor Ali a évoqué le plan de reconstruction de la Somalie, qui se trouve à un moment clé après les conflits qu'a connus le pays, afin de parvenir à la stabilité économique et de revitaliser les infrastructures, l'investissement et la croissance inclusive. Ce plan pour 2025-2029 est conforme aux ODD et à la stratégie Espagne-Afrique 2025-2028. 

Le ministre somalien a évoqué l'importance d'améliorer les infrastructures essentielles, le logement social, le développement durable en donnant aux autorités locales les moyens d'agir pour une croissance inclusive et la résilience économique, tout en établissant des liens avec les pays voisins. « Nous recherchons une transformation verte et une croissance durable, en développant les réseaux de transport et en favorisant le développement dans la Corne de l'Afrique », a déclaré le ministre somalien, qui a évoqué la mise en œuvre de plans stratégiques dans lesquels les institutions publiques et privées espagnoles joueront un rôle clé.

Elmi Mohamud a indiqué que la Somalie peut être « une porte d'entrée commerciale en Afrique pour l'Europe » et a souligné l'intention de développer des zones économiques spéciales afin de promouvoir les partenariats public-privé en vue d'améliorer diverses infrastructures. Le ministre somalien a indiqué que l'Espagne dispose de connaissances clés dans divers domaines d'infrastructure, ce qui est bénéfique pour aider l'Afrique.

« La zone de libre-échange continentale africaine est un cadre de coopération africaine et nous voulons connecter des corridors vers d'autres pays comme l'Éthiopie et le Kenya afin de transformer le système et développer la Corne de l'Afrique », a expliqué le ministre somalien.

Après la séance d'ouverture, la table ronde intitulée « Pourquoi l'Afrique, pourquoi maintenant ? » a eu lieu. Cette conférence a permis d'aborder le dynamisme économique et la transformation structurelle, des questions clés telles que le processus d'urbanisation, la protection du climat, la jeunesse et les énergies renouvelables, en mettant l'accent sur les opportunités existantes autour du partenariat entre l'Afrique et l'Espagne, avec l'intervention d'Abdou Diop, associé directeur du cabinet de conseil Forvis Mazars, et de Pau Solanilla Franco, associé chez Harmon et consultant en affaires mondiales. 

L'essor et la croissance de l'Afrique ne concernent pas uniquement l'Afrique : ils sont liés à la résolution des défis mondiaux grâce à la force africaine. Cette idée principale a été développée en soulignant le grand potentiel qu'offre l'Espagne à cet égard. Un potentiel qui peut être exploité grâce à l'expérience de l'Espagne dans le développement de divers secteurs économiques et industriels, qui peut servir d'exemple et d'aide aux pays africains, comme l'ont souligné tous les intervenants. 

Dans cette optique, Abdou Diop, associé directeur du cabinet de conseil Forvis Mazars, a déclaré que l'Afrique est une solution aux défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés à l'échelle mondiale. « La coopération entre l'Afrique et l'Espagne peut fonctionner », a expliqué Abdou Diop. 

Abdou Diop a indiqué que l'Afrique dispose d'un grand potentiel grâce à diverses caractéristiques telles que son dividende démographique (2 milliards d'habitants en 2050) et la jeunesse de sa population, sa croissance économique (5 % de croissance moyenne par an, avec des taux à deux chiffres dans plusieurs pays africains), ses ressources naturelles (30 % des ressources minières mondiales se trouvent en Afrique et le potentiel en énergies renouvelables est énorme), son innovation et son économie numérique avec une évolution technologique importante développée en Afrique ces derniers temps et le développement de nombreuses start-ups, son potentiel agricole et sa sécurité alimentaire, ses infrastructures et son industrialisation comme le gazoduc atlantique, le corridor qui reliera l'Afrique de l'Ouest à l'Afrique de l'Est ou le Grand Barrage de la Renaissance avec une importante production hydroélectrique, son capital humain et son éducation, son secteur touristique avec des sites merveilleux et une grande culture, ou encore son rôle stratégique naissant au niveau mondial par rapport à des entités telles que les BRICS ou le G20.

Le directeur associé de Forvis Mazars a déclaré qu'il fallait également être réaliste quant aux défis en matière de stabilité et de gouvernance en Afrique. Des défis tels que le déficit structurel, la dépendance vis-à-vis des matières premières et leur transformation, l'inclusion financière, la santé, la sécurité ou la lutte contre l'extrémisme, la faiblesse du commerce africain avec un pourcentage faible par rapport à d'autres régions du monde, etc. Des défis qui doivent être relevés et surmontés pour permettre la transformation du continent. Il a également souligné les questions sociales telles que l'employabilité des jeunes, la durabilité et la résilience climatique grâce au financement vert.

Abdou Diop a souligné que l'Afrique possède l'une des plus grandes zones de libre-échange avec un accès à 2 milliards de consommateurs, une classe moyenne et une chaîne de valeur en plein essor, ce qui est très important. Il a également mis en avant le rôle des pays importants qui dynamisent le continent, tels que l'Égypte et ses infrastructures ou le Maroc avec ses industries fortes comme les énergies renouvelables, l'automobile, etc.

Abdou Diop a expliqué que l'Afrique est une solution aux défis mondiaux tels que la protection du climat et la contribution aux énergies renouvelables, grâce à son grand potentiel en la matière, avec la connexion par câble sous-marin entre le Maroc et le Royaume-Uni comme exemple majeur. Elle joue également un rôle agricole important en raison de la grande disponibilité de ses terres cultivables.

Le directeur associé de Forvis Mazars a également souligné le talent des jeunes Africains et le fait que de nombreuses entreprises recrutent des jeunes talents sur le continent africain.

Pour sa part, Pau Solanilla Franco, associé chez Harmon et consultant en affaires internationales, a évoqué les grandes opportunités qui existent en Afrique, avec une croissance rapide et importante, de grandes ressources telles que le « nouveau pétrole de l'avenir », à savoir les jeunes talents, qui constituent le grand moteur dont l'Afrique pourra tirer parti de manière intelligente. « Il faut exploiter ce talent en raison de son énorme potentiel, les moyens et les bases pour réussir sont là », a déclaré Pau Solanilla. 

Pau Solanilla a lui-même souligné le rôle important de l'Espagne pour l'Afrique en raison de l'expérience espagnole dans divers secteurs et industries qui peuvent servir d'exemple et d'aide pour le continent africain, tels que les énergies renouvelables, l'agriculture, le tourisme, les sports, etc.

Pau Solanilla a évoqué les défis auxquels l'Afrique doit faire face, qui a besoin d'être connectée au monde pour réussir, connectée physiquement grâce à des infrastructures, à travers des chaînes de valeur, mais aussi émotionnellement avec le monde. Comme l'a également souligné le secrétaire d'État Diego Martínez Belío, l'Afrique a besoin d'un discours positif afin d'améliorer l'image du continent africain à tous les niveaux. « Vous pouvez compter sur nous pour être vos alliés », a conclu Pau Solanilla.